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Édito

Perdre son âme à Hong Kong

L'Union européenne reste étonnamment effacée face à la dérive autoritariste de Pékin à Hong-Kong. C'est la marque de ses divisions internes tout autant que de ses intérêts commerciaux.

Lucie Robequain
Lucie Robequain

Par Lucie Robequain

Publié le 1 juil. 2020 à 18:56Mis à jour le 1 juil. 2020 à 19:11

Ainsi recule la liberté : dans le silence. La Chine est en train d'accomplir à Hong-Kong une démonstration de force qui rappelle, par bien des égards, la répression de Tienanmen, il y a trente ans. Mais contrairement à l'époque, l'Europe reste étrangement silencieuse. Une série de sanctions diplomatiques et économiques avaient été prises par le Conseil européen, pour suspendre le versement de certains prêts à Pékin et lui interdire l'achat des armes les plus sophistiquées - un embargo qui a toujours cours aujourd'hui. Ces sanctions, on s'en souvient, avaient conduit à l'isolement du pays sur la scène internationale, au moment où Deng Xiaoping tentait un rapprochement avec l'Occident.

Rien de tel aujourd'hui. Pourtant, ce qui se passe à Hong Kong heurte les valeurs de l'Europe dans leur fondement même. Sous nos yeux, un territoire qui a vécu dans la liberté et l'état de droit bascule dans un régime qui nie ces valeurs. L'Union européenne a beau représenter le plus grand bloc commercial de la planète, elle semble tétanisée à l'idée de froisser son principal partenaire économique derrière les Etats-Unis. Si Xi Jinping craignait encore une quelconque marque de fermeté de la part de Bruxelles, le voilà rassuré. A quoi bon oser taxer la Chine de « rival systémique », comme on le dit maintenant à Bruxelles, si les actes ne suivent pas ?

Silence assourdissant

Des 27 pays membres de l'Union, la Suède est le seul à avoir réclamé des sanctions pour punir cet acte d'autoritarisme, susceptible de frapper des milliers de citoyens ayant osé s'en prendre au Parti communiste. Le contraste est saisissant avec les Etats-Unis, le Canada, l'Australie et la Grande-Bretagne, qui ont co-signé un communiqué musclé pour dénoncer cette dérive et envisagent des sanctions concrètes à l'encontre de Pékin. A quatre mois de la présidentielle américaine, les calculs politiques de Donald Trump n'y sont évidemment pas pour rien.

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Mais cela n'excuse en rien le silence assourdissant de l'Europe. Comme bien souvent, elle paie le prix de ses divisions : la Pologne et la Hongrie refusent de stigmatiser une puissance qui partage, en grande partie, leur vision du pouvoir. Lourdement frappé par la chute de ses exportations, Berlin n'a aucune envie de déclarer la guerre à Pékin. Bien au contraire : il veut mettre à profit ses six mois de présidence européenne pour lui proposer un accord d'investissements historique. Les affaires avant toute chose.

Lucie Robequain

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