Quatre policiers de la compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI) de Seine-Saint-Denis ont été mis en examen, jeudi 2 juillet, pour « faux et usage de faux en écriture » et placés sous contrôle judiciaire, a fait savoir le parquet de Bobigny. Trois d’entre eux ont également été mis en examen pour « violences en réunion par personne dépositaire de l’autorité publique », a précisé le parquet dans un communiqué.
Peu après, les autorités ont annoncé la dissolution de l’unité en question. « Au-delà, [le préfet de police] a décidé de revoir la doctrine d’emploi des CSI dans le sens d’une meilleure articulation avec les effectifs locaux de la DSPAP [direction de la sécurité de proximité de l’agglomération parisienne] qu’elles appuieront plus fortement dans la lutte contre la délinquance du quotidien », précise encore le communiqué du ministère de l’intérieur. « La chaîne de commandement sera également renforcée et les modalités de recrutement et de mobilité des agents revues », est-il ajouté.
Conformément aux réquisitions du parquet, les quatre fonctionnaires de police ont été placés sous contrôle judiciaire avec l’obligation de « ne pas se rendre dans les locaux de police du département de Seine-Saint-Denis sauf en tant que plaignant ou mis en cause ». Six policiers, âgés de 30 à 40 ans, avaient été placés en garde à vue lundi dans les locaux de l’inspection générale de la Police nationale (IGPN), surnommée la « police des polices ». Deux ont été remis en liberté mercredi soir, a précisé à l’Agence-France-Presse (AFP) le parquet de Bobigny.
Une vingtaine d’enquêtes préliminaires
En juin 2019, l’IGPN reçoit deux plaintes visant des policiers. Deux jeunes hommes de la cité Cordon, connue comme l’un des principaux points de vente de drogue à Saint-Ouen, se plaignent d’avoir été interpellés de manière illégale, le 30 mai 2019. Ils accusent les agents d’avoir fait croire que l’un d’entre eux détenait un sachet de cannabis. En réalité, ce serait les policiers qui auraient jeté un sac contenant de l’herbe aux pieds du jeune homme. La scène a été filmée, mais le téléphone aurait été détruit par les agents. Les deux jeunes hommes se plaignent également de mauvais traitements, de coups portés pendant l’interpellation. Ils dénoncent enfin des procès-verbaux maquillés.
Sur instruction de la procureure de Bobigny, Fabienne Klein-Donati, la « police des polices » décide de procéder dans le plus grand des secrets à un « balayage » des procédures montées par cet équipage en particulier, et par tous leurs collègues de la CSI 93. Au fur et à mesure qu’avancent les investigations, les faits se précisent. Les agents sont soupçonnés d’avoir racketté des trafiquants de drogue, notamment avec de fausses procédures entamées contre eux. Ils auraient extorqué d’importantes sommes d’argent.
Les investigations menées par l’IGPN durant un an ont permis de mettre au jour un système organisé. En tout, une vingtaine d’enquêtes préliminaires sur des faits potentiellement délictueux ont été ouvertes depuis juin 2019. Certaines ont été classées sans suite, faute de preuves suffisantes. Mais d’autres pourraient aboutir dans les jours à venir, après les interrogatoires menés pendant les gardes à vue.
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