Des soldats colombiens portent le corps d'un des dix soldats tués par les Farc à Buenos Aires en Colombie le 15 avril 2015

Le Parquet et l'armée enquêtent sur tous les cas afin de déterminer les actions pénales, disciplinaires et administratives à prendre (illustration).

afp.com

Des chiffres qui entachent un peu plus l'image de l'armée. Plus d'une centaine de militaires font l'objet d'une enquête pour abus sexuel présumé contre des mineurs, a admis mercredi le chef de l'armée de terre, suite au scandale des viols collectifs de deux adolescentes indigènes par des soldats.

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"Avec douleur, je veux informer tous les Colombiens (...) qu'à ce jour, selon une vérification détaillée que nous avons effectuée depuis l'année 2016, nous avons 118 membres impliqués dans des cas présumés d'actes sexuels abusifs et violents contre des mineurs", a déclaré le commandant de l'armée de terre, le général Eduardo Zapateiro, lors d'une conférence de presse virtuelle.

45 militaires retirés de l'armée de terre

Selon cet officier, le Parquet et l'armée enquêtent sur tous les cas afin de déterminer les actions pénales, disciplinaires et administratives à prendre. "Sur les 118 impliqués, 45 ont été retirés de l'armée de terre" et 73 font l'objet de procédures au sein de l'institution militaire, a-t-il précisé. Le général Zapateiro a fait ces déclarations, sous la pression du scandale des viols de mineures indigènes par des soldats, qui a suscité de vives manifestations de rejet en Colombie.

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Le 25 juin, les autorités indigènes avaient dénoncé le fait qu'une fille âgée de 13 ans ait été séquestrée et violée par des soldats qui patrouillaient le territoire de la communauté Embera Chami, dans l'ouest du pays. Sept militaires ont admis leur culpabilité pour le viol de cette mineure et sont détenus dans une caserne, sous la surveillance des forces de l'ordre. Le général Zapateiro a affirmé avoir aussi écarté les trois sous-officiers qui étaient à la tête du peloton dans la zone. Quatre jours plus tard, un autre viol avait été dénoncé, commis par un groupe de militaires contre une adolescente âgée de 15 ans, de l'ethnie Nukak Maku, en septembre 2019.

Des conduites non "systématiques"

Le chef de l'armée de terre a déploré ces abus et affirmé qu'il s'agit de "conduites individuelles" et non "systématiques" au sein des 240 000 membres de cette force. Le gouvernement du président de droite Ivan Duque a également rejeté ces crimes, dénoncés une semaine après que le parlement a voté une réforme constitutionnelle permettant de condamner à la prison à perpétuité les violeurs et les assassins d'enfants et adolescents de moins de 14 ans.

Cette peine ne pourra s'appliquer rétroactivement à ces militaires, étant donné que la loi n'a pas encore été promulguée, selon des juristes. Plus de 22 000 mineurs de moins de 18 ans ont été victimes de crimes sexuels et 708 d'homicides l'an dernier en Colombie, selon des statistiques de l'autorité médico-légale.

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