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L’Arabie saoudite classée parmi les « meilleurs » pays pour les femmes : les internautes dénoncent une blague

CEOWORLD Magazine a classé l’Arabie saoudite au 89e rang sur 156 parmi les pays les plus favorables aux femmes. Encore trop haut pour les internautes, qui se sont chargés de rappeler la situation des militantes emprisonnées et des femmes dépendantes d’un tuteur masculin
Le classement aurait pris en compte des critères comme l’égalité des sexes, le pourcentage de sièges législatifs occupés par des femmes ou encore le sentiment de sécurité (AFP)
Le classement aurait pris en compte des critères comme l’égalité des sexes, le pourcentage de sièges législatifs occupés par des femmes ou encore le sentiment de sécurité (AFP)

Dans un classement des « meilleurs pays pour les femmes », l’Arabie saoudite arriverait en 89e position (sur 156), selon CEOWORLD Magazine, magazine en ligne consacré aux affaires, basé à New York.

L’article, largement partagé, a suscité des réactions très différentes, en particulier de l’étonnement.

Il explique que plusieurs facteurs ont été pris en compte dans le classement : l’égalité des sexes, le pourcentage de sièges législatifs occupés par des femmes, le sentiment de sécurité, l’égalité des revenus, les droits de l’homme, l’autonomisation des femmes, l’inclusion dans la société, l’éducation et le travail rémunéré.

Après une enquête menée auprès de 256 700 femmes dans le monde, le magazine a classé la Suède comme le pays au monde le plus favorable aux femmes et la République centrafricaine comme le pire, à la 156e place.

Au deuxième rang des pays du Moyen-Orient, on trouve Oman, à la 91e place.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes ont utilisé cet article pour attirer l’attention sur le nombre de militantes des droits humains détenues dans le royaume ces dernières années.

Traduction : « Pas si formidable que ça pour les Saoudiennes. »

Plusieurs célèbres militantes restent derrière les barreaux en Arabie saoudite, notamment Loujain al-Hathloul, Aziza al-Yousef, Eman al-Nafjan, Nouf Abdelaziz, Mayaa al-Zahrani, Hatoon al-Fassi, Samar Badawi, Nassema al-Sadah et Amal al-Harbi.

Certains utilisateurs des réseaux sociaux ont imaginé que ce classement était peut-être une blague, de nombreuses personnes ayant répondu à l’article par des commentaires sarcastiques.

Traduction : « Après avoir lu cette nouvelle, j’ai dû vérifier que nous n’étions pas le 1er avril ! »

Ces dernières années, l’Arabie saoudite a fait l’objet d’une surveillance étroite de la part des organisations de défense des droits de l’homme, en particulier après le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi en 2018 et depuis que Riyad dirige, dans la guerre au Yémen, une coalition accusée d’avoir mené des frappes aériennes et des blocus illégaux.

Traduction : « De même, la Terre est plate. »

L’Arabie saoudite a reconnu le droit des femmes à conduire en 2017, délivrant enfin – c’était le dernier pays à le faire –  des permis aux femmes en 2018.

Mais cette décision est intervenue au milieu d’une intense répression contre les militants ayant fait campagne pour le changement.

Traduction : « Dans le même ordre d’idée : le COVID-19 classé meilleur agent infectieux pour les personnes âgées en 2020. »

Plus tôt en 2020, une artiste saoudienne noire a été poursuivie après avoir publié une vidéo, où on la voyait en train de rapper pour raconter ses origines – elle vient de La Mecque –, et qui selon les autorités était « insultante » pour les coutumes et traditions de la ville sainte.

Système discriminatoire de tutelle masculine 

Cet incident avait amené de nombreuses personnes à remettre en question la tolérance du gouvernement saoudien envers les femmes qui s’expriment dans le royaume.

Traduction : « Loujain al-Hathloul a été enlevée aux Émirats arabes unis et jetée en prison pour avoir défendu le droit des femmes à conduire. Elle a été torturée et agressée sexuellement et se trouve toujours en prison. Son procès a été reporté à une date indéterminée. L’Arabie saoudite pour les femmes, c’est l’enfer. »

Human Rights Watch a précédemment dénoncé le traitement réservé aux femmes par l’Arabie saoudite, citant le système discriminatoire de tutelle masculine qui reste en place malgré les réformes effectuées en 2019 et les appels à l’abolition totale.

Dans ce système, les femmes adultes doivent obtenir l’autorisation d’un tuteur masculin pour se marier, accéder aux soins de santé, travailler ou être libérées de prison.

Les réformes ont permis aux femmes d’obtenir plus facilement des passeports pour voyager sans autorisation.

Ces dernières années, le prince héritier Mohammed ben Salmane a tenté de mettre en œuvre un certain nombre de réformes sociales, notamment la création d’une industrie du divertissement dans le royaume conservateur.

Cela a notamment consisté à inviter des artistes de renommée mondiale comme Mariah Carey et Nicki Minaj à s’y produire, une première pour le royaume. Nicki Minaj avait finalement décliné en rappelant son soutien aux droits des femmes et de la communauté LGBTQI+.

Traduit de l’anglais (original).

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