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FACEBOOK

Une exploration de la « Raoultsphère » sur Facebook

Par  et
Publié le 03 juillet 2020 à 02h54, modifié le 03 juillet 2020 à 12h56

Temps de Lecture 11 min.

Ils s’appellent Céline, Afif, Marie-Claire, Abou, Rolland, Carole, Nesrine, Raquel ou encore Jean-Louis. Ils habitent dans le sud de la France ou en Afrique, certains sont proches des « gilets jaunes », d’autres sont des supporteurs de l’Olympique de Marseille (OM) ou des militants souverainistes. Leur point commun ? Ils revendiquent tous sur Facebook leur soutien à l’infectiologue Didier Raoult, celui qui aurait, selon eux, découvert comment soigner le Covid-19 dès les prémices de la pandémie. Selon notre enquête, plus de 1,1 million d’internautes appartiennent à des groupes de défense du directeur de l’institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection.

Près de 90 pages publiques et privées « pro-Raoult », dont certaines comptent aujourd’hui des centaines de milliers de membres, ont été créées ou renommées depuis mars. A cette période, la France venait d’entrer dans une période de confinement et d’incertitudes liée au Covid-19. Le nom de Didier Raoult, promoteur d’un traitement à base d’hydroxychloroquine, émerge alors dans le débat public et suscite sur les réseaux sociaux une vague d’espoir et d’admiration. Très vite apparaît aussi l’idée que l’infectiologue et son traitement contesté seraient la cible d’un complot orchestré par l’industrie pharmaceutique.

Le Monde esquisse le portrait-robot de ces internautes qui se sont pris de passion pour M. Raoult, à travers l’étude des 250 contenus les plus partagés, et le profil des 208 internautes à leur origine.

MÉTHODOLOGIE

Pour rédiger cet article, nous avons recensé les 250 publications les plus partagées sur Facebook dans les 20 plus gros groupes publics à la gloire de Didier Raoult entre leur création et le 16 juin 2020, soit une période d'environ trois mois. Nous avons extrait ces données à l'aide de l'outil d'analyse Crowdtangle et les avons ensuite analysées afin d'en étudier le fond comme la forme. La liste des 250 publications est consultable ici.

Un noyau francophone et méditerranéen

Même si les traitements à l’hydroxychloroquine ont suscité un intérêt mondial, les principaux groupes Facebook de soutien à Didier Raoult sont assez logiquement francophones, à l’exception d’un groupe géré par des internautes brésiliens.

  • Un noyau provençal

C’est dans le sud de la France que les soutiens au professeur de l’IHU de Marseille sont les plus nombreux et actifs. La presse régionale est leur source principale d’information : dans les contenus qu’ils partagent le plus, on retrouve des articles des quotidiens L’Indépendant, Midi libre, La Dépêche du Midi, de France 3 Provence-Alpes-Côte d’Azur, de la radio Littoral FM ou encore du site Rivieractu.

Si l’on trouve des pro-Raoult dans la France entière, le noyau du mouvement est provençal. Un tiers des messages les plus populaires ont été postés du quart sud-est de la France, et 15 % viennent des Bouches-du-Rhône et du Var. Nombre des internautes concernés habitent Marseille, Nice, Cannes, Aix-en-Provence et alentour.

Les groupes pro-Raoult plus actifs dans le Sud-Est
Les Bouches-du-Rhône et le Var accueillent à eux seuls 15 % des 208 internautes à l'origine des messages étudiés par "Le Monde".
Source : Groupes Facebook / Le Monde
Répartition géographique par région des 250 messages les plus populaires publiés sur des groupes pro-Raoult (le total n’est pas égal à 250, certaines publications ayant été mises en ligne d’un autre pays que la France ou sans que la région d’origine soit identifiable).
  • Une importante diaspora, notamment en Afrique francophone

Le personnage a séduit au-delà de la France : un quart des publications les plus populaires ont été postées par des internautes résidant hors de France, selon leur page publique. Plusieurs membres sont notamment présents en Belgique, en Suisse et à Monaco, au Maghreb (surtout en Tunisie) et en Afrique subsaharienne.

La page « Coalition mondiale en soutien au docteur Didier Raoult », créée le 26 mars par un internaute camerounais, est ainsi le troisième groupe le plus influent sur le réseau, avec plus de 76 000 membres. « Raoult, c’est un Français né au Sénégal qui inspire le sérieux et la confiance, c’est une des rares personnalités à faire un travail assez clair », explique au Monde l’un de ses administrateurs.

A l’origine de cette implantation africaine, une incompréhension face aux réserves affichées par le gouvernement français sur l’hydroxychloroquine, délivrée contre le Covid-19 au Maroc et en Tunisie, et pour la chloroquine, molécule connue en Afrique pour traiter le paludisme sous la forme d’un médicament, la Nivaquine.

Difficile de déceler un socle idéologique commun aux membres de ces groupes. Parmi les contenus les plus partagés se côtoient des liens vers des sites de la « fachosphère » et des citations de Martin Luther King.

  • Des appartenances partisanes peu marquées

La majorité des membres étudiés n’affiche aucune sympathie pour un parti ou un homme ou une femme politique sur leur profil Facebook public. Ils sont en revanche nombreux à suivre des comptes de personnalités ou mouvements populaires qui s’inscrivent dans les débats actuels.

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C’est le cas des humoristes Jean-Marie Bigard et Rémi Gaillard, du chanteur Pierre Perret, du groupe Gaulois réfractaires, de l’essayiste Michel Onfray ou encore du groupe Anonymous. Tous ont en commun de défendre l’idée selon laquelle les intérêts du « peuple » ne sont pas dignement défendus par l’« élite » politique en place.

  • Des pro- « gilets jaunes » et des sympathisants du RN

On distingue toutefois un sous-groupe plus politisé. Eux affichent leur couleur, et elle est tantôt jaune, tantôt brune, parfois les deux. Près d’un cinquième (18,7 %) des profils étudiés affichent une sympathie pour le mouvement des « gilets jaunes », souvent liée à un rejet du gouvernement actuel. A l’image de Christophe Chirat, restaurateur dans la banlieue lyonnaise et modérateur du groupe « Soutien au professeur Didier Raoult », qui est un membre actif du groupe « Gilets jaunes Auvergne-Rhône-Alpes ». Ils sont majoritaires chez les pro-Raoult proches de La France insoumise.

Plus de 15 % témoignent plutôt d’un intérêt politique pour le Rassemblement national (RN) ou, plus rarement, pour l’Union populaire républicaine (UPR). Cocréateur du groupe « Didier Raoult Vs Coronavirus » (plus de 470 000 membres), Hugues Rondeau est l’ancien maire de Bussy-Saint-Georges (Seine-et-Marne) et se revendiquait autrefois du Centre national des indépendants et paysans, un parti conservateur dont le président a soutenu Marine Le Pen à l’élection présidentielle de 2017.

L’autre créateur du groupe, Serge Benichou, affirme sur son profil que les mouvements « antifascistes, féministes, bobos, écolos, végans sont les mouvements fascistes du XXIe siècle », partage des vidéos d’Eric Zemmour et relaie des messages de soutien au président américain, Donald Trump.

Une dominante de pro-"gilets jaunes" et de droite souverainiste

Répartition des membres des groupes pro-Raoult identifiés par famille politique (quand celle-ci est identifiable) et par sympathie pour le mouvement des "gilets jaunes".

Mais on trouve aussi dans la « Raoultsphère » des anticapitalistes proches de la gauche radicale et des « gilets jaunes », ou des sympathisants Les Républicains (LR) pro-forces de l’ordre, dont certains sont hostiles aux « gilets jaunes ». André Nwatchock, créateur du troisième plus gros groupe pro-Raoult, a par exemple affiché à de multiples reprises son soutien à Rachida Dati, candidate LR à la Mairie de Paris.

Un homme idéalisé

Comme souvent sur Facebook, les publications les plus populaires sont des vidéos humoristiques, des conseils pratiques (comment faire un masque soi-même) ou des messages de solidarité.

Humour, appels à la solidarité, coups de gueule... Les 10 contenus les plus partagés sur les groupes Raoult

Les publications les plus partagées dessinent une communauté solidaire avec les travailleurs populaires, hostiles à Emmanuel Macron, et pour qui le refus de prescription de l'hydroxychloroquine est incompréhensible.

Mais des messages dessinent une crise opposant de manière manichéenne un sauveur à des cyniques, comme l’illustre une publication postée dans « La Voix du peuple », un groupe composé de 40 000 internautes : « On vit dans un monde où on préfère vous pister pour vous verbaliser que vous dépister pour vous soigner », ou encore « On donne le permis d’euthanasie sur les personnes âgées au lieu de les tester et les sauver… Ce sont des assassins… »

  • La figure de l’homme providentiel

Didier Raoult est, sans surprise, le premier sujet de conversation des groupes à son nom, avec 18,8 % des messages portant sur sa personne. Les membres des groupes sont invités à publier sa photo en image de profil ou un médaillon indiquant « Je soutiens Didier Raoult ». Alors que l’émoji exprimant la colère était omniprésent dans les groupes de « gilets jaunes », l’icône la plus partagée chez les pro-Raoult est le cœur, symbole de l’attachement au professeur marseillais et, par extension, au personnel médical.

Signe de la mythification du personnage, les internautes lui prêtent des propos qu’il n’a jamais tenus. Ainsi, Didier Raoult n’a jamais dit : « En temps de guerre, on nous donne des ordres. Nous, on a besoin de moyens. » Ce cri d’alarme n’émane pas de l’infectiologue mais du médecin et romancier toulousain Baptiste Beaulieu. Ces deux citations figurent pourtant dans le top 10 des publications les plus partagées.

Le professeur Raoult est présenté comme l’unique figure scientifique rationnelle dans une période d’incertitude alimentée par les contradictions gouvernementales. « Il s’est comporté comme un résistant de la première heure. Quand l’Etat parlait de guerre, lui parlait de succès et d’espoir », assure au Monde Serge Benichou, cocréateur du groupe « Didier Raoult Vs Coronavirus ».

« Ce n’est ni un messie ni un charlatan mais un médecin qui soigne », abonde Hugues Rondeau, à l’origine de deux groupes de soutien. « Apporter du calme là où la panique règne me semblait être une bien meilleure approche », expose Céline Diaz, créatrice du deuxième plus grand groupe, « Soutien au professeur Didier Raoult ».

Les opinions politiques, le parcours ou la méthodologie du professeur ne sont presque jamais mentionnés, et encore moins questionnés. Il apparaît comme un homme providentiel qu’il faut protéger en retour, par des chaînes de messages ou des pétitions. A l’image d’une publication s’inquiétant qu’il soit « en danger de suspension à cause de son usage de la chloroquine ».

  • La fierté d’une ville

La figure de Didier Raoult se nourrit aussi d’une fierté régionale. Parmi les membres de ces groupes affichant un club sportif de cœur, ils sont 41 % à citer l’OM – de très loin le club le plus évoqué. Un détail pas si anecdotique : le soutien à l’infectiologue et à son IHU est parfois présenté comme une forme de « supportérisme » sudiste.

A travers lui, certains de ses défenseurs se veulent les porte-voix des « mots directs venus de la France du terrain, de la terre, du plus près ». Dans les deux cas, une aversion commune pour Paris, perçu comme un centre du pouvoir lointain et déconnecté de la réalité. « C’est un vieux conflit Paris-province exacerbé par le chauvinisme naturel du Marseillais », juge Céline Diaz, elle-même habitante de la cité phocéenne.

  • L’hydroxychloroquine, remède miracle

Le traitement à base d’hydroxychloroquine est l’autre thème récurrent (16 % des messages). Depuis fin mars, la « Raoultsphère » relaie de manière univoque tout élément clamant sa supposée efficacité. Par exemple, une étude chinoise portant sur 15 cobayes – un échantillon très faible – est prise pour argument d’autorité, les chiffres de l’IHU de Marseille sont partagés avec triomphalisme, sans mentionner les doutes émis par plusieurs experts sur leur solidité.

Cette ferveur témoigne d’une méconnaissance de la démarche scientifique. Aujourd’hui encore, les preuves de la supposée efficacité du traitement promu par Didier Raoult manquent. Les « raoultistes » ne sont pas des épistémologues : leurs publications visent moins à débattre de l’efficacité thérapeutique de l’hydroxychloroquine qu’à en défendre mordicus l’usage.

Cette obsession aboutit parfois à des confusions. On lit ainsi que le traitement « fonctionne pour l’armée mais pas pour le peuple ». L’armée a reconnu avoir acheté des stocks à titre préventif, « par précaution », mais nie avoir traité des militaires avec, contrairement à une rumeur tenace.

Critique du gouvernement et tentation complotiste

L’adhésion sans réserve à la figure de Didier Raoult, la défense unilatérale de l’hydroxychloroquine, associées à des discours réducteurs, finissent par dessiner une explication simpliste de la crise du Covid-19. En substance : une solution existerait, et toute critique de celle-ci ne relèverait pas du débat scientifique, mais d’un scandale d’Etat, voire d’un complot pharmaceutique mondial.

  • Une porte d’entrée vers un complotisme « light »

Les défenseurs de Didier Raoult sont persuadés que l’infectiologue est décrié au nom d’intérêts financiers. L’analyse des messages et de leurs auteurs montre que le « raoultisme » compte peu de profils issus des sphères complotistes, mais plutôt des internautes désarmés face à des questions scientifiques complexes, et sensibles à un schéma d’explication manichéen. En voici un exemple :

« Donc on nous explique qu’injecter du plasma sanguin de personnes guéries du Covid-19 à des personnes touchées serait moins dangereux que prescrire le traitement du professeur Didier Raoult qui a fait ses preuves et dont on connaît les effets secondaires et qui existe depuis soixante-dix ans ??? Et, comme par hasard, c’est [la professeure] Karine Lacombe qui conduit cette étude. Pour rappel, elle est opposée au traitement du professeur Didier Raoult. »

Un autre gestionnaire d’un des plus gros groupes interroge :

« Je ne suis pas adepte des théories du complot mais j’avoue avoir été perturbé avec le classement de la chloroquine en substance vénéneuse. Hasard du calendrier ? »

Les groupes pro-Raoult agissent ainsi comme une porte d’entrée vers des raisonnements intentionnalistes typiques de la rhétorique conspirationniste.

  • Un antimacronisme de plus en plus prononcé

La critique des pouvoirs publics est un autre thème central. Ils sont 14 % à épingler ce qu’ils estiment être l’amateurisme du gouvernement, et même 16 % à crier au scandale d’Etat. Dans la première catégorie se retrouve une rhétorique proche de celle des « gilets jaunes », faite de sarcasmes et de moqueries. « Nous sommes en “guerre” et j’ai l’impression que c’est La 7e Compagnie qui gère », s’amuse un internaute. Une caricature du ministre de la santé, Olivier Véran, est accompagnée du texte suivant : « Chloroquine ? Prudence ! Plutôt que de guérir de façon hasardeuse avec le traitement du professeur Raoult, il est préférable de mourir sans prendre de risque. »

La seconde catégorie de message est plus accusatrice, dénonçant une politique perçue comme cynique, voire meurtrière. Ainsi une caricature met dans la bouche du premier ministre, Edouard Philippe, et dans celle du président, Emmanuel Macron, la phrase « Vous pouvez tous crever ».

Certains sont trompeurs. Une publication accuse par exemple le gouvernement d’être responsable de la mort de jumelles soignantes – sans préciser que ce fait divers s’est déroulé au Royaume-Uni. D’autres s’appuient sur des faits réels, comme la pénurie initiale de masques, le refus opposé à un généticien de produire des tests de dépistage, une enquête de Mediapart sur les conflits d’intérêts au sein du conseil scientifique, ou encore l’absence de mesures d’hygiène lors d’une liaison aérienne. Des thèmes justifiés par Céline Diaz, créatrice du deuxième groupe le plus populaire :

« La gestion de la crise et la critique du gouvernement se sont naturellement greffées, car tout a été fait à l’opposé de ce que nous voulions soutenir, à savoir le calme et le principe de précaution. »

Elle refuse toutefois d’y voir l’illustration d’un antimacronisme primaire : « L’initiative, à la date de création du groupe, n’était pas politique puisque les mesures étaient encore en train d’être déterminées. »

  • Le spectre de Big Pharma

La course dans la recherche d’un vaccin contre le Covid-19, les déclarations contradictoires des autorités sanitaires sur les masques, la gestion du confinement…, tout ce contexte d’incertitudes a favorisé la désinformation sur les réseaux sociaux.

On trouve sur Internet un nombre non négligeable de théories du complot et la question d’un « lobby des laboratoires » dans l’élaboration d’un vaccin revient souvent. Les groupes Facebook à la gloire de Didier Raoult n’y ont pas échappé, avec une adhésion prononcée au complot de « Big Pharma », l’idée que les entreprises pharmaceutiques manipuleraient la recherche scientifique afin d’optimiser leurs profits.

Dans les publications les plus populaires, la figure d’Emmanuel Macron, président jugé « probusiness », se confond avec la culture du profit attribuée aux grandes entreprises pharmaceutiques. La critique du gouvernement et la dénonciation de « Big Pharma » s’y confondent, au point que le chef de l’Etat sert de visage aux laboratoires dans certaines caricatures.

Le thème du cynisme de l’industrie pharmaceutique s’articule au soutien à l’infectiologue, comme l’exprime un autre appel attribué à tort à Didier Raoult : « J’ai besoin de votre soutien français. Mes détracteurs me combattent sans raison. L’argent ne doit pas être au-dessus de l’humain. »

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