L'Europe incapable d'arrêter les tueurs tchétchènes du président Kadyrov

Ramzan Kadyrov avec Vladimir Poutine en août 2019 ©AFP - Alexey Nikolsky
Ramzan Kadyrov avec Vladimir Poutine en août 2019 ©AFP - Alexey Nikolsky
Ramzan Kadyrov avec Vladimir Poutine en août 2019 ©AFP - Alexey Nikolsky
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Samedi à Vienne en Autriche, un réfugié politique tchétchène critique du président Ramzan Kadyrov est tombé sous les balles de tueurs. Lui-même était un ancien homme de main de l'homme fort de Grozny et avait été retourné par le renseignement autrichien. Le mont-de-piété fait le plein en Italie.

Où l'on reparle, ce matin, des tueurs tchétchènes du président Kadyrov.

On en reparle principalement dans les journaux autrichiens, depuis deux jours : et pour cause, nous dit Der Standard, c'est à Gerasdorf, dans la banlieue nord de Vienne, que les tueurs du président ont une nouvelle fois frappé samedi dernier. La victime, comme à chaque fois, est un homme, de citoyenneté russe, de nationalité tchétchène, qui bénéficiait du statut de réfugié politique en Autriche depuis 15 ans. Un homme nommé Mamikhan Umarov qui avait fui la dictature islamique en vigueur à Grozny depuis 2007 sous la férule du président Ramzan Kadyrov.  

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Mamikhan Umarov, disons-le d'emblée avec le portrait qu'en ébauche Kommersant depuis Moscou, n'était pas un enfant de coeur : il était même, de son propre aveu, un ancien tueur lui-même. Jusqu'en 2014, en Ukraine notamment, il avait exécuté des contrats pour Kadyrov et ses alliés russes ; depuis son exil viennois il avait eu à poursuivre et faire taire certains de ces dissidents que l'Europe n'arrive décidément pas à protéger de leurs vieux démons. 

Et puis Mamikhan Umarov (et c'est là que ça devient vraiment passionnant sous la plume d'Emmanuel Grynspan pour Le Temps en Suisse) avait été retourné par les services de renseignements autrichiens et ukrainiens en 2018, pour partager ce qu'il savait sur les réseaux de Kadyrov en Europe, et tenter d'éviter que les meurtres télécommandés depuis Grozniy ne se poursuivent. 

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Le personnage est décidément très trouble puisqu'en plus de renseigner les Européens sur ses anciennes activités, il réglait aussi ses comptes via une chaîne Youtube : il y postait des vidéos accusatrices contre son ancien maître, sous un pseudo qui le décrivait, quelle illusion, comme un "homme libre". Sur ces vidéos, face caméra, il insultait copieusement le président de la République autonome russe de Tchétchénie, avec une virulence "que même les pires ennemis de Kadyrov ne se seraient pas permise", dixit Kommersant.  

Parce qu'il livrait les secrets des tueurs du président, Mamikhan Umarov a donc lui-même subi à son tour leur loi, samedi, en plein coeur de l'Europe. "Ca commence à devenir un véritable système du meurtre commandité et de la terreur", alerte le site d'info caucasien Kavkazskiy Uzël qui rappelle les derniers précédents en date, notamment la mort début février d'un homme au profil étrangement similaire à celui d'Umarov tué à coups de couteau dans une chambre d'hotel de Lille dans le nord de la France. 

Revue de presse internationale
5 min

"Personne qui ose s'élever contre Ramzan Kadyrov n'est plus en sécurité nulle part", résume le correspondant de la Radio-télé suisse RTS à Moscou David Nauer : Il rappelle les violations constantes des droits humains, les tortures et assassinats qui sont devenues depuis 2007 la marque de la présidence Kadyrov, avec la bénédiction de "Vladimir Poutine qui ferme les yeux sur tous les excès, tant que son protégé le débarrasse des menaces séparatiste et islamiste tchétchènes".  

Ces deux dernières décennies, avec les deux guerres et l'installation de la dictature, au moins 30 000 Tchétchènes ont fui leur pays pour trouver refuge en Autriche, nous apprend le quotidien viennois Der Kurier ; ce mardi ils prévoient de manifester devant l'ambassade de Russie à Vienne pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme un "crime politique" et  crier qu'ils se sentent "constament menacés", tant les rancunes il semble facile de trouver dans les rangs de cette diaspora des hommes prêts à en tuer d'autres contre de l'argent. 

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Car les deux assassins présumés de Mamikhan Umarov sont eux aussi bien sûr des ressortissants tchétchènes ; "depuis leur arrestation dimanche, ils se sont muré dans le silence" d'après Der Standard. A 2500 kilomètres de là, Ramzan Kadyrov peut dormir tranquille.   

Un signe des temps, pour terminer capté dans les rues de Rome !

Un signe qui n'a rien de bon, disons-le tout de suite avec Jason Horowitz : le correspondant en Italie du New York Times a constaté que les files d'attente s'allongent de manière alarmante, ces derniers temps, devant chez les préteurs sur gage de Rome et d'ailleurs à travers le pays. 

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Avec la crise déclenchée par le coronavirus et tout ce qui s'ensuit, ce dernier filet de sécurité historique se voit réactivé par nombre d'Italiens qui ont perdu du jour au lendemain leur emploi précaire et n'ont plus aucun revenu pour survivre. "Pour payer leurs factures, l'éducation des enfants ou tout simplement mettre quelque chose sur la table familiale, ils en sont réduits à retourner placards et tiroirs à la recherche de menus objets de valeur, qu'ils vont gager pour en tirer quelques sous".  On est là, décrit Horowitz, dans la dernière antichambre avant la vrai misère, et ceux qui font la queue pendant parfois des heures repartent de plus en plus souvent bredouille : les prêteurs deviennent exigeants, ils ne prennent plus les bibelots ou petits bijoux en argent, ils augmentent les intérêts et demandent de plus en plus de garanties. 

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Car si le mont-de-piété a déjà dans le passé sauvé de nombreux Romains de la pauvreté complète lors de précédentes épidémies de peste par exemple ou pendant les grands sièges militaires, en 2020 les choses ont changé : les prêteurs sont désormais des organismes privés, souvent adossés aux banques. Le business est florissant et ne fait pas dans le sentiment, d'après la Repubblica : les dépots d'objets ont augmenté de près de 20% rien qu'au mois de juin en Italie.

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