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Eric Dupond-Moretti, l’ogre des assises devenu ministre de la justice

A 59 ans, le très médiatique avocat pénaliste devient garde des sceaux. Sa nomination irrite les magistrats.

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Publié le 07 juillet 2020 à 06h39, modifié le 07 juillet 2020 à 12h47

Temps de Lecture 8 min.

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Eric Dupond-Moretti s’adresse aux journalistes après avoir plaidé au tribunal de Lyon, en septembre 2019.

L’infectiologue Didier Raoult a été nommé ministre de la santé. Non, reprenons. L’avocat pénaliste Eric Dupond-Moretti a été nommé garde des sceaux. L’effet est le même. Sidération. Incrédulité. Et polémique immédiate chez les professionnels de la justice. Effet de blast garanti. Les autres annonces du remaniement renvoyées dans l’ombre, ou presque.

« Nommer une personnalité aussi clivante et qui méprise à ce point les magistrats, c’est une déclaration de guerre à la magistrature », a affirmé, dès lundi 6 juillet, Céline Parisot, présidente de l’Union syndicale des magistrats. Mais les juges n’ont pas dans l’opinion la même popularité que les médecins à l’ère du Covid-19. On peut donc prendre le risque de se les mettre à dos si, en échange, on gagne l’opinion.

Le président de la République en mal de popularité peut savourer son coup : il a attiré à lui le seul avocat dont tous les Français connaissent le nom, le visage, les exploits, les coups de gueule et les bons mots. Celui dont la moindre apparition dans une émission de télévision ou de radio fait bondir l’Audimat et dont la signature sur une jaquette de livre vaut garantie de best-seller. Celui qui remplit les salles de théâtre quand il monte seul sur scène et que les cinéastes s’arrachent à l’affiche de leurs films.

Emmanuel Macron a peut-être pensé à son lointain prédécesseur, François Mitterrand, confiant en 1992 le ministère de la ville à une personnalité aussi populaire que controversée, l’homme d’affaires, ex-animateur de télévision et patron d’équipes sportives Bernard Tapie, dans le gouvernement crépusculaire de Pierre Bérégovoy.

Talent d’orateur

A moins qu’un autre exemple, bien plus récent, n’ait inspiré le président de la République. Confronté aux audiences en berne de sa station de radio, Arnaud Lagardère, patron du groupe éponyme et ex-directeur d’Europe 1, venait de décider d’offrir à la rentrée de septembre une chronique matinale quotidienne à… Eric Dupond-Moretti. Interrogé le 24 juin sur cette même radio, l’avocat confiait : « J’ai accepté sans hésiter. On m’offre une carte blanche de totale liberté. » Il promettait de « dire un certain nombre de choses sur cette époque qui commence à [l]’exaspérer ».

Avant d’être, à 59 ans, celui que deux hommes de pouvoir se disputent, Eric Dupond-Moretti a été le plus grand avocat d’assises de sa génération. A la fin des années 1990, pendant que les plus réputés de ses confrères pénalistes parisiens abandonnaient peu à peu leur clientèle de voyous, de trafiquants de stup, de braqueurs ou de violeurs pour celle des personnalités politiques et des grands patrons poursuivis par la justice, l’avocat lillois continuait de défendre « le Gitano qui a éventré une vieille femme pour lui piquer 40 euros », selon sa formule.

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