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Le conjoint d'Isabelle Boulay devient ministre de la Justice en France



Il compte parmi les avocats les plus célèbres de France, connu pour son franc-parler mais aussi sa virulence à l'égard des magistrats: Éric Dupond-Moretti, le ténor du barreau surnommé «acquittator», a été désigné lundi ministre de la Justice, la nomination surprise du nouveau gouvernement. 

Connu pour «sa grande gueule», ce novice en politique, âgé de 59 ans, devient garde des Sceaux six mois après un mouvement historique de grève des avocats contre la réforme des retraites.

Fils d'une femme de ménage

Ce fils d'une femme de ménage est à l'origine de plus de 120 acquittements, ce qui lui a valu le surnom d'«acquittator», et son nom apparait dans de nombreux grands procès de ces dernières années.

AFP

En 2017, c'est sa défense du frère de Mohamed Merah auteur de sanglants attentats dans le sud-ouest de la France en 2012, Abdelkader, qui avait déchainé les passions. «C'est le procès le plus difficile de ma carrière. J'en ai pris plein la gueule, j'ai été insulté. On a dit que j'étais la honte de la profession, on a menacé mes enfants». Mais ça a été «pour moi un honneur» de le défendre, avait-il alors dit.

Il a aussi expliqué ne pas être là pour la morale mais pour le droit et affirmé qu'il aurait pu défendre «l'homme Hitler» s'il le lui avait demandé, mais «à condition de ne pas justifier l'idéologie nazie».

Dans la salle d'audience, il rend coup pour coup à ses adversaires. Il use de sa présence physique intimidante pour mettre sous pression certains témoins à charge de l'accusation.

En couple avec Isabelle Boulay  

Cet avocat médiatique, jusqu'ici toujours classé à gauche et en couple avec Isabelle Boulay, s'était lancé dans le théâtre en 2019 et devait assurer une chronique matinale sur la radio Europe 1 à la rentrée.

Si la nomination d'Éric Dupond-Moretti a été bien accueillie par les avocats, elle a en revanche fait l'effet d'un choc chez les magistrats. «Nommer une personnalité aussi clivante et qui méprise à ce point les magistrats, c'est une déclaration de guerre à la magistrature», a déclaré à l'AFP Céline Parisot, présidente de l'USM, syndicat majoritaire chez les magistrats.

AFP

Fin juin, l'avocat s'était emporté, avec sa verve habituelle contre le parquet national financier (PNF), qui a épluché ses factures téléphoniques détaillées, comme celles de plusieurs autres avocats, dans une enquête liée à l'ancien président Nicolas Sarkozy (2007-2012). «Des méthodes de barbouzes», avait-il tonné.

Et si vous étiez garde des Sceaux, que feriez-vous?, était-il alors interrogé sur la chaîne LCI. «D'abord il faut qu'on sépare le siège du parquet» -- les juges des procureurs. «Pour moi, c'est impératif. Je fais le ménage là-dedans de façon très très très claire», répondait le ténor. Et de poursuivre: «Je fais un système de responsabilité des juges, parce que les juges ne sont pas responsables de ce qu'ils font aujourd'hui. Ce sont les seuls dans notre société à ne pas être responsables».

Depuis Robert Badinter, ministre de la Justice de 1981 à 1986, sous la présidence du socialiste François Mitterrand, «aucun avocat du judiciaire n'avait été nommé garde des Sceaux», a relevé Estellia Araez, présidente du Syndicat des avocats de France (SAF, gauche). «Il est de bon augure qu'un confrère qui a toujours défendu les libertés (...) et qui a participé au combat contre la réforme des retraites soit nommé garde des Sceaux», a-t-elle ajouté.

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