RECONVERSIONAbsente du nouveau gouvernement, Sibeth Ndiaye quitte la politique

Gouvernement Castex : Absente du casting, Sibeth Ndiaye quitte la politique

RECONVERSIONFidèle d’Emmanuelle Macron, Sibeth Ndiaye a été remplacée par Gabriel Attal comme porte-parole du nouveau gouvernement
Sibeth Ndiaye à la sortie du Conseil des ministres, le 24 juin 2020.
Sibeth Ndiaye à la sortie du Conseil des ministres, le 24 juin 2020. - Nicolas Messyasz / Sipa
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Fidèle parmi les fidèles d’Emmanuel Macron qu’elle accompagnait depuis six ans, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye a quitté mardi la politique après avoir concentré les critiques sur ses maladresses, mais aussi, jusqu’à l’excès, sur sa personne. En passant le relais mardi sur le perron de l’Hôtel Rothelin-Charolais à son jeune successeur Gabriel Attal, elle a tourné, à 40 ans, la page d’une longue mission auprès du chef de l’Etat, dont elle fut une protectrice acharnée.

Ces 15 mois au porte-parolat n’ont pas été « chose facile, c’est le moins qu’on puisse dire », a-t-elle glissé dans un sourire, assurant avoir « assumé [son] rôle avec sincérité, sans rien renier » de ce qu’elle est. Alors que son entourage assure qu’elle a refusé plusieurs propositions pour devenir ministre déléguée, Sibeth Ndiaye a simplement dit vouloir se « consacrer à [sa] famille, [ses] proches ».

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

« J’ai toujours considéré qu’il ne fallait pas dans une démocratie vivace des professionnels de la politique, mais des professionnels en politique. Ce précepte je me l’applique aujourd’hui à moi-même », a-t-elle ajouté.

Des coups très durs à encaisser

L’ancienne porte-parole du gouvernement a durement encaissé les coups durant la crise sanitaire, au gré de déclarations parfois intempestives, parfois contradictoires, mais reflétant aussi les atermoiements de l'exécutif et des experts. Elle avait notamment suscité la colère en évoquant « les enseignants qui ne travaillent pas » durant l’épidémie. « Les gens concentrent sur elle ce qu’ils ont perçu comme étant un mensonge d’Etat, sur les masques par exemple. C’est très injuste mais c’est comme ça », résume ainsi un ministre. Un autre membre du gouvernement insiste : « Je mets au défi tous ceux qui la massacrent de parler aussi souvent qu’elle sans faire aucune boulette ».

« Sans doute certaines choses auraient pu être mieux faites », a-t-elle concédé mardi, tout en pointant « une situation véritablement extraordinaire et une doctrine scientifique pour le moins parfois mouvante ». « Tu as fait paratonnerre pour le collectif », a salué en retour Gabriel Attal, vantant le « courage » de Sibeth Ndiaye. Outre ses gaffes, Sibeth Ndiaye, d’origine sénégalaise, a dû parer des attaques plus personnelles, sur les réseaux sociaux mais pas seulement. L’eurodéputée LR Nadine Morano avait ainsi fustigé ses « inepties débitées souvent en tenue de cirque » et ses prétendues « grandes lacunes sur la culture française ».

Fidèle parmi les fidèles d’Emmanuel Macron

Un rude passage dans la lumière donc, pour celle qui fut d’abord et avant tout l’ombre portée d’Emmanuel Macron comme conseillère presse, du ministère de l’Economie (2014-2016) à la campagne présidentielle puis l’Elysée (2017-2019). Durant cette période, elle nouera des relations parfois conflictuelles avec les journalistes pour son âpreté à défendre la ligne et les consignes. « J’assume de mentir si c’est pour faire sorte que le président soit tranquille », avait-elle lancé un jour à un reporter juste avant le deuxième tour de l’élection présidentielle.

Ce dévouement lui vaudra une place particulière auprès d’Emmanuel Macron, à qui elle a adressé mardi une « pensée émue pour ces années de compagnonnage, pour la confiance et la complicité qui ont marqué notre relation ». Le départ de cette ancienne strauss-kahnienne, proche de Claude Bartolone, marque aussi la poursuite de l’éloignement du noyau historique qui a entouré Emmanuel Macron dans la conquête du pouvoir (Ismaël Emelien, Sylvain Fort, Benjamin Griveaux…) et dont le rôle en vue de 2022 est toujours entouré d’incertitude.

Sujets liés