La précocité monstrueuse de la poésie d'Arthur Rimbaud : épisode • 7/40 du podcast Un été avec Rimbaud

Portrait d'Arthur Rimbaud jeune ©Getty - ullstein bild
Portrait d'Arthur Rimbaud jeune ©Getty - ullstein bild
Portrait d'Arthur Rimbaud jeune ©Getty - ullstein bild
Publicité

Aujourd’hui il va s’agir des premiers feux de Rimbaud. Comme le soleil levant, c’est assez aveuglant ! Rimbaud est le monstrueux prématuré de la poésie, expulsé de la cuisine du verbe, venu au monde, déjà casqué et armé, cuirassé, déjà prêt. Arthur est un enfant précoce.

Ses premiers cahiers de dix ans avec pastiches, récits, fausses lettres, de Charles d'Orléans à Louis XI et premiers poèmes, laissent supposer l'éclat du génie. 

Être un génie. Savoir avant de voir. Connaître, avant de goûter. Entendre avant d'avoir écouté. Tout génie se tient devant les choses et n'a pas besoin de les éprouver pour les chanter. 

Publicité

Mais attention, il ne faut pas confondre le génie et la réussite scolaire. Il y a un Rimbaud, Jean-Nicolas Arthur, externe au collège de Charleville dans les années 1860, brillant écolier, élève remarquable et très remarqué par ses professeurs les plus élaborés. Au collège de Charleville, il compose des milliers de vers latins. A 14 ans, il en forgera davantage qu'il n'en écrira en français. 

Cela, c'est le Rimbaud, singe savant.

On aurait pu exhiber Arthur dans une foire des Ardennes, enfermé dans une petite cage. Le dompteur aurait crié « Mesdames et messieurs, venez assister à l'improvisation latine du petit monstre génial! »

Son bulletin scolaire des résultats de la classe de seconde est un poème : excellence pour le premier semestre, premier prix du premier cours d'enseignement religieux, premier prix de vers latins, premier prix du Concours académique, premier prix des versions latines, premier prix des versions grecques, etc. Il rafle tout : huit premiers prix cette année-là. 

Un été avec
3 min

Tout bulletin d'école contient quelque chose d'une vie en germe.

Tous les psychanalystes le disent, même ceux qui ne voulaient pas devenir psychanalyste quand ils étaient enfant. Arthur Rimbaud vivra toujours en razzia. 

Tout ce qu'il obtiendra, maigre butin, sera obtenu dans l’éclair : les mots, la chair, l'argent, l'amour… Un hold-up violent et maladroit, souvent raté. 

Désir, tentative, échec, lassitude constituent les pulsations du solfège rimbaldien. Et ce solfège, élaboré dans l'enfance, donnera l'axe de la trajectoire définitive. L'enfance est la première saison de l'homme. Le petit Arthur naquit dans les Ardennes. Est-ce un hasard ? L'Ardenne est une montagne où l'ennemi a toujours déboulé. Une géographie que l'histoire a giflée. La vie de Rimbaud ressemble à une blitzkrieg sans victoire. Le génie monstrueux d'Arthur est une monstruosité de précocité. 

L'équipe

pixel