Aujourd'hui, un litre sur cinq d'eau traitée et mise en distribution en France est perdue. En cause, un sous-investissement important dans le réseau de distribution vieillissant. Or, avec le réchauffement climatique, les épisodes de sécheresse et de canicule, l'enjeu devient primordial. La Fédération des entreprises de l'eau appellent, dans le plan de relance national, à doubler le taux de renouvellement des réseaux. Un chantier déjà identifié par le nouveau Premier ministre Jean Castex. 



La France est un des pays où l’eau est la moins chère, sa qualité est bonne, mais les infrastructures vieillissent. À tel point que, selon une nouvelle étude de l’Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement, mis en œuvre par l’Office français de la biodiversité, sur les 5,1 milliards de mètres cubes d’eau mis en distribution en 2017, un milliard s’est perdu dans la nature à cause des fuites, soit 20 %. C’est l’équivalent de la consommation annuelle d’environ 18,5 millions d’habitants, note l’Observatoire. 



La France n’est pas un mauvais élève au niveau européen. Le taux de fuite se situe à 21 % au Royaume-Uni ou 38 % pour l’Italie. Mais le réchauffement climatique pousse à améliorer ces rendement. Environ 85 départements font l’objet d’arrêtés de restriction d’eau chaque année. Un enjeu qui semble être sur le bureau du nouveau Premier ministre Jean Castex. "Nous allons lister avec les acteurs locaux tout ce que l’on peut faire immédiatement : lutte contre les fuites dans les réseaux d’eau, contre l’artificialisation des terres, pour l’isolement thermique (…)", a expliqué Jean Castex dans une interview accordée au Journal du Dimanche.
Une relance verte pour "sécuriser l’approvisionnement en eau potable" 



Aujourd’hui, le taux de renouvellement des canalisations des eaux françaises est de 0,61 %. Il faudrait ainsi plus de 150 ans pour renouveler tout le réseau. "Globalement, il y a encore beaucoup d’efforts à fournir et d’investissements à réaliser", explique dans Les Échos Sophie Porte, cheffe de projet services publics d’eau et d’assainissement à l’Office Français de la Biodiversité. Pour la Fédération des entreprises de l’eau (F2PE), la crise actuelle et le plan de relance vert, promis par le gouvernement, est l’occasion de mettre le sujet du stress hydrique en France en haut des priorités. La F2PE propose ainsi d’y inscrire la "sécurisation l’approvisionnement en eau potable par le doublement du taux de renouvellement des réseaux"
Mauvais signal toutefois, la Convention citoyenne pour le climat n’a pas évoqué l’eau dans ses 149 propositions. Certes, ce n’était pas dans son mandat qui visait à baisser les émissions de CO2 du pays, mais cette absence a été repérée par les experts des services à l’environnement. Ainsi, dans une tribune publiée dans les Échos, Antoine Frérot, à la tête de Veolia et Bertrand Camus, patron de Suez, saluent la "percée verte aux élections municipales", accueillie "avec enthousiasme" la Convention citoyenne pour le climat mais ils nuancent.
Investir dans l’eau, créer des emplois
"Si la gestion des déchets et la transition vers une économie circulaire sont abordées, l’eau et la biodiversité sont insuffisamment prises en compte (…) Nous évaluons les besoins annuels en investissements, d’ici à 2025, à 3,3 milliards d’euros pour l’eau", expliquent les deux patrons. Une somme qui s’ajoutent aux six milliards déjà dépensées chaque année en France.
"Avec ces sommes (…) nous pouvons transformer dans les meilleurs délais la qualité (…) de l’eau que nous buvons et qui irrigue nos sols et nos cultures, de la terre dont nous ne sommes que des locataires". Au-delà de l’impact sanitaire environnemental, les deux auteurs jugent qu’investir dans l’eau, l’air et les déchets pourraient créer "plusieurs dizaines de milliers d’emplois directs et indirects en France d’ici à 2025".


Marina Fabre, @fabre_marina
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