La fourmi Pachycondyla apicalis

Fourmis du genre Pachychondyla transportant des termites morts, Afrique du Sud - Bernard DUPONT
Fourmis du genre Pachychondyla transportant des termites morts, Afrique du Sud - Bernard DUPONT
Fourmis du genre Pachychondyla transportant des termites morts, Afrique du Sud - Bernard DUPONT
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Tendez l’oreille en présence d’une Pachycondyla, vous aurez alors peut-être l’occasion de l’entendre s’exprimer. Car l’animal possède sur son abdomen un appareil de stridulation, composé d’une plaque striée sur lequel vient frotter une sorte de petite dent, semblable à un grattoir.

C’est une fourmi brésilienne, mais elle est aussi présente du sud du Mexique jusqu’au Paraguay. On la trouve dans la forêt tropicale. Brun très foncé, assez grosse, elle fait un bon centimètre, on s’en méfiera car elle possède un dar dont la piqure est fort douloureuse. Une colonie de Pachycondyla contient cent à deux cents ouvrières, dans un nid installé au sol, en général construit dans des souches d'arbres morts.

On a tous en tête ces images de fourmis qui communiquent entre elles. Que ce soit de façon tactile, antennes contre antennes. Ou chimique : la fourmi, en libérant des phéromones, délivre une multitude de messages : qui vont de l’alerte, à la parade amoureuse, en passant par la présence de nourriture ou la reconnaissance entre membres de même colonie…

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En revanche, on en sait un peu moins sur le cri de la fourmi. Tendez l’oreille en présence d’une Pachycondyla, vous aurez alors peut-être l’occasion de l’entendre s’exprimer. Car l’animal possède sur son abdomen, très précisément entre le 2e et le 3e segment, un appareil de stridulation composé d’une plaque striée sur lequel vient frotter une sorte de petite dent, semblable à un grattoir.

La Pachycondyla crie en situation de détresse. Un SOS qui permettrait d’alerter les autres membres de sa colonie, de signaler un prédateur ou de signifier qu’elle est en danger. On ne le sait pas précisément pour cette fourmi en particulier mais l’on sait que chez les fourmis en général, la production de signaux sonores est assez répandue, sans que pour autant, l’on en connaisse toujours la signification.

Chez les fourmis Atta par exemple, celles qui cultivent des champignons qu’elles nourrissent avec des feuilles, la stridulation est un appel à un effort collectif pour couper les feuilles. L’équivalent d’un « Ho hisse » en langue fourmi.

Fourmi Atta
Fourmi Atta
- F-G Grandin - MNHN

Chez d’autres espèces, les stridulations produites par la reine stimulent les ouvrières. Situation dont abusent largement les papillons azurés Maculinea alcon dont les chenilles se sont installées à domicile chez des fourmis du genre Myrmica. Car, ces chenilles sont capables d’imiter la stridulation de la reine, et, double leurre, de produire les mêmes signaux chimiques que ces fourmis. Avec pour résultat, les fourmis ouvrières qui les nourrissent et les soignent comme leurs propres larves. Jusqu’à ce qu’un beau jour, le papillon prenne son envol.

Conseillère scientifique : Fanny Rybak de l’université de Paris-Sud

Fanny Rybak est enseignant-chercheur à l'Université Paris-Sud, dans l'unité mixte de recherche NeuroPsi. Enseignante en biologie animale et éthologie, ses thématiques de recherche sont les communications sonores chez les oiseaux et les insectes. Ses travaux portent tout particulièrement sur les systèmes de codage et de décodage de différents niveaux d'information (signature spécifique, signature de groupe, signature individuelle…) dans les signaux sonores, notamment en contexte reproducteur.

Prise de son : Ronara de Souza Ferreira (laboratoire LEEC, Universitaire Paris XIII, collaboration avec Dominique Fresneau), Fanny Rybak

Rediffusion du 14 juillet 2016.

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