Le chômage est au plus haut, l'abstention aux élections municipales n'a jamais été aussi forte, le Front national n'a jamais conquis autant de villes : y a-t-il un lien entre ces trois phénomènes ? Une étude réalisée par le cabinet de conseil Taddeo, consacrée aux relations entre l'emploi et les dynamiques électorales, apporte plusieurs éléments de réponse. Elle se fonde sur le croisement de deux séries de données : les résultats des municipales de 2008 et de 2014 dans les quelque 900 communes de plus de 10 000 habitants, et le taux de chômage enregistré dans ces mêmes communes au premier trimestre 2008 et au troisième trimestre 2013.
PAS DE LIEN ENTRE CHÔMAGE ET ABSTENTION
Premier enseignement : il n'y a pas de corrélation entre le niveau du chômage et celui de l'abstention. Dans les villes où le taux de chômage était inférieur à 8 % à la veille du scrutin, le taux d'abstention moyen au premier tour des dernières élections municipales était de 42 %. Dans celles où le chômage dépassait les 14 %, le taux moyen de l'abstention fut même légèrement inférieur : 40,9 %.
La comparaison des données dans le temps confirme cette observation. Là où le taux de chômage a augmenté de moins de 3 points en près de six ans, l'abstention a progressé en moyenne de 2,1 points d'une élection municipale à l'autre. Dans les villes où le taux de chômage a gagné plus de cinq points, la hausse de l'abstention a été relativement moindre : + 1,9 point.
Pour Julien Vaulpré, directeur général de Taddeo, « ces chiffres contredisent une idée reçue », celle d'une corrélation entre taux de chômage et abstention. « Cette corrélation suppose que le fait d'être exclu du monde du travail, donc d'une certaine façon d'être marginalisé au sein de la société, pousserait à se mettre en retrait de la vie démocratique. Or le croisement des données montre que ce raisonnement ne tient pas. Les villes où le chômage a progressé ne sont pas devenues plus abstentionnistes », souligne Julien Vaulpré.
CORRÉLATION ENTRE CHÔMAGE ET VOTE FN
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