Haute-Saône Un enfant vivait au milieu d’excréments et de cadavres d’animaux

En début de semaine, des cadavres d’animaux en putréfaction étaient découverts dans un logement, dans un état de crasse insoutenable, à Champlitte, en Haute-Saône. Un jeune enfant vivait dans ces conditions malgré diverses alertes du maire et des voisins. La famille était censée être suivie par les services du Département.
Eléonore TOURNIER - 10 juil. 2020 à 20:00 - Temps de lecture :
Le logement était dans un état de saleté et d’insalubrité extrêmes.  Photo ER /DR
Le logement était dans un état de saleté et d’insalubrité extrêmes. Photo ER /DR

Les photos sont insoutenables, impubliables. Difficile d’imaginer que dans cette maison vivaient depuis mars 2018 quatre personnes, dont un petit garçon. Dans la cour extérieure, visible depuis la rue, les poubelles débordent et les déchets s’amoncellent à même le sol. Dans une cave putride, donnant sur la cour, un cadavre de chat a été découvert, ainsi que divers ossements d’animaux. Dans une dépendance, un cadavre de lapin pourrit.

Dès l’entrée de la maison, des déchets jonchent le sol. Les bas de porte sont défoncés, sans doute par les animaux qui ont essayé de fuir par tous les moyens. Pas un centimètre carré n’est libre. Des excréments jonchent le canapé, à côté de jouets d’enfant. À l’étage, dans des chambres, des matelas sont posés à même le sol, souillés d’excréments, noirs de crasse. Dans une chambre, des bouteilles vides s’alignent à côté du couchage, jonché de détritus.

Comble de l’horreur : pour accéder à l’étage, la famille devait passer à côté d’un cadavre de rottweiler en putréfaction, quasiment momifié.

Suivi par un éducateur

Il aura fallu une saisie d’animaux par 30 Millions d’amis pour mettre au jour ces conditions de vie indignes, dépassant tout ce que l’on peut imaginer. Comment un enfant a-t-il pu vivre tout ce temps dans cet environnement alors même qu’il était suivi par les services sociaux ? Ce dernier, qui était scolarisé, faisait l’objet d’une mesure AEMO (action éducative en milieu ouvert), comprenant un suivi par un éducateur. Une mesure ayant « pour objectif de protéger les enfants vivant dans leur milieu familial lorsque les parents rencontrent des difficultés dans leurs responsabilités éducatives et/ou que les conditions de vie de l’enfant font que celui-ci est en situation de danger avéré ou potentiel ».

La mesure a-t-elle été effective ? Depuis quand ? Des visites au domicile ont-elles eu lieu ? Si oui, comment a-t-il été possible de passer à côté d’une telle situation ? Des incidents ont-ils été remontés au juge ? « Le travail a été fait », indiquent les services de l’AEMO, sans donner plus de précision. Contactés, les services de l’État nous ont renvoyés vers le Département, en charge de la protection de l’enfance. Sollicité à plusieurs reprises, ce dernier n’a pas donné suite. Le parquet a indiqué ne pas communiquer sur des sujets relatifs à des mineurs.

Selon nos informations, une ordonnance de placement provisoire de l’enfant a été délivrée à la suite de la saisie des animaux lundi. Mesure, qui, ce vendredi, n’était pas appliquée, la mère et l’enfant ayant pris la fuite. Des recherches sont en cours.