Ce qui suit pourrait réussir à rendre écolo même quelqu’un comme Donald Trump, s’il n’avait pas autre chose en tête. La flotte de pêche hauturière chinoise, la plus grande du monde, est beaucoup plus importante que ce que nous pensions. Elle est même plus grande que ce que les Chinois eux-mêmes croyaient, quatre fois plus nombreuse que ce que Pékin affirme souhaiter. Cette flotte compte au moins 12 490 navires et on estime à près de 17 000 les bateaux ayant la capacité de pêcher en dehors des eaux territoriales chinoises.
On savait que la Chine était une superpuissance mondiale en matière de pêche, mais ces nouvelles données recueillies par des chercheurs pour le compte de l’Overseas Development Institute [l’ODI, un groupe de réflexion sur le développement] de Londres montrent que la flotte chinoise est bien supérieure aux 3 432 navires estimés en 2014.
Pratiquement tous les chalutiers du Ghana sont chinois
Il s’agit en grande partie de chalutiers (qui emploient une méthode de pêche parmi les plus destructrices), travaillant en majorité dans l’océan Pacifique nord-ouest. L’activité pratiquée de la manière la plus intensive est la pêche à la turlutte des calamars dans le sud-est du Pacifique et le sud-ouest de l’Atlantique. Et l’aspect le plus dérangeant de cette pêche hauturière est que ses intérêts sont contraires à ceux des habitants de pays en développement. La flotte chinoise a une incidence vraiment consternante sur l’Afrique.
C’est au Ghana que l’on recense le plus grand nombre de navires chinois en dehors de la Chine, avec 137 bateaux selon l’ODI. Pratiquement tous les chalutiers du Ghana sont chinois, et les agents des chalutiers – les personnes qui tirent profit de la vente des licences de pêche – sont des parlementaires. Pourtant, au Ghana, plus de 2 millions de personnes dépendent directement ou indirectement de la pêche en mer pour leurs revenus ou leur emploi. Selon le rapport de l’ODI, les revenus des petits pêcheurs ont chuté de 40 % depuis le début du siècle. Sur les médias sociaux, on peut lire de plus en plus de critiques à l’encontre des hommes politiques ghanéens accusés de léser leur propre pays.
L’Union européenne et la Russie ne sont pas exemplaires
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“Le Spectateur” est une institution de la presse britannique. Fondé en 1828, c’est le journal de référence des intellectuels et dirigeants conservateurs, mais aussi des eurosceptiques : The Spectator a soutenu la sortie de l’Union européenne lors du référendum de 2016 et continue de se montrer très critique vis-à-vis de Bruxelles. Réputé pour ses analyses et son ton incisif, il appartient depuis 1989 au même groupe que The Daily Telegraph. L’ancien Premier ministre Boris Johnson en a été le directeur au tournant du millénaire (1999-2005).