"En tant que nana, c'est de pire en pire". Harcelée et même poursuivie dans la rue, l'humoriste varoise Laura Calu n'a plus du tout envie de rire

L'humoriste varoise Laura Calu a partagé sur les réseaux sociaux une vidéo dans laquelle elle raconte l'expérience traumatisante qu'elle a vécue lors d'une soirée à Paris. Un témoignage qui fait écho au quotidien vécu par de trop nombreuses femmes.

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L.I. Publié le 14/07/2020 à 11:52, mis à jour le 14/07/2020 à 12:39
Laura Calu. Photo G.T.

Sa vie, c'est l'humour. Mais ce soir-là, Laura Calu n'avait pas du tout envie de rire. Un cauchemar que la Varoise a tenu à raconter dans une vidéo de neuf minutes publiée le 8 juillet sur les réseaux sociaux. 

"Une bouteille à la mer" écrit-elle en titre avant de tirer le fil de son histoire. 

La jeune femme, originaire de Correns mais résidente à Paris depuis plusieurs années, explique qu'elle devait manger avec une copine au restaurant où travaille son frère, situé à environ huit kilomètres de son domicile. 

Laura Calu décide donc de s'y rendre en trottinette électrique, qu'elle n'a pas franchement eu le temps d'essayer pendant le confinement. C'est le début des galères.

"Je me fais aborder toutes les cinq minutes, des gars qui me sifflent, qui me parlent, qui essaient de m'impressionner", peste-t-elle. "A 19h, en plein jour". "Même par des policiers".

"Je me fais emmerder parce que je suis une fille seule en trottinette dans Paris, visiblement", explique-t-elle. 

Après le restaurant, fin de la trêve. Laura Calu perçoit des regards insistants. "Tu devrais prendre un taxi pour rentrer", lui conseille son frère. Elle l'envisage un temps, mais ne veut pas céder à la peur.

"Je vais rentrer par les grands axes, me mettre sur la piste cyclable", se rassure-t-elle. "Ça me prouvera qu'il faut arrêter d'avoir peur et qu'il faut prendre un peu confiance", estime celle qui avait été violemment agressée en pleine rue à Paris en mars dernier. 

"Est-ce que c'est à moi de toujours faire attention?"

Il est minuit. "Je me retrouve à mi-chemin poursuivie par un mec. J'accélère de fou parce que je sens qu'il me rattrape, il commence à m'appeler et il se casse la gueule", raconte Laura Calu. 

Qui ajoute: "Je tremblais et j'avais peur. J'étais dans un état pitoyable".

Elle doit son salut à un cycliste à qui elle demande de faire un bout de chemin avec elle. Elle le quitte à une intersection et tombe sur une voiture aux vitres teintées dans laquelle se trouvent quatre hommes. Ils lui proposent de la ramener quelque part.

"Je suis déjà flippée, j'ai les jambes qui tremblent mais ils trouvent le moyen de me faire encore plus peur". La Varoise est révoltée.

Elle accélère et arrive sur les quais de Seine pour rejoindre son copain. Son portable, elle n'ose même pas le sortir par peur d'être embêtée. "Je suis dans une sorte de paranoïa constante", estime-t-elle. 

Elle est une nouvelle fois sifflée, emmerdée, harcelée.

Laura Calu retrouve finalement son compagnon. Elle est épuisée et terrifiée par ce qu'elle vient de vivre. 

"C'est terrible ce qu'il se passe"

C'est le lendemain qu'elle raconte ce qu'elle a subi sur les réseaux sociaux. "Comment on en est arrivé là?, se demande-t-elle. En tant que nana, c'est de pire en pire. Ça fait 13 ans que je suis à Paris, ça n'a jamais été aussi horrible dans la rue. C'est terrible ce qu'il se passe."

Et de s'interroger: "Est-ce qu'on ne peut vraiment rien y faire? Est-ce que c'est à moi de toujours faire attention à ne pas sortir trop tard, à être toujours accompagnée? Est-ce que je dois prendre sur moi et espérer que la justice soit plus sévère avec le harcèlement de rue? Pourquoi ça n'évolue pas? Pourquoi des mecs à quatre dans une voiture ne se disent pas 'bah non cette fille seule dans la rue, on ne va pas l'effrayer'. Pourquoi ils n'ont aucun respect?

"J'en suis arrivée à une petite conclusion que j'ai envie de partager avec vous", dit la Varoise. Est-ce que c'est pas parce qu'on évolue dans un monde où en 2020 on continue de donner des César à des mecs qui ont violé des filles (elle fait référence au réalisateur Roman Polanski), où on fait sortir de prison des mecs qui ont tué leur femme, où on fout au gouvernement des gens qui violeurs qui sont encore dans des histoires sales (le nouveau ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin est visé par une plainte pour agression sexuelle, NDLR). 

Laura Calu se demande: "Est-ce que ça ne serait pas juste parce que la condition de la femme n'est pas si importante que ça?". Peut-être que si on arrêtait de nous considérer comme des objets, les mecs que j'ai croisés dans leur voiture se diront "c'est un être humain, je ne vais pas l'embêter". 

Elle conclut: "Ça me saoule de faire de genre de vidéos, moi j'aime vous faire rire. J'ai pas envie qu'on parle de moi que pour les trucs qui font du buzz. Mais c'est une sorte de bouteille à la mer."

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Var-Matin

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