Ecole francophone Jules Verne, en Colombie-Britannique (Canada)

Un bus se rendant vers l'école francophone Jules Verne, en Colombie-Britannique (Canada).

Conseil scolaire francophone

C'est un peu Astérix au Canada ! Noyée dans un pays de 37 millions d'habitants largement anglophone, la communauté francophone (hors Québec, où elle est majoritaire) s'apparente à un irréductible village qui, avec sa langue de Molière, résiste encore et toujours à celle de Shakespeare, dont la suprématie est écrasante. Le 12 juin cependant, les lointains descendants des Gaulois ont réussi à faire entendre leur voix comme rarement. La Cour suprême du Canada a tranché en faveur du Conseil scolaire francophone (CSF) de Colombie-Britannique et d'une association de parents d'élèves, qui en avaient assez de "se faire passer un sapin" (se faire arnaquer) et réclamaient un financement égalitaire pour leurs écoles.

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La Colombie-Britannique (capitale : Vancouver), qui compte 72 000 francophones sur 5 millions d'habitants, a ainsi été condamnée pour avoir sous-financé les établissements primaires et secondaires enseignant en français. Cette province de la côte pacifique contrevenait depuis trop longtemps à la charte canadienne des droits et libertés. Cette discrimination a ralenti l'ouverture de huit établissements, où les parents entendaient accompagner leurs enfants en "char" (voiture), comme ils le font régulièrement pour les amener aux "camps de jour" (centres aérés), où leur progéniture entonne régulièrement des "turlutes" (chansons entraînantes), sauf, bien sûr, les jours où ils se "chicanent" (chamaillent).

Deux langues officielles, mais seulement 30 % de francophones

Cette victoire, après dix ans de combat, contraint la province à verser 7,1 millions de dollars canadiens (4,6 millions d'euros) de dommages et intérêts au CSF, qui chapeaute 6200 élèves répartis dans 43 établissements. "Nous sommes heureux que l'urgence de soutenir pleinement le droit à l'éducation en français soit prise en compte, a déclaré Marie-Pierre Lavoie, présidente du CSF. Nos enfants, qui bénéficieront du jugement, sont les garants de la pérennité de notre communauté." Interdiction, dès lors, de "foxer" (sécher) les cours !

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Le Canada possède deux langues officielles, mais seulement 30 % de la population parle le français qui, pour certains, est une seconde langue. Les francophones de langue maternelle se concentrent essentiellement au Québec (8,5 millions d'habitants). Dans la Belle Province, 95 % des locuteurs s'expriment dans l'idiome de Victor Hugo. Au Nouveau-Brunswick (700 000 âmes), également sur la côte, ce ratio tombe à 30 %. Ailleurs dans le pays, les francophones sont ultra-minoritaires.

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