Dans la Manche, les araignées de mer s’attaquent aux élevages de moules

Les élevages de moules de la côte ouest de la Manche sont en partie décimés par la présence massive d’araignées de mer.

 Lingreville (Manche), mercredi. Habituellement de passage, des milliers d’araignées de mer se sont installées dans les élevages de moules.
Lingreville (Manche), mercredi. Habituellement de passage, des milliers d’araignées de mer se sont installées dans les élevages de moules. LP/Bertrand Fizel

    « Si ça continue comme ça, dans trois ans, on aura tous fermé nos exploitations… » Loïc Maine est le représentant des producteurs de moules au comité régional des pêches de Normandie. Comme nombre de ses collègues de la côte ouest de la Manche et du Nord-Bretagne, il se dit « inquiet comme jamais ». Pour la deuxième année de suite, des milliers d' araignées de mer, ces crabes reconnaissables à leur carapace hérissée, ont élu domicile dans les parcs d'élevage de moules qu'elles consomment en très grande quantité.

    « Cette année, poursuit le conchyliculteur, elles ont déjà englouti 20 % de l'ensemble de ma production. Et l'an dernier, ces pertes ont atteint 40 %. C'est dramatique parce que non seulement les crabes mangent les moules prêtes à la vente mais aussi les naissains, les petites moules, et hypothèquent donc les ventes futures… »

    Jusqu'à présent, ces araignées se rapprochaient de la côte au mois de juin pour se reproduire. Mais elles ne restaient jamais longtemps. Aujourd'hui, il semble qu'elles soient non seulement très nombreuses mais surtout elles peuvent dévaster les parcs pendant 3 ou 4 mois !

    Les transporter au large

    « Moi, j'ai perdu 50 tonnes de moules en 2019… à 2 euros le kilo ! Mais a priori ce phénomène est essentiellement dû aux conditions météo et notamment aux vents d'est de ces deux dernières années. Il n'y a donc pas de solution magique. Tout ce qu'on peut faire, c'est en capturer chaque jour et les transporter au large pour les éloigner », déplore Nicolas, producteur à Lingreville (Manche).

    Une « manipulation » qui était jusqu'alors interdite mais que la préfecture vient tout juste d'autoriser pour répondre à l'urgence de la situation. Reste que certains réclament des mesures beaucoup plus radicales. « Il faut organiser une campagne massive de prélèvements. On veut à tout prix protéger cette espèce, mais si on ne rétablit pas de l'équilibre, nous, on ne s'en sortira pas. Et l'urgence, c'est maintenant », lance Loïc Maine.