Une étude prédit un fort déclin de la population mondiale à partir de 2064

Une étude prédit un fort déclin de la population mondiale à partir de 2064

Dans une étude dévoilée le 14 juillet dernier, des chercheurs américains tablent sur un déclin brutal, dès 2064, de la population mondiale. Une projection qui tord le cou au scénario de l’ONU qui anticipe une augmentation continue de la population.

En 2064, annonce une équipe de chercheurs de l’Institute for Health Metrics and Evaluation (l’IHME, spécialisé dans les statistiques médicales et localisé à Seattle), nous serons 9,7 milliards d’êtres humains sur Terre. Un résultat qui confirme l’hypothèse de l’ONU selon laquelle la population mondiale devrait continuer d’augmenter au cours des prochaines décennies pour atteindre 9,7 milliards d’individus en 2050.

Mais toujours selon cette étude de l’IHME, dont les résultats ont été présentés mardi 14 juillet dans la revue scientifique The Lancet, ce chiffre est amené à baisser drastiquement pour atteindre 8,8 milliards en 2100 (contre 11 milliards selon les projections de l’ONU). En cause : un meilleur accès des femmes à la contraception et à l’éducation. Une bonne nouvelle ? Pas forcément : « Un tel [déclin] de la population pourrait engendrer d’importantes conséquences économiques, fiscales, géopolitiques », peut-on lire dans l’étude, avec à la clef une possible redistribution des cartes.

Dans le détail, les chercheurs de l’IHME avancent que 183 pays (sur 195) ne pourront maintenir leur niveau de population en raison d’un taux de fécondité trop bas. Ils estiment ce taux en moyenne à 1,66 enfant par femme en 2100 (donc en dessous du seuil de renouvellement des générations), contre 2,37 aujourd’hui. Autre chiffre spectaculaire : d’après leur modèle, en 2100, 23 pays perdront plus de 50% de leur population. Le Japon pourrait ainsi passer de 128 à 60 millions d’habitants, l’Italie de 61 à 31, le Portugal de 11 à 4,5, la Chine de 1,4 milliard à 732 millions, quand dans le même temps l’Afrique subsaharienne pourrait tripler sa population, passant de 1 à 3 milliards. Le Nigéria passerait ainsi de 206 à 790 millions d’habitants (donc devant la Chine). D’autres pays, dont le Royaume-Uni et la France, pourraient en revanche conserver d’ici 2100 une population équivalente au niveau actuel, grâce à un taux de fécondité important et aux flux migratoires.

Immigration ou retraite plus tardive

Cumulée au vieillissement de la population – et donc des travailleurs potentiels – l’immigration jouera un rôle crucial dans la guerre économique et géopolitique entre les grandes puissances, avance auprès du Monde l’un des auteurs de l’étude, Stein Emil Vollset : « Les implications sociales, économiques et géopolitiques de ces prévisions sont considérables. Nos résultats montrent que le déclin de la population en âge de travailler devrait entraîner des changements majeurs dans la gouvernance économique mondiale ». Ainsi, en 2035, la Chine devrait détrôner les États-Unis et prendre la place de première puissance économique mondiale. Et seul le maintien d’une importante immigration pourrait permettre à ces derniers de regagner, à terme, cette place de première puissance mondiale.

« Les nations qui n’auront pas recours à l’immigration pour augmenter leur population devront probablement retarder l’âge de départ à la retraite », suggère l’étude. Au Japon, entre 1990 et 2015, le nombre de 15–64 ans (donc de travailleurs potentiels) a décliné de 7,4%. Les 64–69 ans ont compensé : de 15,3% en 1990, ils étaient 21% à travailler encore en 2005.

Pour les jeunes actifs, la retraite risque donc de devenir à terme une perspective toujours plus lointaine. Interrogé par le Monde, le démographe Gilles Pison tempère cependant ces projections démographiques à l’horizon de la fin du siècle : « 2100 est un horizon très lointain. Autant, pour 2050, dans trente ans, c’est une génération, les projections sont solides. Mais d’ici à quatre-vingts ans, beaucoup de choses peuvent se passer. »

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