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Nuisances de l’éclairage nocturne pour les hommes, la faune et la flore

Revoir les étoiles, naissance d’une revendication

L’un des effets les plus visibles de l’activité humaine moderne est aussi l’un des moins vus : le ciel étoilé s’efface, dévoré par la lumière artificielle. Au point qu’on institue des zones réservées où l’on peut encore admirer la Voie lactée. Par-delà ses effets sur la santé, la pollution lumineuse pose une question à laquelle les sociétés devront répondre tôt ou tard : de quoi avons-nous réellement besoin ?

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Winslow Homer. — « Summer Night » (Nuit d’été), 1890
Photographie : Hervé Lewandowski - RMN-Grand Palais (musée d’Orsay)

Il ne figure pas dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, ni dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Et pourtant, le droit à l’obscurité pourrait devenir un nouveau droit humain. L’obscurité, un droit ? La pollution lumineuse compte au nombre des fléaux de l’époque. Elle désigne l’omniprésence grandissante dans nos vies de la lumière artificielle, qui induit en retour la disparition de l’obscurité et de la nuit. Comme les particules fines, les déchets toxiques et les perturbateurs endocriniens, la lumière, passé un certain seuil, devient une pollution. Au cours du dernier demi-siècle, le niveau d’illumination dans les pays développés a été multiplié par dix.

Ce qui fut un progrès, l’éclairage public et intérieur, s’est transformé en nuisance. La pollution lumineuse porte préjudice à l’environnement, à la faune et à la flore. Le halo lumineux qui entoure les villes désoriente par exemple les oiseaux migrateurs et les conduit à prendre leurs quartiers d’été prématurément, ou à voler autour de ce halo jusqu’à l’épuisement et parfois la mort. Il en va de même pour certains insectes. La lumière naturelle est un mécanisme d’attraction et de répulsion qui structure le comportement des espèces. Pour les plantes, l’intensité et la durée de la luminosité indiquent la saison. Une lumière trop forte qui étend artificiellement le jour retarde les processus biochimiques par lesquels elles se préparent à l’hiver.

Jour permanent à Singapour

Mais la pollution lumineuse nuit surtout aux humains. Elle gêne l’endormissement en retardant la synthèse de la mélatonine, surnommée « hormone du sommeil ». Le corps humain se compose d’un ensemble d’horloges biologiques, dont les cycles obéissent à la succession du jour et de la nuit, elle-même au fondement d’autres cycles mensuels et saisonniers. On désigne cet ensemble par le terme de « rythme circadien » : circa dies, « environ un jour ». Son dérèglement affecte de nombreux aspects de notre métabolisme et a (...)

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Razmig Keucheyan

Sociologue, auteur de l’ouvrage Les besoins artificiels. Comment sortir du consumérisme, La Découverte, Paris, à paraître le 19 septembre 2019. Ce texte est une version remaniée du prologue.

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L’un des effets les plus visibles de l’activité humaine moderne est aussi l’un des moins vus : le ciel étoilé s’efface, dévoré par la lumière artificielle. Par-delà ses effets sur la santé, cette pollution lumineuse interroge : de quoi avons-nous réellement besoin ?

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