C’était mercredi 15 juillet, sur le plateau de BFMTV. Interrogé sur les violences vis-à-vis de policiers lors d’une manifestation le 14 juillet, et sur le fait de savoir si « les forces de l’ordre doivent-elles être comme Jésus sur la croix qui ne réplique pas ? », le député Jean-Luc Mélenchon a répondu : « Je ne sais pas si Jésus était sur la croix, mais je sais que, paraît-il, ce sont ses propres compatriotes qui l’y ont mis. »

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Des propos qui n’ont pas manqué de faire réagir largement au sein de la communauté juive. Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Francis Kalifat, s’est dit sur I24news « inquiet » face à cette phrase. « On pensait que ce vieux poncif antisémite de peuple déicide était derrière nous, a ajouté Francis Kalifat. Non, c’est sans compter avec Jean-Luc Mélenchon qui relance le concept à travers une déclaration où il accuse les “compatriotes” de Jésus de l’avoir crucifié. »

« De pareils propos contredisent les Évangiles »

L’Amitié Judéo-Chrétienne de France (AJCF) a elle aussi « déploré » dans un communiqué cette saillie du député La France insoumise. « Faut-il rappeler à M. Mélenchon que, comme le rapportent les évangiles, les juifs alors sous occupation romaine n’avaient pas le droit de condamner quelqu’un à mort, cette décision étant réservée au seul gouverneur romain (cf Jean, 18, 30) ? et que de pareils propos contredisent les mêmes évangiles, où il est précisé que ce sont des notables et des chefs du peuple qui ont souhaité cette condamnation, et non tous les juifs, ni même tous les habitants de Jérusalem, comme l’affirme M. Mélenchon en dénonçant “les compatriotes de Jésus” ? », écrit l’AJCF.

L’Amitié judéo-chrétienne ajoute aussi que « cette thèse ancienne de la responsabilité du peuple juif dans la mort de Jésus, rejetée depuis des décennies par tous les historiens et exégètes et condamnée par l’ensemble des Églises, a donné naissance, on le sait, à un antijudaïsme mortifère et à un antisémitisme dont l’aboutissement fut la Shoah. » « Il est bien triste qu’un homme politique, leader d’un parti important de notre république, soit si mal informé et continue à répéter de semblables accusations… », déplore encore l’association.