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Maintien de l’Aïd-el-Adha en Algérie : polémique, confusion et interrogations

Maintien de l’Aïd-el-Adha en Algérie : polémique, confusion et interrogations

La décision de la commission des fetwas du ministère des Affaires religieuses de maintenir la fête de l’Aïd-el-Adha en pleine pandémie de Covid-19, fait encore débat et suscite des avis divergents.

Hier, un collectif de professeurs en sciences médicales a appelé les plus hautes autorités à « décréter l’abstention pour tous » du sacrifice du mouton en raison de la pandémie de coronavirus.

« En tant que membres du collectif, nous pensons qu’il faut impérativement suspendre l’Aïd-el-Adha pour cette année, du fait qu’elle favorise la dissémination du virus », a déclaré hier samedi à TSA, Pr Kamel Bouzid membre du collectif et chef du service d’oncologie médicale au CPMC.

Un appel qui ne trouve pas de justification aux yeux du président de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur et de son environnement (APOCE), Dr Mustapha Zebdi.

Contacté par TSA, M. Zebdi dit se ranger du côté de la commission des fatwas. « Cette crise du Coronavirus est gérée par des professionnels. Il y a un conseil scientifique de suivi de l’épidémie. Ledit conseil scientifique a tenu plusieurs réunions avec la commission des fatwas du ministère des Affaires religieuses. La commission a émis une fatwa claire et nette au sujet du maintien de l’Aïd-el-Adha et qui nous a convaincus », rappelle le Dr Zebdi, en précisant que la fatwa n’est pas une injonction.

« La fatwa stipule clairement que toute personne ou famille incapable de respecter les mesures d’hygiène et tout le protocole de protection nécessaires, peut être dispensée du rituel du sacrifice », souligne-t-il, ajoutant qu’il n’y a pas lieu de discuter une « décision sur laquelle les autorités ont tranché ».

Risque sanitaire  

Selon des vétérinaires, si le mouton en lui-même ne transmet pas la maladie, il peut en être le vecteur, notamment par sa toison que plusieurs mains vont toucher. Avant d’acheter le mouton, les acheteurs ne manquent pas de palper le mouton pour vérifier son embonpoint. C’est une pratique courante mais qui n’est pas sans conséquence surtout dans cette conjoncture de Covid-19.

Les vétérinaires considèrent la toison du mouton comme un support de transmission du virus au même titre que tous les supports inertes où le virus peut survivre.

L’argumentaire scientifique ne semble pas convaincre le président de l’APOCE. « Je présume que les membres du conseil et de la commission ont étudié toutes ces questions, et ont tranché en conséquence », relève Dr Zebdi. Selon lui, toute personne qui éprouve une peur vis-à-vis de la manipulation de la toison du mouton et du risque d’être infecté par le Covid est autorisé par la fatwa à ne pas sacrifier.

Le président de l’APOCE met en avant certains arguments confortant le maintien du rituel, en citant les personnes qui disposent d’espaces pour procéder au sacrifice du mouton en toute sécurité et loin de tout rassemblement.

Confusion et interrogations

À quelques jours de l’Aïd-el-Adha, plusieurs walis ont en effet signé des arrêtés pour la fermeture des marchés à bestiaux « jusqu’à nouvel ordre », dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus.

M. Zebdi confirme qu’en dehors de Naâma et Saida, les marchés à bestiaux sont interdits dans les autres wilayas. Une situation que le président de l’APOCE ne s’explique pas. « Maintenant que la décision (du maintien du rituel du sacrifice) a été prise par la commission de fatwa en coordination avec le Conseil scientifique, nous estimons que toutes les actions doivent être en harmonie avec cette décision », remarque-t-il.

Le président de l’APOCE plaide pour l’ouverture des points de vente de moutons contrôlés et répondant aux normes. « Je suis tout à fait d’accord pour surveiller les marchés (à bestiaux) qu’il faut multiplier par ailleurs, à condition qu’ils soient régulés. Il faut interdire l’accès à ces marchés aux enfants et aux personnes âgées. Il faut qu’il y ait des moyens de protection (masques, gels hydroalcooliques, etc.) », recommande le président de l’APOCE.

Selon M. Zebdi, son association a saisi par le biais de ses bureaux locaux les walis afin de dégager des espaces  de vente « de telle manière à ce qu’ils soient plus nombreux et sur des superficies plus étendues que celles des autres années ».

 

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