
Hospitalisé depuis deux jours, le cacique Raoni Metuktire, porte-parole de la cause indigène au Brésil, âgé de plus de 90 ans, a été transféré « avec une certaine urgence » du petit hôpital de la ville de Colider, où il avait été admis jeudi, vers un établissement plus moderne de celle de Sinop (centre-ouest également), en raison d’« une aggravation de son état », a annoncé le premier établissement, samedi 18 juillet.
Dimanche, il « présente un état stable après avoir reçu une transfusion sanguine », et des examens sont menés pour déterminer la nature de l’« hémorragie gastro-intestinale » qui pourrait être à l’origine des problèmes de santé du cacique, a précisé l’établissement médical, situé dans le centre-ouest du Brésil.
L’hôpital Santa Inês de la petite ville de Colider « ne disposant pas d’unité de soins intensifs, il avait été transféré avec une certaine urgence dans un autre établissement » du même Etat « au cas où son état clinique empirerait ». Celui-ci, l’hôpital Dois Pinheiros, a fait savoir en soirée que le chef au plateau labial mondialement célèbre présentait « des signes d’amélioration », notamment une élévation de sa tension, après de premiers soins.
De nombreux symptômes depuis quinze jours
L’ONG Planète Amazone avait auparavant annoncé l’hospitalisation à Colider du vieux chef indigène en raison d’un état de faiblesse généralisée. Le cacique « a commencé à être malade il y a quinze jours, avec de la fièvre, des diarrhées et des vomissements » et il était déshydraté, a précisé Gert-Peter Bruch, le président de l’ONG française qui a organisé des levées de fonds pour le peuple kayapo du cacique.
Alors que beaucoup d’indigènes ont été contaminés par le Covid-19 qui balaie le Brésil, « on a pensé au coronavirus », a-t-il ajouté, mais « il a fait un test Covid négatif ».
L’établissement a ajouté que le cacique se trouvait dans un état dépressif depuis le décès de son épouse Bekwyjka le 23 juin, d’un accident vasculaire cérébral. Bekwyjka était sa compagne et conseillère depuis plus de soixante ans. D’autres sources, telles que la Fondation Raoni ou Gert-Peter Bruch, ont confirmé que le cacique avait été extrêmement affecté par la disparition de son épouse.
Le cacique Paulinho Paiakan emporté par le coronavirus
Le vieux chef, connu dans le monde entier pour sa lutte infatigable pour la défense des droits et des terres indigènes, avait été évacué par avion jeudi de son village de Metuktire vers Colider.
Alors que le Brésil se rapproche des 80 000 morts du Covid-19, les populations indigènes ont été durement frappées en raison, entre autres, d’une immunité plus faible : plus de 16 000 autochtones ont été contaminés et 535 en sont morts, selon les données de l’Association des peuples indigènes du Brésil. Le coronavirus a notamment emporté en juin un cacique et défenseur de la forêt amazonienne très connu, Paulinho Paiakan, âgé d’environ 67 ans.
Dans une récente interview à l’Agence France-Presse, Raoni avait accusé le président brésilien, Jair Bolsonaro, de vouloir « profiter de cette maladie » pour éliminer son peuple. Depuis l’arrivée au pouvoir en janvier 2019 du dirigeant d’extrême droite, le vieux chef des Kayapo ne mâche pas ses mots contre le président, dont il a réclamé le départ, qui a tenu des propos méprisants envers les autochtones.
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