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Grand Angle

ONU – Ouïghours : Parmi les 46 Etats soutenant la Chine, plusieurs pays musulmans

En 44e session du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, 46 Etats ont signé leur soutien officiel à la politique de Pékin envers les Ouïghours. Une importante partie de ces pays sont musulmans. Si le Maroc ne figure pas sur la liste, il fait partie de ceux qui sont restés discrets sur la question.

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Capture d'écran d'une vidéo montrant les conditions de détention des musulmans ouïghours dans le Xinjiang
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Tenue du 20 juin au 17 juillet, la 44 session du Conseil des l’Homme de l’ONU, qui siège à Genève, a été marquée par la signature d’une déclaration conjointe des missions permanentes de Biélorussie et de Chine, avec l’adhésion de 44 autres Etats. Ce document affirme le soutient des signataires à la politique de Pékin dans la province du Xinjiang, connue par sa communauté musulmane des Ouïghours.

Dans cet appel, les 46 pays au total approuvent l’approche menée par le gouvernement chinois dans «sa lutte contre le terrorisme et le séparatisme».

Un soutien sous couvert de lutte antiterroriste

«Nous notons avec préoccupation que le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme ont causé d’énormes dégâts aux personnes de tous les groupes ethniques du Xinjiang, en Chine, et ont gravement porté atteinte à leurs droits fondamentaux», affirment les signataires.

«Nous notons avec satisfaction que la Chine a pris une série de mesures en réponse aux menaces, conformément à la loi, pour protéger les droits humains de tous les groupes ethniques du Xinjiang», indiquent-ils encore. Plus loin, les Etats se félicitent qu’il n’y ait eu «aucune attaque terroriste au Xinjiang au cours des trois dernières années», décrivant un indicateur de «la sécurité et la stabilité qui ont été restaurées au Xinjiang».

Ils réaffirment par ailleurs que «les droits humains des personnes de tous les groupes ethniques du Xinjiang ont été protégés de manière effective» et saluent «la transparence de la Chine».

Dans ce sens, les 46 signataires notent «l’invitation de plus de 1 000 diplomates, responsables d’organisations internationales, journalistes et personnalités religieuses à visiter le Xinjiang». Il rappellent également que «le gouvernement chinois a adressé une invitation au Haut-Commissariat aux droits de l’Homme pour se rendre au Xinjiang, et les deux parties gardent le contact sur la question».

Un document signé par de nombreux pays musulmans

Ce document n’évoque à aucun moment les soupçons de mauvais traitements dans les camps de Ouïghours, considérés par Pékin comme des centre de formation et d’éducation. Pourtant, il a bénéficié d’un important soutien de pays musulmans ou comptant une population de confession musulmane. On y trouve pratiquement tous les pays du Golfe (Emirats arabes unis, Bahreïn, Arabie saoudite, Yémen…), l’Egypte, l'Irak, la Palestine, mais aussi l’axe Iran-Syrie, le Soudan ou encore le Pakistan. S’y ajoutent d’autres Etats comme la Serbie, la Russie et Myanmar, qui ont connu des conflits armés, voire des génocides à l'égard de minorités musulmanes.

Cette déclaration constitue ainsi une confirmation du soutien à la Chine, auquel adhèrent plusieurs pays musulmans. En juillet 2019, 37 Etats avaient adressé une lettre aux Nations unies dans le même sens, en réponse à une autre envoyée par une vingtaine de pays, principalement occidentaux, pour dénoncer les internements dans le Xinjiang. Parmi les soutiens figuraient la Russie, la Corée du Nord et les Philippines, ou encore l’Algérie, qui s’est retirée cette fois-ci de la liste des soutiens à Pékin.

Le récent document rappelle de ce fait que peu de pays musulmans restent solidaires des Ouïghours, lorsqu’ils ne choisissent pas de garder le silence sur la question. Lors d’une réunion de l’Union des Parlements de l’OCI à Rabat, en mars 2019, les musulmans du Xinjiang ont également été oubliés. Dans une résolution, les Etats membres se sont ainsi contentés de rappeler «la nécessité de protéger les minorités islamiques dans les pays non musulmans, conformément aux principes, aux valeurs des droits humains, et à la liberté de culte».

Sans pointer du doigt nommément la Chine, le texte a dénoncé des «actes d’épuration ethnique visant ces minorités dans certains pays» et a recommandé «une reddition des comptes à l’échelle internationale pour les responsables».

Dans ce sens, la situation de la Turquie reste délicate, par le fait que les Oïghours sont un groupe ethnique proche des Turcs, en termes de religion dominante, de langue mais aussi d’ethnicité. Défenseur traditionnel des peuples turcophones et particulièrement des Ouïghours, le pays fait ainsi partie de ceux faisant profils bas vis-à-vis de la question. Les enjeux économiques et politiques ont fait passer au second plan la défense d'un peuple proche.

Ce dernier soutien au sein du Conseil des droits de l’Homme intervient dans un contexte où une récente enquête de Vice a révélé des pratiques de prélèvement d’organes sur une partie des Ouïghours internés, pour alimenter un marché d’organes «certifiés halal» et vendus à prix d’or.

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