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Coronavirus : des soulèvements sont à craindre dans le monde entier

Le choc économique de la pandémie « va enflammer la colère publique » et entraîner des « troubles majeurs » au second semestre 2020, d'après un cabinet d'étude des risques. Une quarantaine de pays, principalement en Afrique et en Amérique latine, pourraient faire face à des manifestations de rue sans précédent.

En juin, des incidents ont eu lieu lors de manifestations à Guadalajara, au Mexique, organisée après la mort d'un jeune arrêté par la police parce qu'il ne portait pas de masque.
En juin, des incidents ont eu lieu lors de manifestations à Guadalajara, au Mexique, organisée après la mort d'un jeune arrêté par la police parce qu'il ne portait pas de masque. (ULISES RUIZ/AFP)

Par Leïla Marchand

Publié le 18 juil. 2020 à 08:29

La pandémie a transformé le monde en une poudrière. Alors que les retombées économiques s'accumulent, mettant des millions de personnes au chômage, les manifestations risquent de se multiplier à l'échelle mondiale, prévient une analyse de Verisk Maplecroft.

Ces possibles conflits sociaux « représentent un risque pour la stabilité intérieure des pays, à un niveau rarement vu au cours des dernières décennies », peut-on lire dans ce rapport du cabinet britannique de conseil en gestion des risques. Bien évidemment, les pays les plus concernés sont ceux où la crise économique vient s'ajouter à une colère préexistante contre les gouvernements.

Verisk Maplecroft a identifié 37 pays « qui feront face à des troubles majeurs durant le second semestre 2020 ». Ils sont principalement situés en Afrique et en Amérique latine, notamment au Nigéria, en République démocratique du Congo, en Ethiopie, au Venezuela et au Pérou. Mais la fin d'année pourrait également être « explosive » dans les principaux marchés émergents tels que le Bangladesh, la Turquie et l'Egypte.

Des troubles sur une période allant jusqu'à trois ans

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Le confinement imposé par la majorité des Etats pour freiner la propagation du coronavirus a entraîné une diminution des conflits sociaux, mais actuellement « le nombre total de manifestations sur les marchés émergents a rebondi et atteint quasiment les niveaux d'avant la pandémie », écrit le cabinet.

Dans les 37 pays identifiés, les troubles pourraient éclater sur une période allant jusqu'à trois ans, en raison de leur « faible taux de récupération ». Ce taux est calculé par Verisk Maplecroft à partir de facteurs comme la force des institutions étatiques, la connectivité numérique, le dynamisme économique, la sensibilité de la population, les risques de catastrophes naturelles ou d'attaques terroristes.

37 pays avec des niveaux élevés de troubles préexistants et une faible capacité de récupération s'exposent à un fort risque d'instabilité au cours des trois prochaines années.

37 pays avec des niveaux élevés de troubles préexistants et une faible capacité de récupération s'exposent à un fort risque d'instabilité au cours des trois prochaines années.Verisk Maplecroft

Le Venezuela, particulièrement à risque

En Afrique subsaharienne, le risque de manifestations devrait s'intensifier « en raison du déclin économique, de la pauvreté et de l'incapacité à garantir des approvisionnements alimentaires adéquats », estime le cabinet. Début juillet, l'assassinat d'un chanteur engagé a d'ailleurs déclenché une vague d'émeutes meurtrières. Les tensions se sont aussi accentuées dans plusieurs pays d'Afrique où le coût des denrées alimentaires s'est envolé avec la pandémie.

En Amérique latine, les troubles les plus importants sont à craindre au Venezuela, dont l'économie est déjà très fragile, avec une hyperinflation qui a atteint 9.000 % l'an dernier et plus de six Vénézuéliens sur dix vivant en situation de pauvreté extrême.

« Inévitables agitations » aux Etats-Unis

Si une forte capacité de « récupération » d'un pays limite le niveau de risque, elle ne l'élimine pas totalement, « en particulier lorsqu'il existe des griefs préexistants sur les droits politiques ou d'autres problèmes structurels », insiste le rapport. C'est le cas de l'Inde où les débats concernant la loi sur la citoyenneté devraient refaire surface, ou encore de Hong Kong où le mouvement de contestation contre Pékin a déjà repris.

Les Etats-Unis vont eux aussi au-devant « d'inévitables agitations », alerte le rapport. Le mouvement antiraciste, déclenché par la mort de George Floyd, un Afro-américain asphyxié sous le genou d'un policier blanc, vient s'ajouter au chômage de masse provoqué par la crise économique.

Leïla Marchand

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