Un déficit immunologique explique les formes sévères de Covid-19
Une étude française parue dans «Science» révèle pourquoi 5% des patients Covid-19 développent une forme grave ou critique de la maladie. Ils présentent une carence dans la production de molécules antivirales clés, les interférons de type 1
Surgi sans crier gare, le nouveau coronavirus a pris de court la terre entière. Surtout, il a pris au dépourvu notre propre système immunitaire, qui n’avait jamais été confronté à un tel pathogène. Comment allait-il réagir? Les immunologistes commencent à y voir plus clair. «Chaque semaine, il sort trois ou quatre nouvelles études sur le sujet», raconte Frédéric Rieux-Laucat, de l’institut Imagine à l’hôpital Necker à Paris (Inserm-AP-HP-Université de Paris).
Il cosigne une étude publiée dans la revue Science le 13 juillet. Elle révèle, chez les patients qui vont développer une forme critique ou sévère de la maladie, un profil de réponse immune qui les distingue des patients atteints d’une forme modérée. En clair, ce profil se caractérise par un déficit dans la production d’armes clés de l’organisme humain contre les virus: les interférons de type 1, fabriqués par de nombreux types de cellules (immunitaires ou non). Ces protéines constituent «le socle qui détermine l’efficacité de la réponse antivirale», indique Frédéric Rieux-Laucat. On estime que 5% environ des patients infectés par le SARS-CoV-2 (le virus responsable du Covid-19) vont développer une forme grave ou critique.