Sélection

Tour d’horizon des expos et musées gratuits à voir cet été

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Difficile de courir les musées lorsque son compte en banque fait grise mine… Bonne nouvelle ! Quelques lieux en France ont choisi d’ouvrir gratuitement cet été tandis que d’autres le sont déjà toute l’année. L’occasion de faire le plein de découvertes de Paris à Bordeaux en faisant un détour par Genève.

À PARIS ET AUTOUR

Cinq peintres pour un prix à l’Institut de France

C’est l’histoire d’un prix dont l’organisation a été bouleversée par le confinement : décerné tous les ans par la fondation Simone et Cino Del Duca, il devait cette année élire un peintre parmi Guillaume Bresson, Damien Deroubaix, Pierre Monestier et le duo Tursic & Mille, mais sera finalement divisé en quatre dotations égales. Coup de chance pour le public, les cinq artistes sont donc exceptionnellement exposés dans le superbe cadre du palais de l’Institut de France. Scénographie sombre et pas un chat pour contempler les visions expressionnistes de Damien Deroubaix (né en 1972) et les peintures façon objets pop de Tursic & Mille (nés en 1974)… Pierre Monestier (né en 1962), quant à lui, nous fait tomber en extase devant une fresque hors normes, répétition de portraits de familles de créatures aux attributs humains, animaux et végétaux. Et Guillaume Bresson (né en 1982) nous ramène sur Terre avec ses peintures hyperréalistes où se mêlent terrain de football, baskets et auto-tamponneuses. M.C.L.

Les œuvres de Damien Deroubaix et Tursic & Mille dans l’exposition du Prix de la Fondation del Duca
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Les œuvres de Damien Deroubaix et Tursic & Mille dans l’exposition du Prix de la Fondation del Duca

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© Patrick Rimondd

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Guillaume Bresson, Damien Deroubaix, Pierre Monestier, Tursic & Mille

Du 18 juin 2020 au 9 août 2020

www.academiedesbeauxarts.fr

Le monde de demain s’invente au Pavillon de l’Arsenal

Et si la crise du Covid-19 et le confinement, avec le retrait et le calme qu’ils ont brutalement imposés à nos vies trop rapides, étaient sources de réflexion pour mieux penser le « monde d’après » ? Déjà abordé, le thème s’explore néanmoins avec panache au Pavillon de l’Arsenal dans une exposition qui s’enrichit au fil des jours. La scénographie, simplissime, invite les visiteurs à évoluer parmi de grandes feuilles couvertes de textes et retenues à des barres en métal vert : ces documents, au nombre de 150 à l’heure où nous écrivons ces lignes (l’appel à contributions étant toujours en cours), sont signés par des architectes, des ingénieurs, des urbanistes, des paysagistes ou encore des promoteurs immobiliers, et proposent des réflexions autour des temps actuels et de la ville : on y discute « prise de conscience collective », « ville-métabolisme » ou « ville nourricière ». L’ensemble s’accompagne de rencontres et fera l’objet d’une publication à la rentrée. M.C.L.

Exposition “Et demain, on fait quoi ?” au Pavillon de l’Arsenal à Paris
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Exposition “Et demain, on fait quoi ?” au Pavillon de l’Arsenal à Paris

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Pavillon de l'Arsenal, Paris / © Photo de Pierre Lexcellent

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Et demain, on fait quoi ?

Du 16 juin 2020 au 6 septembre 2020

www.pavillon-arsenal.com

Delacroix intime dans son appartement-atelier

En plein cœur de Saint-Germain-des-Prés, niché dans un coin de la charmante et paisible place de Fürstenberg, se cache l’appartement qu’Eugène Delacroix a choisi de louer à la fin de sa vie. Si c’est au Louvre (auquel le musée est rattaché depuis quarante ans) qu’il faut se rendre pour admirer les grands chefs-d’œuvre du maître, c’est bien au musée Delacroix que s’exposent les portraits de ses amis et de sa fidèle servante Jenny Le Guillou. Accrochés dès l’entrée, ils donnent le ton : le peintre se raconte ici en toute intimité. Vous trouverez en effet dans l’appartement-atelier des pièces plus personnelles et émouvantes, comme son chevalet et sa palette, des objets rapportés du Maroc, des études et un autoportrait de jeunesse. Invisible depuis la rue, c’est aussi un jardin de 500 m2 qui se découvre au fil de la visite, donnant sur l’élégante façade de l’atelier. Depuis sa réouverture le 22 juin, ce musée champêtre est accessible gratuitement. Ce sera le cas tout l’été. Seule contrainte : réserver sur place ou par téléphone (01 44 41 86 50). H.G.

Jardin et façade du musée Delacroix
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Jardin et façade du musée Delacroix, 2015

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© Musée Delacroix / Albane Fabre

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Musée national Eugène Delacroix - Paris

Ouvert du mercredi au lundi, de 9h30 à 17h30

Croyances révélées

Interroger les croyances sans tomber dans l’écueil des préjugés, voilà l’ambition de la dernière exposition de l’Institut des cultures d’islam de Paris, organisée avec Afrique in visu, une plateforme d’échanges autour du métier de photographe en Afrique. Samuel Fosso, Nicola Lo Calzo, Tabita Rezaire, Maïmouna Guerresi… Les 16 photographes réunis questionnent de façon subtile, poétique et critique les religions, les superstitions, mais aussi les mythes du continent africain. Et révèlent l’invisible. I.B.

Exposition « Croyances : faire et défaire l’invisible » à l’Institut des cultures d’islam
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Exposition « Croyances : faire et défaire l’invisible » à l’Institut des cultures d’islam

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© Bruno Hadjih

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Croyances : faire et défaire l’invisible

Du 12 mars 2020 au 27 décembre 2020
Fermeture entre le 2 août et le 1er septembre 2020.

www.institut-cultures-islam.org

À Lafayette Anticipations : Rachel Rose, de la naissance à l’espace

On a beau savoir que l’architecture de Lafayette Anticipations a été conçue pour être évolutive et changer au fil des expositions, la surprise reste grande de voir le lieu ainsi bouleversé pour Rachel Rose (née en 1986). C’est dans une antre sombre que l’on pénètre pour découvrir, comme dans le ventre de l’artiste, les sculptures Borns. Faites de roche et de verre, autrement dit composées « d’une seule et même matière présentée dans deux états et deux moments différents », elles déclinent le moment de la gestation et font apparaître des temps distincts : « J’ai créé les Borns quand j’étais enceinte (…) la grossesse me faisait directement ressentir cette alchimie entre temps long et temps rapide. » Évoquant l’œuf, motif cher à l’artiste, cette première installation répond à la dernière, Everything and More, cosmique dans son écrin de lumière du troisième étage. Soit l’interview d’un astronaute mêlée à des images de foule, exaltante immersion mi-intime mi-collective qui termine ce parcours – où l’on aura exploré, en vidéo, l’univers des contes pour enfants et les origines du capitalisme dans les champs (brutalement privatisés au XVIe siècle en Grande-Bretagne). Quand « l’art nous aide à regarder les mystères de l’existence. » M.C.L.

Rachel Rose, Second born [détail]
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Rachel Rose, Second born [détail], 2019

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Techniques mixtes • © Andrea Rossetti / Lafayette Anticipations, Paris

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Rachel Rose

Du 13 mars 2020 au 13 septembre 2020
Réouverture le 25 mai.

www.lafayetteanticipations.com

Allô la Terre

« Le vent se lève » au MAC VAL et, avec lui, tous les questionnements relatifs aux relations complexes qu’entretient l’humanité avec la Terre. L’institution vitriote ausculte ces rapports tantôt cruels tantôt porteurs d’espoir à la lumière des œuvres de sa collection (dont des acquisitions récentes). Hicham Berrada, Pierre Ardouvin, Lola Gonzàles ou encore Tatiana Trouvé nous amènent à repenser notre rapport au monde et à l’environnement. Pour mieux envisager l’avenir ? I.B.

Exposition « Le vent se lève » au musée d’Art contemporain du Val-de-Marne
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Exposition « Le vent se lève » au musée d’Art contemporain du Val-de-Marne

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Bianca Argimon, Weltschmerz, 2019, crayon de couleur sur papier, 97 × 130 cm / Coll.Mac val – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne / Acquis avec la participation du FRAM île-de-France © DR

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Le vent se lève

Du 7 mars 2020 au 17 octobre 2021

www.macval.fr

Un nouvel espace pour la galerie Semiose et des galeries ouvertes tout l’été

Il est né en 1992 en Hongrie et vit aujourd’hui à Londres : Szabolcs Bozó inaugure la nouvelle adresse de la galerie Semiose, rue Quincampoix à Paris (en lieu et place de l’ancienne galerie du Jour d’Agnès b.), et la peuple de dizaines de monstres aussi colorés qu’attachants. Avec leurs yeux et leurs bouches grands ouverts, ils s’inscrivent sur fond blanc et réinventent des formes zoomorphes de toutes sortes, doublées de fantaisie et d’humour. Coiffés d’un petit chapeau, à deux têtes ou à huit pattes, ces drôles de bestioles s’installent en riant selon différents formats et nous renvoient le reflet de nos humanités disparates. Petit à petit, le sourire que cet étrange bestiaire nous inspire d’emblée se mue en une émotion tenace, car c’est l’immensité de nos singularités qui se présente ici. À voir également dans les galeries parisiennes – qui, rappelons-le, restent ouvertes cet été et sont gratuites, un joli dialogue entre Leo Chesneau et Madeleine Roger-Lacan chez Frank Elbaz, ou encore les spectaculaires dessins de Marc Brandenburg chez Thaddaeus Ropac. M.C.L.

Exposition Szabolcs Bozó “Big Bang”,  Galerie Semiose, Paris
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Exposition Szabolcs Bozó “Big Bang”, Galerie Semiose, Paris

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Courtesy Semiose, Paris / Photo de Aurélien Mole / © Szabolcs Bozó

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Szabolcs Bozó Big Bang

Du 19 juin 2020 au 1 août 2020

semiose.com

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Leo Chesneau - Madeleine Roger-Lacan, Twister

Du 9 juillet 2020 au 29 août 2020

www.galeriefrankelbaz.com

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Marc Brandenburg, Snowflake

Du 27 juin 2020 au 5 septembre 2020

www.ropac.net

EN FRANCE ET AUTOUR

À la villa Datris, quand l’art recycle ce qu’il trouve dans la rue !

Voir dans un sac plastique un élément sculptural (Claire Morgan), deviner sur une vieille pellicule un paysage enchanteur (Agnès Varda), façonner dans un pneu des gravures dignes d’un orfèvre (Wim Delvoye)… Seuls les artistes et leur imagination bouillonnante peuvent accomplir de tels exploits ! D’Arman à Jean Tinguely, de Pascale Marthine Tayou à Tatiana Trouvé, la villa Datris interroge la pratique du recyclage et du surcyclage dans l’art moderne et contemporain, et formule une ode à l’inventivité, à la recherche de formes esthétiques dans les déchets, les rebuts et les restes. Une belle façon de survivre à la surconsommation. M.C.L.

Exposition “Recyclage, Surcyclage” à la Villa Datris, Isle-sur-la-Sorgue
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Exposition “Recyclage, Surcyclage” à la Villa Datris, Isle-sur-la-Sorgue

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Villas Datris, Isle-sur-la-Sorgue/ Photo de Franck .Couvreur / © Murigneux Bernard

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Recyclage, surcyclage

Du 20 juin 2020 au 1 novembre 2020

fondationvilladatris.fr

La basket dans tous ses états

Elles sont partout. Dans les salles de sport, dans la rue, toujours à nos pieds… et désormais au musée ! Le musée des Arts décoratifs de Bordeaux consacre une exposition aux sneakers, qui sont devenues, en l’espace de quelques décennies à peine, un des objets de consommation et de design les plus convoités. À tel point que certains les collectionnent, comme de véritables œuvres d’art ! À travers 600 paires mythiques, mais aussi des extraits de film, des photos et différents témoignages, le parcours de « Playground » retrace l’histoire de ces accessoires de mode emblématiques de la pop culture, en donnant, au passage, un bon coup de pied aux clichés qui lui collent encore aux basques. I.B.

Exposition « Playground : le design des sneakers »  au Musée des Arts Décoratifs et du Design de Bordeaux
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Exposition « Playground : le design des sneakers » au Musée des Arts Décoratifs et du Design de Bordeaux

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Musée des Arts Décoratifs et du Design, Bordeaux / © Photo de Tom Mannion

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Playground - Le design des sneakers

Du 20 juin 2020 au 10 janvier 2021

madd-bordeaux.fr

À Saint-Nazaire : Edith Dekyndt, une mer de réfrigérateurs

On les aperçoit depuis la rue, à travers les larges vitrines du Grand Café : posés sur le sol, allongés ou debout, les réfrigérateurs récupérés par l’artiste belge Edith Dekyndt (née en 1960) dans un entrepôt de Hambourg en Allemagne offrent un sinistre spectacle aux passants de Saint-Nazaire. Là où naguère on dînait et dansait règne désormais un paysage glacial, sali par des années d’usure. Ces déchets, Edith Dekyndt en montre le poids, lourd, et nous raconte aussi bien sa référence à la toile la Mer de glace (1824) de l’artiste romantique Caspar David Friedrich, que l’histoire du commerce international, qui veut que des ports comme Hambourg voient partir des bateaux remplis de rebuts vers des régions précaires (certaines parties de l’Afrique, par exemple). À l’étage, un vieux canapé détrempé et un store brûlé par le soleil et déplié comme un tableau poursuivent le récit. Notre œil, pendant ce temps-là, n’en fait qu’à sa tête, fasciné par les marques du temps sur les objets, ses auréoles et ses couleurs délavées. M.C.L.

Edith Dekyndt, The Black, The White, The Blue
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Edith Dekyndt, The Black, The White, The Blue, 2019

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Réfrigérateurs, bris de verre, son (2 enceintes, lecteur multimédia, table de mixage), vue de l’exposition "The Black, The White, The Blue" au Grand Café – centre d’art contemporain • Courtesy Konrad Fischer Galerie, Düsseldorf-Berlin / © Photo Marc Domage

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Edith Dekyndt

Du 15 février 2020 au 30 août 2020

www.grandcafe-saintnazaire.fr

À Chalon-sur-Saône : Jean-François Bauret, photographe de nus et de scandales

Il a été au cœur d’un scandale qui ferait sourire aujourd’hui : en 1967, Jean-François Bauret (1932–2014) photographie un homme entièrement nu pour une marque de sous-vêtements masculine, Sélimaille. Outrage ! Quelques mois plus tard, rebelote avec une femme enceinte et une petite fille nues pour la marque Materna. On n’a alors jamais vu ça, la nudité frontale pour vendre des produits de consommation courante. C’est donc lui, Jean-François Bauret, qui l’impose, avec cet esprit typique de la fin des années 1960, mi-subversif mi-complaisant. Des publicités, il en fera des dizaines, le gagne-pain est viable. Il fera aussi de très beaux portraits, de l’artiste César, de Joan Mitchell, de Pierre Alechinsky sous les arbres, et travaillera aux côtés de l’architecte Andrée Putman, qui lui permit d’obtenir ses premières commandes. Un photographe de son temps, qu’on avait un peu oublié avant d’entendre parler de lui à nouveau, en 2017, lorsque la star Jeff Koons est condamnée pour avoir plagié l’un de ses clichés et en avoir fait une sculpture. M.C.L.

Jean-François Bauret, Publicité Sélimaille [Frank Protopapa]
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Jean-François Bauret, Publicité Sélimaille [Frank Protopapa], 1967

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Tirage sur papier au gélatino-bromure d’argent • © Jean-François Bauret

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Jean-François Bauret

Du 13 février 2020 au 20 septembre 2020
Le musée a rouvert ses portes depuis le 25 mai,
aux horaires et jours habituels d'ouverture
et dans le respect des règles sanitaires.

www.museeniepce.com

Des musées municipaux gratuits un peu partout en France

Certaines villes ont fait le pari d’ouvrir gratuitement leurs musées et expositions tout l’été. C’est le cas de Bordeaux – qui invite à découvrir, dans l’imposante nef du CAPC, une trentaine de films et vidéos d’artistes – mais aussi de Marseille, Cholet, Limoges et Besançon. À Paris, cet été comme toute l’année, les collections permanentes des musées municipaux (musée d’Art moderne, Petit Palais, musée Cernuschi…) sont également entièrement accessibles. F.G.

Entrée du musée des Arts décoratifs et du Design, Bordeaux
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Entrée du musée des Arts décoratifs et du Design, Bordeaux, 2016

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Musée des Arts Décoratifs et du Design, Bordeaux / © Patrick Faigenbaum

À Annemasse, où les sens se troublent…

Née en 1986, l’artiste genevoise Chloé Delarue a passé la frontière pour s’installer à la Villa du Parc d’Annemasse, et y déployer son projet TAFAA (Toward a Fully Automated Appearance) (« Vers une apparence entièrement automatisée »). Après avoir traversé les environs verdoyants du centre d’art, le visiteur se retrouve dans des pièces baignées de lumière artificielle, jaune, orange ou violette, et pris dans un environnement immersif et, disons-le, légèrement angoissant. Là, des installations de néons et d’éléments disparates attirent le regard, envahies de chairs organiques et de latex – un paysage contemporain est comme laissé à l’abandon. Un projet qui nous parle de l’obsolescence du présent. Voire, aussi, du futur.  M.C.L.

Exposition “Tafaa – The Century of the Snitch” de Chloé Delarue, Villa du Parc – Centre d’art contemporain, Annemasse
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Exposition “Tafaa – The Century of the Snitch” de Chloé Delarue, Villa du Parc – Centre d’art contemporain, Annemasse

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Villa du parc - Centre d'art contemporain, Annemasse / Photo de Aurélien Mole / © Chloé Delarue

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Chloé Delarue, Tafaa – The Century of the Snitch

Du 8 février 2020 au 26 juillet 2020

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