L’accusation est sans appel. “La quasi-totalité de l’industrie du prêt-à-porter [mondiale] profite du travail forcé des Ouïgours et des turcophones musulmans”, assène, dans un communiqué rendu public ce jeudi 23 juillet et repris par The Guardian, une coalition de groupes de défense des droits de l’homme. En d’autres termes, renchérit The New York Times, “un vêtement en coton sur cinq vendus dans le monde contient du coton ou du fil produit dans le Xinjiang”.

Là, dans cette région du nord-ouest de la Chine, les autorités sont accusées d’avoir, au nom de la lutte antiterroriste, mis sur pied des programmes de travail forcé et d’internement à grande échelle “qui visent à transformer Ouïgours, Kazakhs et autres minorités musulmanes en travailleurs modèles dociles vis-à-vis du Parti communiste. D’un à deux millions de personnes seraient concernées. Les détenus sont pour beaucoup forcés de travailler dans des champs ou des usines pour des salaires de misère, voire sans rémunération du tout.

Dans son appel, rapporte The Guardian, la coalition affirme que “le système de travail forcé mis en place dans la région est le plus grand programme d’internement de minorité ethnique et religieuse depuis la Seconde Guerre mondiale”. Des internements qui s’accompagnent souvent de torture, de séparations forcées et même de stérilisations forcées des femmes ouïgoures.

Plus gros producteur de coton au monde

La Chine est plus le gros producteur de coton au monde, et 84 % de sa production totale provient du Xinjiang, précise le journal britannique. Un coton qui est souvent ensuite acheminé vers les usines de prêt-à-porter du Bangladesh, du Cambodge ou du Vietnam. Voilà quelques jours, le New York Times avait également révélé que certaines de ces usines approvisionnent le monde entier en masques et autres équipements médicaux.

Parmi les marques pointées du doigt par cette coalition figurent Gap, C & A, Adidas, Muji, Tommy Hilfiger, Lacoste ou Calvin Klein. Avant même la publication du communiqué, PVH, le groupe qui détient Tommy Hilfiger ou Calvin Klein, a annoncé répondre à cet appel en “cessant toute relation commerciale avec les usines et les filatures qui produisent des vêtements et du tissu dans le Xinjiang ou s’approvisionnent en coton de la région dans les douze mois à venir”, selon le New York Times.

Mais la liste est loin d’être exhaustive, souligne The Guardian, en citant Chloe Cranston, de l’organisation Anti-Slavery International :

Il est fort probable que toutes les marques, grand public ou de luxe, soient liées à ce qui est en train d’arriver au peuple ouïgour.”