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Cinq fautes de français à bannir de vos mails

Zaripov Andrei/undrey - stock.adobe.com

ORTHOGRAPHE - «Nous avons convenu», «il faut obligatoirement», «c'est une belle opportunité»... Les formules bardent nos mails professionnels. À tort. Le Figaro revient sur ces erreurs du quotidien.

Elle est là. Au bout de nos doigts. Prête à nous décrédibiliser en un coup d'œil et faire grimacer notre interlocuteur. La faute d'orthographe. Voilà la bête noire de tout Français! Qu'importe en effet le correcteur automatique si le mot existe. Elle passera toujours entre les mailles du filet, quand il faudra, par exemple, écrire la phrase «ils se sont parlé(s)» ou utiliser des participes passés, des traits d'union ou des mots invariables.

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Que faut-il préférer entre les locutions «d'ici demain» et «d'ici à demain»? «tout à coup» et «tout d'un coup»? Qu'en est-il par ailleurs de la construction «commencer avec»? Est-elle vraiment correcte? Rien n'est moins sûr... Le Figaro revient sur ces fautes d'orthographe courantes qui empoisonnent nos mails.

● Je me rappelle de ce dossier

L'erreur de préposition est courante. Aussi banale que le petit «à», dans la phrase «ils ont pallié à leur problème de rétroprojecteur pour le rendez-vous de mardi». Faut-il pour autant faire se résoudre à l'accepter dans nos conversations? Certes non! Rappelons-nous en effet que le verbe «se rappeler» est transitif direct. Cela signifie qu'il se construit directement et que son complément d'objet est introduit sans préposition. Pour être correct, il faut donc écrire: «Je me rappelle bien ce dossier». De la même manière, on note «je me le rappelle» et non «je m'en rappelle».

Précisons toutefois que le verbe «se rappeler» peut se construire avec la préposition «de». On notera trois exceptions. Quand il sera question de pronoms personnels. Exemple: «Je me souviens de toi, je me souviens d'eux.» Lorsqu'on emploiera la construction «se rappeler de + infinitif passé». Exemple: «Je ne me rappelle pas d'avoir envoyé ces documents.» Enfin, dans la formule «se rappeler de + infinitif», si le complément d'objet qualifie une action à venir. Exemple: «Rappelle-toi de les envoyer dans leurs boîtes e-mail.»

● Nous avons convenu d'un rendez-vous

Ça y est! Après maintes et maintes tentatives, vous y êtes finalement parvenus. «J'ai enfin convenu d'un rendez-vous avec notre chef», lancez-vous à votre collègue. Votre joie est palpable mais votre voisin de siège tient à calmer vos ardeurs. «Tu veux dire, que vous êtes convenus d'un rendez-vous?» Comment donc! Vous vous seriez trompé dans la construction de votre phrase?

En effet! Ainsi que le rappelle l'Académie française dans sa rubrique Dire / Ne pas dire, le verbe «convenir» lorsqu'il signifie «correspondre aux besoins, aux goûts, aux aptitudes de quelqu'un» doit se construire avec «avoir». Exemple: «Cette situation m'a convenu.» A contrario, quand «convenir» a pour signification «décider, arrêter d'un commun accord», le verbe peut seulement se construire avec l'auxiliaire «être». On dira donc bien: «Nous sommes convenus d'un rendez-vous.»

● C'est une belle opportunité

Si l'occasion fait le larron, elle ne fait pas l'opportunité. Ainsi que le précise l'Académie française, le mot «opportunité» employé dans le sens «d'occasion» est un anglicisme, donc un abus de langage. En effet, «opportunité» s'utilise uniquement dans des formules telles: «On juge, on discute de l'opportunité d'une décision, d'une mesure.»

Le terme «occasion» caractérise un fait précis, «opportun parce qu'il favorise un dessein». On pourra donc l'employer dans des formules telles: «Chercher l'occasion, profiter de l'occasion, avoir l'occasion de...» Ce qui sera déconseillé avec le terme «opportunité». Conclusion? On peut avoir «l'occasion de briller devant son N+1 durant un déjeuner» mais on n'aura jamais que la possibilité de «discuter d'une opportunité» avec lui.

Précisons que les synonymes sont nombreux pour éviter l'anglicisme: «aubaine», «possibilité», «chance», etc.

● Il faut obligatoirement, vous devez impérativement!

L'injonction a de quoi glacer. Et plutôt deux fois qu'une! Non seulement la formule est très sèche, mais elle intime à son interlocuteur, par son procédé de redondance, d'agir sans mot dire. En effet, la formule «il faut obligatoirement», comme sa voisine «vous devez impérativement», constitue un «pléonasme».

Plutôt que de donner une peur panique à notre interlocuteur en lui donnant un ordre doublé d'un pléonasme, on préférera employer les traditionnels «il faut que...», «vous devez...», «il est impératif que...». Alfred Gilder le garantit: «À l'écrit, vous gagnerez de la place. À l'oral, on vous comprendra et vos ordres seront mieux exécutés».

● Un espèce de résumé

Il ne viendra à l'esprit de personne d'écrire: «C'était un sorte de résumé très abscons.» Alors pourquoi nous arrive-t-il de noter la formule «une espèce» au masculin? Peut-être, tente Alfred Gilder dans Les 300 plus belles fautes... à ne pas faire et autres extravagances à éviter, par imitation des locutions «un type» et «un genre de»? Après tout, comme le rappelle l'auteur, «le syntagme “espèce de“ prenait le genre du complément» au XVIIIe siècle. On le retrouvait d'ailleurs sous la plume de Victor Hugo écrit «un espèce de grand homme» ou chez Mauriac, noté «cet espèce de phtisique». Mais passons!

À notre époque moderne, la formule «espèce de» ne peut plus se payer le luxe de revêtir le masculin ET le féminin. Elle doit désormais toujours être mise au féminin. Et ce, «quel que soit le genre de son complément», précise l'Académie. Pour être correct, on dira donc «c'était une espèce de résumé abscons.»

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4 commentaires
  • Michel167382

    le

    "À tort" Quand j'étais petit, un accent sur une majuscule comptait pour une faute! Mais M. MICROSOFT en a décidé autrement?

  • Rene Mettey

    le

    "une espèce de gonds", dit par un Alsacien, est très vulgaire...

  • pasdhypocrisie

    le

    Le énième article du Fig sur ce type de sujet. Je conseille à l'écrivain ayant rédigé ce brillant article de s'intéresser à une approche beaucoup plus prosaïque: la construction des phrases. Il pourra relever moult incorrections dans les articles du journal qui le paye.

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