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Pour la première fois de leur histoire, les hallebardiers de la Tour de Londres risquent le chômage

L’organisme qui gère la Tour prévoit de supprimer les postes de certains de ses célèbres gardes. En cause : la baisse d’affluence – et donc de revenus – causée par la pandémie.

Publié le 21 juillet 2020 à 20h58, modifié le 22 juillet 2020 à 09h11 Temps de Lecture 3 min.

Les « Beefeaters » étaient initialement chargés de la protection des joyaux de la Couronne britannique et de la surveillance des prisonniers.

Après plus de cinq cents ans de services, eux aussi risquent de connaître le chômage. Les trente-sept gardes de la Tour de Londres, à la tenue de cérémonie rouge et or et au chapeau noir, comptent parmi les icônes du Royaume-Uni. Mais cela ne suffira pas à les protéger : certains d’entre eux s’apprêtent à perdre leur emploi, la pandémie ayant affecté les revenus du célèbre monument dont ils ont la charge.

C’est la première fois que les gardes de la Tour font face à une suppression de postes. Deux d’entre eux avaient déjà connu un licenciement, en 2009, après le harcèlement dénoncé par Moira Cameron, première femme à être devenue garde de la Tour deux ans plus tôt.

« C’est une situation absolument sans précédent, (…) ce sont des équipes de grande valeur, les circonstances nous ont mis dans cette position. Ce n’est pas un choix », précise le communiqué publié lundi 20 juillet par Historic Royal Palaces (HRP, pour « palais royaux historiques »), l’association qui emploie les gardes.

Départs volontaires… ou contraints

La suppression de certains postes est l’une des mesures économiques prises par la Tour de Londres face à la crise due au Covid-19. « Nous avons pris toutes les mesures possibles pour sécuriser notre situation financière, mais nous devons en faire davantage pour survivre sur le long terme. Nous n’avons simplement pas d’autre choix que de réduire nos charges salariales. »

Le bâtiment, fermé au public le 20 mars pendant près de quatre mois, a généré, de fait, moins de recettes. L’association HRP est autofinancée ; 80 % de ses revenus de l’année dernière provenaient des visiteurs. Le coronavirus a donc porté « un coup dévastateur » à sa trésorerie, constate John Barnes, son directeur général. La Tour de Londres a pu rouvrir seulement le 10 juillet dernier.

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HRP dit avoir mis en place un plan de départs volontaires en juin, clôturé la semaine dernière. L’organisme n’a pas communiqué le nombre de gardes s’étant manifestés. Si aucun d’eux ne se présente, il devra envisager des départs contraints.

« Si des gardes devaient être licenciés, nous prendrons des mesures pour que la transition se fasse en douceur, et ferons en sorte qu’ils bénéficient des délais de préavis nécessaires », a ajouté HRP.

Les gardes n’ont pas encore officiellement réagi à cette annonce. En 2019, estimant leur retraite menacée, ils avaient troqué leur tenue traditionnelle pour des gilets jaunes lors d’une grève. Ils n’avaient alors pas manifesté depuis cinquante-cinq ans.

Médaille d’ancienneté et de bonne conduite

Les gardes de la Tour de Londres, aussi appelés Yeomen Warders et connus par leur surnom de « Beefeaters » (« mangeurs de bœuf », car ils pouvaient en manger autant qu’ils le souhaitaient à la table du roi, avance HRP) étaient initialement chargés de la protection des joyaux de la Couronne britannique et de la surveillance des prisonniers. La Tour de Londres n’abritant plus de détenus depuis longtemps, le rôle des Beefeaters a beaucoup évolué. Ils constituent à eux seuls une des attractions des lieux, guidant les visiteurs dans leurs tenues traditionnelles et posant sur quasiment toutes les photos souvenir de ce lieu, dans lequel ils vivent.

C’est également à eux que revient la tâche de nourrir les corbeaux pensionnaires de la Tour de Londres. Une croyance veut que si ces corbeaux disparaissent, la Couronne tombera et entraînera le pays dans sa chute – chaque oiseau a donc des ailes raccourcies, et des corbeaux « de rechange » sont prévus en cas de désertion.

Pour pouvoir porter le célèbre uniforme, un Beefeater doit avoir servi au moins vingt-deux ans dans les forces armées britanniques

D’après le site officiel de HRP, les origines des Yeomen Warders remontent au règne d’Edouard IV (1461-1483). Ils appartenaient initialement aux Yeomen of the Guard, chargés de protéger le roi, avant qu’Henri VIII ne décide, au XVIe siècle, de les affecter à la protection de la Tour de Londres. Pour pouvoir porter le célèbre uniforme, un Beefeater doit avoir servi au moins vingt-deux ans dans les forces armées britanniques, au rang d’adjudant ou de sous-officier supérieur. Les candidats doivent également détenir une médaille d’ancienneté et de bonne conduite s’ils souhaitent avoir l’opportunité de vivre et de travailler à la Tour de Londres. L’édifice, construit aux alentours de 1078 par Guillaume le Conquérant, est désormais visité par plus de trois millions de personnes par an – quand le Covid ne s’en mêle pas.

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