La dangereuse «Twitterisation» du débat public
Il y a une dizaine d’années, quand Twitter n’était encore qu’un site de microblogging confidentiel utilisé par 200 000 personnes en France, il était considéré comme le meilleur réseau social pour découvrir ceux que vous vouliez apprendre à connaître. C’est de moins en moins vrai. Au contraire, Twitter semble être devenu le plus redoutable des outils pour attaquer tous ceux que l’on souhaiterait voir disparaître. Grâce à un solide triptyque : effet de meute, refus de la nuance et prime à l’émotion, qui en font une spectaculaire arme de déstabilisation passive, où quelques retweets paresseux servent de munitions pour écraser les discussions.
Cette mécanique est si efficace que même ceux qui en sont les victimes ne peuvent s’empêcher d’y avoir recours lorsqu’il s’agit de faire tomber un adversaire. Elle est si efficace que certains ne résistent plus, non plus, à la tentation de l’importer dans le monde réel.
Effet de meute, refus de la nuance et prime à l’émotion, au détriment du débat public, de la diversité de vues et du processus démocratique. C’est ainsi qu’à Paris deux élues féministes soutenues par EELV ont poussé un adjoint au maire vers la sortie et la majorité de la capitale au bord du précipice. C’est aussi ce que visent les individus qui crient « sale violeur » quand Gérald Darmanin rend hommage au père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray : tout déplacement du Ministre de l’Intérieur est devenu un appeau à trolls.
Bien sûr, il ne s’agit pas de remettre en cause la liberté de manifester ou d’expression dont ces activistes bénéficient. On ne peut que redouter cette « twitterisation » du débat public. Quand la morale l’emporte sur le droit, la certitude sur la réflexion, l’oblitération sur l’explication, elle ne peut mener qu’au pire.
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