Le Venezuela a annoncé lundi 31 août avoir gracié plus de 100 responsables politiques de l’opposition, dont plus de vingt parlementaires qui étaient accusés d’avoir fomenté un complot contre le président, Nicolas Maduro, alors que le pays d’Amérique latine tiendra des élections législatives en décembre.
Cette démarche suggère que le Parti socialiste au pouvoir entend favoriser la participation pour le scrutin, qu’une partie de l’opposition a prévu de boycotter en dénonçant une fraude.
Parmi les graciés par décret présidentiel figurent notamment le parlementaire Freddy Guevara, qui avait demandé l’asile à l’ambassade du Chili, et Roberto Marrero, qui a été le secrétaire général du chef de l’opposition et président de l’Assemblée, Juan Guaido.
« Nous espérons que ces mesures (…) contribuent à maintenir l’orientation démocratique de tous ces acteurs politiques », a déclaré le ministre de l’information, Jorge Rodriguez, lors d’une conférence de presse.
« Roberto Marrero en liberté », a tweeté son avocat, Joel Garcia, avec une photo du bras droit de M. Guaido dans un véhicule à proximité du siège du renseignement à Caracas plus tard dans la soirée. Les parlementaires Gilber Caro et Renzo Prieto ont eux aussi été « libérés », a écrit pour sa part leur collègue Sandra Flores, également sur Twitter.
Prison ou asile
Une grande partie des noms mentionnés ont pris part à un mouvement avorté de révolte en 2019 dans le but de convaincre l’armée d’abandonner Nicolas Maduro, dont l’opposition et de nombreux pays contestent la légitimité.
Certains étaient en prison, tandis que d’autres ont demandé l’asile politique ou se trouvent en exil. « Maduro n’est pas président et je ne suis pas délinquant, a réagi le parlementaire Americo de Grazia, dont le nom figure sur le décret présidentiel. Si vous voulez contribuer à la paix, accordez le pardon au Venezuela pour l’usurpation de pouvoir. »
Le décret ne fait aucune mention de Leopoldo Lopez, l’une des figures de l’opposition, qui a été emprisonné en 2014 pour avoir mené des manifestations contre le président socialiste et qui vit désormais à l’ambassade d’Espagne.
Guaido réagit
Le gouvernement utilise ces grâces « comme monnaie d’échange » pour « légitimer une farce », c’est-à-dire les élections législatives du 6 décembre que l’opposition compte boycotter, a réagi M. Guaido. « On ne gracie pas des innocents ni ceux qui ont une immunité. »
Depuis janvier 2019, Juan Guaido, que près de soixante pays dont les Etats-Unis reconnaissent comme chef d’Etat par intérim, tente d’évincer Nicolas Maduro du pouvoir. Il estime que le président socialiste, qui jouit du soutien de Cuba, de la Chine et de la Russie, est un « usurpateur » après sa réélection « frauduleuse » lors de la présidentielle de 2018.
Juan Guaido ne figure pas parmi les personnes graciées. La justice vénézuélienne, que l’opposition accuse d’être aux ordres du pouvoir, le poursuit dans plus d’une demi-douzaine d’affaires. Il est notamment accusé d’avoir voulu renverser Nicolas Maduro lors d’un appel au soulèvement de l’armée – resté sans effet – le 30 avril 2019, mais il est libre de ses mouvements à l’heure actuelle.
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