Neuralink : Elon Musk teste ses implants neuronaux sur des truies

Avec son entreprise Neuralink, Elon Musk ambitionne de développer des implants neuronaux destinés aux êtres humains. Lors d’une conférence de présentation du prototype, l’entrepreneur a révélé que des expérimentations étaient déjà en cours sur des truies. Cependant, certains scientifiques doutent toujours de la possibilité de déployer, à terme, un tel dispositif.

Neuralink : Elon Musk teste ses implants neuronaux sur des truies
Image d'illustration Shutterstock

[Mise à jour du 30 novembre 2022 : Dans un tweet, la start-up fondée par Elon Musk a annoncé un événement qui se tiendra dans la nuit du 30 novembre au 1er décembre, à trois heures du matin heure française. Aucun détail n’a pour l’instant été communiqué sur la nature de cet évènement.]

[Mise à jour du 3 février 2021 : Quelques mois après ses expérimentations sur les truies, la société Neuralink a placé une puce informatique dans le crâne d’un singe afin de le faire jouer à des jeux vidéo « à partir de son esprit ». C’est en tout cas ce qu’a affirmé son dirigeant Elon Musk le dimanche 31 janvier sur le réseau social Clubhouse.]

Révolution scientifique ou fantasme transhumaniste ? Comme souvent avec Elon Musk, la question fait débat. Souvenez-vous : en 2017, l’entrepreneur américain annonçait la création d’une nouvelle entreprise, Neuralink, destinée à créer des interfaces homme-machine qui permettraient, à terme, de renforcer nos capacités cognitives en agissant directement sur notre cerveau. Trois ans plus tard, la star de la Silicon Valley vient de faire la démonstration en grande pompe de l’avancée de ses travaux, imaginant carrément un futur où l’on pourra « sauvegarder ses souvenirs, et potentiellement les télécharger dans un autre corps ou dans un robot. »

Une puce de 8 millimètres

Le temps d’une conférence d’un peu plus d’une heure retransmise en direct sur YouTube dans la nuit de vendredi 28 à samedi 29 août, des salariés de l’entreprise américaine se sont ainsi succédés sur scène pour présenter les avancées de la dernière version de l’implant neuronal qu’ils ont mis au point. Baptisé The Link, ce dernier fonctionne grâce à la technologie Bluetooth pour communiquer avec l’ordinateur auquel il est relié. Comme le note France Info, à l’origine, l’interface devait « prendre la forme de minuscules électrodes reliées à un appareil situé sur le crâne, à proximité de l’oreille, lequel faisait le lien avec un ordinateur. » Mais c’est finalement une puce de 8 millimètres, devant directement être implantée à l’intérieur du crâne pour fonctionner, qui a été conçue.

Surtout, Musk a révélé au cours de l’évènement qu’une expérimentation du prototype était déjà en cours sur… trois truies. Ou plus exactement sur une seule, Gertrude, puisque les deux autres serviront de points de comparaison : l’une, Dorothy, a bénéficié de l’implant avant de se le voir retirer (pour montrer que l’opération n’est pas irréversible), tandis que l’autre, Joyce, n’en a jamais porté. Le fondateur de Tesla s’est d’ailleurs réjoui du fait que l’activité neuronale de Gertrude a d’ores et déjà pu être observée en temps réel sur un écran, lorsqu’elle avançait sur un tapis roulant dans son enclos. Avant d’annoncer, tout sourire, que Neuralink venait d’obtenir l’approbation des autorités sanitaires américaines pour passer à l’étape des « implantations humaines », sans donner plus de précisions.

« Sur le long terme, je suis certain que chacun pourra retrouver l’usage complet de son corps »

Au-delà du contexte de bataille autour de l’intelligence artificielle dans lequel il s’inscrit, le projet a pour objectif (affiché) d’offrir des solutions aux patients atteints de maladies neurologiques. Car à partir des signaux envoyés par la puce, l’ordinateur qui reçoit les informations est capable de visualiser à tout moment où se trouvent chacun des membres du corps en question — une fonctionnalité potentiellement très prometteuse pour les personnes paraplégiques, par exemple. « Sur le long terme, je suis certain que chacun pourra retrouver l’usage complet de son corps », veut croire Musk.

Ambitions commerciales

Malgré l’enthousiasme du milliardaire, de nombreuses voies scientifiques se sont élevées en marge de la conférence pour lui rappeler la structure très particulière du cerveau humain, qui le rend particulièrement délicat à manier. « Chaque cerveau a une structure unique, massivement interconnectée », met notamment en garde Dean Burnett, chercheur à l’université de Cardiff, auprès de l’AFP. D’autant que, comme souvent avec les projets de celui qui est aussi le patron de Space X, ambitions commerciales et scientifiques semblent se confondre : « L’objectif du fantasque patron, avec cette présentation sur YouTube, était avant tout de séduire et recruter de nombreux ingénieurs, chirurgiens, chimistes, spécialistes de la robotique et autres, poursuit l’AFP dans son article sur le sujet. La start-up ne compte qu’une centaine de salariés, mais en espère 10 000 aussi vite que possible. »

« La plupart des prétentions médicales de Neuralink restent hautement spéculatives »

Un mélange des genres qui donne un aspect spectaculaire à ce genre de présentation, mais dont rien n’indique qu’il tiendra ses promesses d’un point de vue purement scientifique. C’est précisément ce que dénonce le spécialiste des biotechnologies Antonio Regalado dans un article très éclairant publié par la MIT Technology Review : « La plupart des prétentions médicales de la société restent hautement spéculatives, avance-t-il. Bien que Musk affirme que ses implants “pourraient résoudre la paralysie, la cécité, l’audition”, ce dont [la science] manque actuellement, ce n’est pas 10 fois plus d’électrodes mais des connaissances scientifiques sur les déséquilibres électrochimiques. » De quoi doucher les espoirs et les craintes suscitées par l’idée d’un cerveau humain « augmenté ». Pour l’instant ?

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