“Le coronavirus rend les villes plus chères”, prévient le magazine Forbes – et la tendance devrait encore s’accentuer. En l’occurrence, les derniers classements destinés à aider les entreprises et les administrations à fixer le montant des “packages” proposés à leurs expatriés ne sont pas d’un grand secours, les données disponibles datant de mars-avril derniers, soit des débuts de la crise sanitaire mondiale. Mais “aucun classement n’est à l’abri du coronavirus”, souligne Forbes, et en ce qui concerne le coût de la vie “les fermetures de frontières, les vols annulés, le confinement obligatoire et toutes les perturbations survenues ont affecté non seulement le coût des biens et des services, mais aussi la qualité de vie des expats”, explique Ilya Bonic, responsable de Mercer Stratégie, le spécialiste de la mobilité internationale.

Des surcoûts importants induits par la crise sanitaire

En d’autres termes : les villes les plus chères du monde sont devenues encore plus chères à cause de la pandémie de Covid-19. Non seulement les gels hydroalcooliques et autres désinfectants pour le bureau et la maison (particulièrement onéreux à New York, notamment) sont venus s’ajouter au panier de produits de première nécessité servant à calculer les forfaits d’expatriés, mais les logements avec jardin ou proches d’un espace vert coûtent désormais nettement plus cher à New York ou à Londres. Quant aux bureaux, ils doivent désormais être plus vastes pour accueillir le même nombre d’employés tout en respectant les distances sociales recommandées.

Autre surcoût important pour les entreprises qui emploient des expats : les rapatriements d’urgence. “En mars dernier, les multinationales ont dépensé des millions pour affréter des jets privés afin de ramener leur personnel à la maison.”

L’expatriation désormais trop chère pour les entreprises…

Conséquence : les entreprises réfléchissent aujourd’hui à deux fois avant de renvoyer leurs employés à l’étranger. “L’âge d’or des gros salaires non imposables et des modes de vie pépères à l’étranger est passé, tué par le coronavirus”, diagnostique Forbes. De fait, “les multinationales connaissent actuellement un gel massif des embauches”, constate Zahra Clark, spécialisée dans le recrutement à Dubaï. À Hong Kong – où le coronavirus et le ralentissement de l’activité économique mondiale ne sont pas seuls en cause –, le nombre de visas de travail délivrés par les services de l’immigration a chuté de plus de 60 % entre janvier et juin de cette année.

“Plutôt que de parier sur un rebond spectaculaire de la mobilité, les entreprises devraient se préparer au redéploiement de leur main-d’œuvre mobile en faisant preuve d’empathie car tous les expatriés ne sont pas prêts à (re) partir à l’étranger”, recommande Ilya Bonic, chez Mercer.

… et nettement moins attrayante pour les expats

La preuve : les expatriés britanniques à Hong Kong “reviennent en masse” au Royaume-Uni, selon un agent immobilier local interrogé par The Daily Telegraph, et cherchent désormais à acheter sur place. D’autres expats, qui vivent depuis des années à Singapour, en Australie ou en Chine continentale, se sont mis en quête ces derniers mois d’un bien dans leur pays d’origine, susceptible de faire office de port d’attache ou de base de repli, constate The Times. Les avantages de l’expatriation, qui ne sont décidément plus ce qu’ils étaient, sont désormais contrebalancés par la perspective des douze heures de vol nécessaires pour retrouver leurs parents au pays ou pour rejoindre les enfants inscrits dans une université européenne et “beaucoup sont actuellement en train de revoir leurs projets à long terme”.