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Mers et océans

C’est une première : des chercheurs quantifient l’impact des constructions humaines sur les océans

Une équipe de recherche internationale a cartographié et quantifié pour la première fois l’empreinte des constructions humaines sur les océans. Les résultats de leur étude montrent que les zones maritimes les plus riches en biodiversité sont les plus fragilisées ! 

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Port de marchandises

Les ports de marchandises ont un fort impact sur les écosystèmes maritimes des zones côtières. 

Pixabay

Contrairement à l’empreinte de l’humanité sur les continents, l’étendue du développement humain sur les océans n’avait jamais été quantifiée. C’est désormais chose faite, depuis qu’une équipe internationale de chercheurs en sciences de l’environnement et en biologie marine a publié une étude dans laquelle ils cartographient l’étendue des constructions humaines sur les océans.

Les constructions fragilisent les zones les plus riches en biodiversité

Les résultats de leur étude, publiés le 31 août 2020 dans la revue Nature Sustainability montrent que les constructions maritimes couvrent une superficie totale de 30.000 km2, soit l’équivalent de 0,008 % de la surface océanique. "Le développement marin a lieu principalement dans les zones côtières, là où les environnements océaniques sont les plus riches en biodiversité", explique dans un communiqué Ana Bugnot, chercheuse à l’Institut de sciences marines de Sydney en Australie, et auteure principale de l’étude. Tunnels, ponts, plateformes pétrolières et gazières, parcs éoliens, ports, récifs artificiels et infrastructures d’aquaculture ont donc drastiquement modifié les espaces maritimes les plus précieux pour la biodiversité, ce qui a une réelle incidence sur les écosystèmes.

Carte de l'empreinte physique des constructions marines (en km2). Crédit : Bugnot et al, Nature Sustainability

Ce qui est particulièrement préoccupant, c’est que l’impact de ces structures ne se limite pas seulement aux 30.000 kilomètres carrés qu’elles couvrent : les effets de ces constructions vont au-delà de leur empreinte physique directe, précisent les auteurs de la publication. Ils ont quantifié les modifications environnementales engendrées par ces structures : pollution de l’eau, modification des débits d’eau et de l’hydrodynamique, bruits engendrés et champs électromagnétiques affectent au total 2 millions de km2 de surface océanique !

Une urbanisation maritime en expansion

Selon les projections réalisées dans cette étude, les constructions humaines pourraient couvrir 40.000 km2 de surface maritime en 2028. La cause ? Les infrastructures destinées à la production électrique et à l’aquaculture, ainsi que les câbles et tunnels devraient voir leur surface augmenter de 50 à 70 % d’ici 8 ans. Et d’ici 2030, la capacité des ports commerciaux pourrait être multipliée par 2.

Les auteurs de l’étude précisent que cette future expansion massive sera principalement due aux besoins croissants des populations en matière de transport, aux loisirs ainsi qu'à l’extraction et à la production d’énergie. Mais le réchauffement climatique et la nécessité de lutter contre l’élévation du niveau de la mer pourraient aussi contribuer à augmenter la surface des constructions maritimes… Car pour faire face aux marées montantes et aux tempêtes de plus en plus violentes qui menaceront les villes côtières, il sera nécessaire de bâtir des structures défensives, précisent les chercheurs. Ce phénomène d'urbanisation défensive est déjà en cours : une grande partie des rives naturelles des Etats-Unis ont déjà été remplacées par des digues, des brises-lames et d'autres structures permanentes. 

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