Maire de Givors insulté et menacé : six mois de prison ferme pour le corbeau raciste

Interpellé grâce au signalement d’une habitante de la ville du Rhône, le sexagénaire envoyait des lettres anonymes contenant insultes racistes et menaces de morts. Sa dernière cible : Mohammed Boudjellaba, récemment élu à la mairie.

 Le maire de Givors (Rhône) avait reçu fin août une longue lettre anonyme. Son auteur a été jugé vendredi en comparution immédiate. (Illustration).
Le maire de Givors (Rhône) avait reçu fin août une longue lettre anonyme. Son auteur a été jugé vendredi en comparution immédiate. (Illustration). LP/Olivier Boîtet

    Elle a fait le lien grâce aux réseaux sociaux. C'est en y découvrant une copie de la lettre truffée d'insultes racistes et de menaces de mort reçue le 22 août par le nouveau maire de Givors (Rhône), Mohammed Boudjellaba, qu'une habitante de cette commune située au sud de Lyon a fait le rapprochement. Cette écriture manuscrite à l'encre rouge, ces mots de « bougnoules » à toutes les lignes, ces menaces violentes − « tu vas brûler comme une merguez » ou encore « une bombe, ça fait boum » −, cette signature − « Des retraités français » −, lui rappelaient étrangement le courrier qu'elle avait elle-même reçu en décembre 2018. Cette jeune femme, mère de quatre enfants, avait alors pris peur, et soupçonnant son voisin, avait quitté le quartier, en même temps qu'alerté les autorités.

    Un rapprochement pertinent puisque son intervention a permis, jeudi, l'interpellation du corbeau auteur des courriers. Habitant de Givors lui aussi, Patrick D., 60 ans, ancien ouvrier à la retraite et bénéficiaire d'une pension d'invalidité, a tout de suite reconnu les faits et a été jugé ce vendredi 4 septembre en comparution immédiate. Il a aussi avoué être l'auteur d'une série de lettres de même nature, envoyées ces dernières années à divers citoyens parmi lesquels un responsable d'association d'aide aux SDF, ou encore à une avocate défenseure des droits de l'Homme.

    « Intolérant et raciste »

    Moulé dans un tee-shirt portant le slogan « apéro, boulot, dodo », le sexagénaire, après avoir bredouillé de vagues excuses, a eu bien du mal à s'expliquer : « J'étais désespéré car ma demande d'appartement HLM n'a pas reçu de réponse, alors j'ai pété un câble et j'ai écrit ces lettres. » Une tentative de justification qui n'a pas convaincu les victimes et leur avocat, Me David Letievant. Ce dernier considère que les démarches longues et répétitives engagées par Patrick Dupont « n'ont rien d'un coup de folie ». « Les parties civiles n'ont qu'une envie, c'est que vous guérissiez de cette haine », lance le même avocat au prévenu dans son box. « Vous ruminez votre misère sociale, et on comprend, mais vous pensez que l'origine de vos maux sont les étrangers. »

    En défense, Me Alban Barlet a décrit son client comme quelqu'un « d'intolérant et de raciste ». « Mais s'il déverse cette forme de haine sur des personnes qui ne sont pour rien responsables de sa situation, c'est pour être entendu, car il a conscience d'être déclassé. Il dit d'ailleurs avoir l'impression d'avoir été abandonné par la société, et qu'il n'a pas trouvé d'autre moyen de communication », plaide l'avocat.

    Le tribunal correctionnel de Lyon a condamné Patrick D. à un an d'emprisonnement dont six mois ferme à effectuer à domicile avec un bracelet électronique. Une peine assortie d'une obligation de soins, d'une obligation d'indemniser les victimes et de réaliser un stage de citoyenneté « en relation avec le caractère raciste des faits ».