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NigerDes soldats «responsables d’exécutions» de civils

En juin, Amnesty International avait accusé des soldats du Niger, du Burkina et du Mali de la disparition de près de 200 personnes en quelques mois. (Photo Boureima HAMA / AFP)

Des soldats du Niger engagés dans la lutte contre les djihadistes sont «responsables d’exécutions sommaires» de dizaines de civils dans la région de Tillabéri (ouest), a indiqué vendredi à l’AFP Abdoulaye Seydou, responsable d’une ONG ayant participé à une enquête de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH).

«Il y a bel et bien eu lieu des exécutions de personnes civiles non armées et la mission a découvert au moins 71 personnes qui ont été tuées dans six fosses communes», a affirmé Abdoulaye Seydou. «Ce sont des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS) qui sont responsables de ces exécutions sommaires et extrajudiciaires.»

«Il y a eu utilisation d’armes blanches et d’armes à feu légères», a ajouté Abdoulaye Seydou, président du Réseau panafricain pour la paix, la démocratie et le développement (REPPA).

Toutefois, «nous ne disposons pas d’indices ou d’éléments pouvant établir la responsabilité de l’armée en tant qu’institution et de la hiérarchie militaire», a-t-il noté.

«Plus de 70 témoins divers ont été entendus», a-t-il souligné.

L’enquête qui s’est déroulée «sur une période de trois mois du 20 mai au 6 juillet 2020» a été menée après «des allégations de disparitions de 102 personnes», selon la CNDH.

Accusations de l’ONU et d’Amnesty

«(Dans) l’ensemble des six fosses communes, dont on a procédé à l’exhumation, les corps avaient tous les mains attachées dans le dos, le turban sur le cou avec des impacts de balles. Les rapports du médecin légiste sont là», a déclaré à la presse, Alichina Amadou Koulguéni, secrétaire général de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH).

La Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) est un organe public composé de représentants du gouvernement, du Parlement, d’ONG, de syndicats et de juristes.

Une des fosses contient «au moins une trentaine de corps» dont certains présentent «des stigmates de violences, multiples fractures des bras, avant-bras et crâne», a décrit Alichina Amadou Koulguéni.

«Des douilles numérotées qu’on peut tracer» ont été retrouvées sur place par les enquêteurs. Ceux-ci «ont auditionné des autorités administratives, des autorités coutumières, des autorités municipales, des autorités militaires ainsi que des parents des victimes et des rescapés», a-t-il relevé.

«Ce n’est pas l’ensemble des corps constitués de l’armée qui a fait ça, c’est quelques groupuscules», a aussi conclu Alichina Amadou Koulguéni.

Le rapport de l’enquête «produit en un exemplaire unique» a été remis fin juillet au président Mahamadou Issoufou qui l’a «transféré au ministère de la Défense» qui l’a «versé dans une instruction judiciaire», a précisé Abdoulaye Seydou.

Début avril, la mission de l’ONU au Mali (Minusma) avait dénoncé la «multiplication» des méfaits imputés aux armées nationales au Sahel. L’ONU avait dénombré 101 exécutions extrajudiciaires par l’armée malienne entre janvier et mars, et une trentaine d’autres par l’armée nigérienne sur le sol malien.

En juin, Amnesty International avait accusé des soldats de trois pays du Sahel engagés dans la lutte contre les djihadistes de la disparition de près de 200 personnes en quelques mois, selon l’ONG.

Au Burkina Faso, au Mali et au Niger, «des soldats sèment la terreur et commettent des tueries dans des villages sous couvert d’opérations antiterroristes», avait écrit l’organisation de défense des droits humains dans un document.

Le Niger s’était déclaré «indigné» par les accusations de l’ONU concernant des exécutions extrajudiciaires de civils par son armée au Mali et s’était dit prêt à accepter une «enquête internationale», selon un courrier du gouvernement nigérien adressé à l’ONU et vu par l’AFP.

AFP/NXP