L’Homme a sélectionné les poulets les plus gros et les moins craintifs, amenant à une modification de la taille et de la composition de leur cerveau. Les poules sont-elles devenues pour autant stupides ? Pas certain.


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    Les poulets d’élevage sont deux fois plus gros qu'à la fin des années 1970, et quatre fois plus gros qu'à la fin des années 1950, selon une étude de l’université d’Alberta. De plus, les poulets mangent deux fois moins pour atteindre ces tailles, et le volumevolume de leurs poitrines, denses en chair, a augmenté de 80 %. Et non, rien de tout cela n'est dû à l'ajout d'hormoneshormones ou de stéroïdesstéroïdes. C'est simplement le résultat d'une sélection génétiquegénétique minutieuse. Sauf que cette sélection a aussi abouti à faire rétrécir le cerveaucerveau des gallinacés, dans le but de les rendre moins craintifs face aux humains, relève une étude parue dans la revue Royal Society Open Science.

    La taille des poulets d’élevage a été multipliée par quatre entre 1957 et 2005. © MJ Zuidhof al.,<em>Poultry Science</em>, 2014
    La taille des poulets d’élevage a été multipliée par quatre entre 1957 et 2005. © MJ Zuidhof al.,Poultry Science, 2014

    Des poulets moins peureux mais avec un cerveau plus petit

    Le poulet a été domestiqué il y a environ 10.000 ans. Comme tous les oiseaux, c'était alors un animal sauvage très peureux. Pour faciliter leur élevage, les individus les moins craintifs et les plus faciles à apprivoiser ont été privilégiés, ce qui a modifié leur cerveau. Pour vérifier cette assertion, les chercheurs sont partis du coq doré (Gallus gallus), une espèce du Sud-Est asiatique considérée comme l'ancêtre sauvage des poules domestiques. Ils ont sélectionné les oiseaux qui se montraient les moins effarouchés devant les humains dans un test standard, puis les ont fait se reproduire sur 10 générations. Les oiseaux qui montraient la plus grande peur de l'Homme ont été placés dans un second groupe. Résultat : le cerveau des oiseaux du premier groupe est progressivement devenu plus petit par rapport à la taille du corps, le changement étant particulièrement marqué au niveau du tronc cérébraltronc cérébral, la partie primitive du cerveau impliquée, entre autres, dans certaines réactions au stressstress.

    Taille du cerveau des poules en fonction de la taille du corps. Proportionnellement, le cerveau des poules sélectionnées pour être moins craintives (en bleu) est plus petit que celui des animaux « sauvages » (en rouge). <i>© </i>Rebecca Katajamaa & Per Jensen, <i>Royal Society Open Science, </i>2020
    Taille du cerveau des poules en fonction de la taille du corps. Proportionnellement, le cerveau des poules sélectionnées pour être moins craintives (en bleu) est plus petit que celui des animaux « sauvages » (en rouge). © Rebecca Katajamaa & Per Jensen, Royal Society Open Science, 2020

    Les poules sont-elles devenues stupides ?

    Les chercheurs ont ensuite mené des test comportementaux afin de déterminer si la différence de taille et de configuration du cerveau affectait la capacité d'apprentissage de l'oiseau. L'un des tests portait notamment sur la façon dont les oiseaux s'habituent à une situation effrayante, mais non dangereuse, en l'occurrence un feufeu clignotant. « Les oiseaux apprivoisés se sont habitués et ont cessé de réagir au stimulus beaucoup plus rapidement », atteste Rebecca Katajamaa, doctorante au département de physiquephysique, de chimiechimie et de biologie de l'université de Linköping et auteure principale de l'étude.

    Nos poules sont-elles pour autant devenues stupides ? Pas du tout. Un autre test portant sur l'apprentissage associatif (capacité à associer deux choses entre elles comme, par exemple, un dessin avec de la nourriture) n'a révélé aucune différence entre les deux groupes de poulets. Il semblerait donc que nos poules s'habituent simplement mieux au stress que leurs ancêtres sauvages.

    Comment réduire le stress des poules d’élevage ?

    Il n'en reste pas moins que la poule demeure un animal très sensible au stress et que ce dernier a des effets délétères sur sa santé et sa productivité. Les chercheurs continuent donc leurs recherches pour les rendre encore moins craintives. L'entreprise Hendrix Genetics s'est ainsi associée à l'université de Newcastle dans un consortium appelé « ChickenStress » pour comprendre la réponse au stress dans le cerveau, et minimiser le stress chronique à travers la sélection génétique et l'amélioration de l'environnement des animaux. Le laboratoire SIGNS a, quant à lui, développé une solution anti-stress à base de phéromonesphéromones « diffusant un message apaisant et rassurant pour les poussins ». Dormez en paix petits poulets.

     

    Top 20 des races de poules les plus remarquables

    La poule de Hambourg, originaire de Hollande et d'AllemagneLa rhode island, une poule américaineLa poule-soie, une poule décorative de ChineLa coucou de Rennes, une poule au plumage barréLa volaille de Bresse, aux pattes bleuesLa poule de Dorking, une race ancienneLa sebright, une poule naine éléganteLa poule de Barbezieux, la plus grande des races françaisesLa leghorn ou poule de Livourne, d’origine italienneLa sussex, une poule pondeuse d'AngleterreLa poule bourbonnaise, une bonne pondeuseLa phoenix, une race de poule venue du JaponL’orpington, une agréable race de poule anglaiseL'andalouse bleue, une poule espagnoleLa poule cochin, une grande poule chinoiseLa brahma, une des plus grosses poules du mondeLa wyandotte, une belle poule américaineLa welsumer, une poule hollandaiseLa poule Ameraucana, une pondeuse d'œufs bleusLa poule australorp, originaire d'Australie
    La poule de Hambourg, originaire de Hollande et d'Allemagne

    La poule de Hambourg est une race de poule domestique originaire des Pays-Bas, passée par le port de Hambourg avant son introduction en Angleterre. C'est une volaille élégante et fine avec des plumes blanches terminées par un croissant noir.

    © Oregon Department of AgricultureAgriculture, CC by-nc 2.0