MUSÉE GUIMET

Le mont Fuji en majesté

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Lieu sacré et intarissable source d’inspiration pour les artistes de l’ukiyo-e, le mont Fuji est au cœur d’une rafraîchissante exposition au musée Guimet à Paris, qui a, pour l’occasion, sorti quelques trésors de ses réserves. Promenade méditative au « pays de neige ».
Katsushika Hokusai, Vent frais par matin clair, dit « Fuji bleu ». Série des Trente-six vues du mont Fuji
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Katsushika Hokusai, Vent frais par matin clair, dit « Fuji bleu ». Série des Trente-six vues du mont Fuji, 1831

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Montagne sacrée

Sacré depuis le VIIe siècle, le mont Fuji est un véritable emblème de l’archipel nippon. Merveille de la nature aux formes pures, il est devenu, au fil des siècles, un sujet de prédilection pour les artistes de l’ukiyo-e. Élément de décor, il passe au premier plan à partir du XIXe siècle, notamment grâce à Hokusai, qui en fait le personnage principal de sa fameuse série des Trente-six vues du mont Fuji.

Xylogravure monochrome en bleu (aizuri-e) / Impression originelle, en bleu, de la vue dite « Fuji rouge » • Coll. MNAAG, Paris • © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Utagawa Hiroshige, Hara (14<sup>e</sup> vue). Série des Cinquante-trois relais du Tōkaidō
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Utagawa Hiroshige, Hara (14e vue). Série des Cinquante-trois relais du Tōkaidō, 1850-1851

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Un compagnon de route

La célèbre route du Tōkaidō, qui reliait Edo (actuel Tokyo) à Kyoto, offre de nombreux points de vue sur le mont Fuji et ses neiges éternelles, dont le sommet culmine à plus de 3 700 mètres. Surnommé la « route de la mer », cet itinéraire de 500 kilomètres est au cœur d’un recueil d’estampes d’Utagawa Hiroshige, où l’on peut suivre, étape par étape, le périple des daimyo (princes et seigneurs des différentes provinces nippones), de gentes dames ou de simples voyageurs à travers des paysages à couper le souffle…

Estampe nishiki-e • Coll. MNAAG,Paris • © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Harry Bréjat

Utagawa Hiroshige, Le pont Taiko et la colline Yuhi à Meguro. Série des Cent vues célèbres d’Edo
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Utagawa Hiroshige, Le pont Taiko et la colline Yuhi à Meguro. Série des Cent vues célèbres d’Edo, 1857

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Sur la réserve

Rien ne paraît troubler la sérénité de ce paysage extrait des Cent vues célèbres d’Edo. L’épais manteau de neige qui enveloppe les arbres et le pont au premier plan semble étouffer le moindre bruit ! Pour obtenir ce rendu singulier, les artistes tels qu’Hiroshige travaillent « en réserve », c’est-à-dire qu’ils laissent le papier intact, au lieu de le rehausser de blanc. D’autres gaufrent le papier à l’aide d’une planche non encrée, offrant de subtils effets de volumes. Un minimum de moyens pour un maximum de raffinement !

Estampe nishiki-e • Coll. MNAAG,Paris • © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Harry Bréjat

Katsushika Hokusai, Vue d’Ushibori dans la province de Hitachi. Série des Trente-six vues du mont Fuji
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Katsushika Hokusai, Vue d’Ushibori dans la province de Hitachi. Série des Trente-six vues du mont Fuji, 1830-1832

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Calme éphémère

Témoin silencieux des scènes de la vie quotidienne comme des variations atmosphériques, le Fuji-san est la parfaite incarnation de l’impermanence, notion bouddhique par excellence évoquée ici par le geste de l’un des occupants de cette imposante embarcation : penché par dessus bord, il déverse le contenu d’un récipient, troublant le repos de deux grues qui s’envolent, sans doute apeurées.

Estampe nishiki-e • Coll. MNAAG, Paris • © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Thierry Ollivier

Isoda Koryusai, Une courtisane de la maison Asahimaruya. Série Présentation des nouveaux motifs à la mode
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Isoda Koryusai, Une courtisane de la maison Asahimaruya. Série Présentation des nouveaux motifs à la mode, 1775-1781

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Apparition surprise !

Omniprésent dans l’iconographie de l’ukiyo-e, le mont vénéré se manifeste à travers des mises en abyme souvent subtiles : un imprimé sur un kimono, un panneau de bois peint à l’intérieur d’une maison… Preuve, (s’il en fallait encore une !) que le mont Fuji règne en maître dans l’imaginaire collectif japonais.

Estampe nishiki-e • Coll. MNAAG, Paris • © RMN-Grand Palais (MNAAG, Paris) / Harry Bréjat

Kawase Hasui, Soir de neige à Terajima
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Kawase Hasui, Soir de neige à Terajima, 1920

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Soirée mélancolique

La nuit est tombée sur Terajima. Abrité sous son ombrelle, un promeneur solitaire déambule dans la rue bordée de maisonnettes aux toits immaculés, dont les fenêtres éclairées scintillent comme la flamme d’une bougie. Dans cette estampe empreinte d’une douce mélancolie, modernité et passé ne font qu’un : Hasui Kawase manie avec une grande délicatesse les codes esthétiques de ses prédécesseurs et se fait le témoin d’un Japon en pleine mutation.

Estampe nishiki-e • Coll. MNAAG, Paris

Felice Beato, Le mont Fuji vu depuis Murayama [Fuji-yama, from Moori-yama]
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Felice Beato, Le mont Fuji vu depuis Murayama [Fuji-yama, from Moori-yama], 1864-1866

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Impressions du Fuji-san

Reporter de guerre italien naturalisé anglais, Felice Beato arrive au Japon en 1863, après avoir couvert la révolte des cipayes en Inde et la guerre de l’opium en Chine. Tel Hokusai ou Hiroshige, il se prend de passion pour le mont Fuji, qu’il photographie sous tous les angles. C’est d’ailleurs à lui que l’on doit les premières épreuves albuminées du volcan vénéré ! Comme les grands maîtres de l’estampe, le photographe a réussi à traduire en image l’atmosphère insaisissable du Fuji-san.

Épreuve sur papier albuminé • Coll. MNAAG, Paris (collection Joseph Dubois) • © MNAAG, Paris, Dist. RMN-Grand Palais / image musée Guimet

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Fuji, pays de neige

Du 15 juillet 2020 au 12 octobre 2020

Retrouvez dans l’Encyclo : Hokusai Utagawa Hiroshige

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