Dans une étude publiée dans la revue scientifique Nature Sustainability, des chercheurs de l’Université de Vienne (Autriche) ont utilisé les mycètes (le véritable nom des champignons) pour créer un matériau équivalent à nos cuirs d'origine animale, une alternative plus éthique et plus écologique.
Un nouveau « cuir » aux nombreux avantages
Le processus de production de simili-cuir à partir des mycètes est plutôt simple. Pour ce faire, les chercheurs utilisent la chitine, un matériau résistant et souple présent dans la partie blanche filamenteuse des champignons. Elle est par la suite traitée physiquement et chimiquement pour lui donner la forme d'un tissu, "à la fin du processus, ces morceaux de matière organique proposent des propriétés et un toucher similaires au cuir animal ", explique l'auteur de l'étude Alexander Bismarck dans un communiqué.
Mais ce n’est pas tout. En plus de ressembler à du cuir, les morceaux de mycète transformés sont respectueux de l’environnement, "la production de simili-cuirs venant des fungi (mycètes) peut atteindre la neutralité carbone" indique le chercheur. Autres atouts : les résidus de l’agriculture et de la sylviculture peuvent être recyclés pour servir de sol fertile et de nutriments à ces organismes, et "les produits finis sont aussi biodégradables" expliquent les chercheurs.
Le simili-cuir de champignon est donc vu comme une solution aux cuirs d'origine animale et synthétiques qui ne répondent plus aux problématiques environnementales actuelles. Le bétail est responsable d’environ 12 à 14,5% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, dont 65% sont consécutif à l’élevage des bovins. Ces élevages intensifs entraînent la destruction de forêts et des habitats naturels de certaines espèces. Même si le cuir synthétique est plus respectueux de l’environnement que son cousin animal, il reste dépendant des énergies fossiles pour sa fabrication. Il n'est par ailleurs ni recyclable, ni biodégradable.
Le champignon : une production abordable
Le marché des cuirs synthétiques est déjà en plein essor. Il devrait atteindre les 28,03 milliards de dollars de chiffre d'affaires en 2025, contre 22,13 milliards de dollars en 2015. Ce qui laisse entendre qu'une place est disponible pour les tissus à base de champignons.
Avec une culture accessible et une demande en ressources faible, les auteurs estiment que la production de simili-cuirs dérivés des mycètes devrait être plus abordable que ses autres formes. "En utilisant le fungi comme matière première, la production de substitut du cuir offre une alternative rentable, sociable et environnemental pour les entreprises et les consommateurs", peut-on lire dans l’étude. Cependant, la difficulté à avoir une couleur homogène sur l'ensemble du tissu laisse supposer que des recherches sont encore nécessaires avant d'arriver à ressembler parfaitement au cuir animal.