Story : L'histoire méconnue de Dorothy Dandridge, première actrice afro-américaine à succès à Hollywood

Décédée le 8 septembre 1965, Dorothy Dandridge, dont l’héritage est salué par une multitude d’acteurs afro-américains, demeure dans les mémoires malgré un destin avorté. « Vanity Fair » revient sur la vie de l’actrice.
L'histoire mconnue de Dorothy Dandridge première actrice afroamricaine à succès à Hollywood
Allan Grant/The LIFE Picture Collection via Getty Images

Dans les années 1950, les États-Unis sont encore en pleine ségrégation, les Afro-américains étant encore ouvertement discriminés. Dans la même décennie, Dorothy Dandridge fut nommée à l’Oscar de la meilleure actrice, pour son rôle dans Carmen Jones, classique de la même année. Pourtant, Dorothy Dandridge était Afro-américaine.

Cette nomination fait d’elle la première femme noire à devenir une star du cinéma américain. Un chemin qui lui était presque prédestiné, malgré un parcours semé d’embûches. Car en effet, l'actrice avait la fibre artistique dans le sang, étant née dans une famille d’artistes. Sa mère, Ruby Dandridge était comédienne. Sa soeur, Vivian, était chanteuse. Avec cette dernière, elle forme un premier groupe du nom de Wonder Children, puis un second du nom de Dandrifge Sisters avec leur amie d’enfance, qui n’est autre que la musicienne Etta Jones. Sillonnant les États-Unis, les deux sœurs sont toutes deux très vite repérées par un découvreur de talents. En 1932, elles s’installent donc à Hollywood.

La courte consécration

Alors Dorothy Dandridge commence d’abord par se faire un nom dans la musique. Mais sa véritable passion est le cinéma. Elle abandonne alors la chanson pour s’y consacrer entièrement. Elle enchaîne les petites prestations à Broadway, puis prête sa voix à plusieurs court-métrages d’animation. Enfin, elle touche pleinement l’univers du cinéma, mais toujours en effectuant des seconds rôles. En parallèle, elle épouse en 1942 Harold Nicholas, l’un des frères Nicholas, danseurs de claquette afro-américain. Ensemble, ils auront l’année d’après une fille, née autiste.

Mais ce n’est que dans les années 50, en plein divorce, que l'actrice connaît la véritable consécration. En 1953, elle occupe pour la première fois un rôle principal dans Bright Road, aux côtés d’Harry Belafonte. C’est grâce à cette interprétation qu’elle devient connue du grand public, et enchaîne les productions à succès. Jusqu’à ce qu’elle décroche le rôle-titre de Carmen Jones en 1954, réalisé par Otto Preminger. Le film est un succès critique comme commercial, et sa prestation, saluée de toutes parts, lui vaut des nominations pour l’Oscar de la meilleur actrice et pour les BAFTA la même année.

Une descente aux enfers

Elle est alors à l’apogée de sa carrière, multipliant les collaborations avec de nombreux acteurs en vogue jusqu'au début des années 60, comme James Mason, Sidney Poitier, James Coburn, et même Alain Delon. Sauf qu’au même moment, l’actrice vit une descente aux enfers. Non seulement, le divorce avec son second mari, Jack Denison, est très onéreux, mais de plus, elle découvre que l'équipe chargée de gérer sa fortune l’escroquait depuis des années. Elle est donc forcée de vendre tous ses biens immobiliers, et de placer sa fille autiste dans un centre hospitalier spécialisé.

Alors l’actrice est sujette à de nombreuses dépressions en série. Croulant sous les dettes, elle se réfugie dans l’alcool et les médicaments. En parallèle, les propositions se font de plus en plus rares et elle devient de moins en moins populaire. Le 8 septembre 1965, elle est retrouvée morte à l’âge de 42 ans, dans son appartement. En cause, un accident vasculaire cérébral, potentiellement lié à une surdose d’antidépresseurs.

Ainsi, Dorothy Dandridge tombe presque aux oubliettes. Mais c’est dans les années 1980 qu’une vague d’acteurs afro-américains, Halle Berry en première ligne, revendique son héritage et salue la carrière de la pionnière. En 1984, elle décroche une étoile dans la Hollywood Walk of Fame à titre posthume, qui lui fera rester dans l'Histoire.