Amazon : la fronde au Pont du Gard

Dans le Gard, on se mobilise contre l'implantation d'Amazon et de sa plateforme logistique géante. ©AFP - Pascal Guyot
Dans le Gard, on se mobilise contre l'implantation d'Amazon et de sa plateforme logistique géante. ©AFP - Pascal Guyot
Dans le Gard, on se mobilise contre l'implantation d'Amazon et de sa plateforme logistique géante. ©AFP - Pascal Guyot
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Permis de construire délivré, signature du préfet, accord du maire... Tout était prêt pour accueillir Amazon et sa plateforme logistique géante à Fournès, village situé au milieu de la garrigue, près du Pont du Gard. Mais pendant le confinement, une poignée d’habitants s’est mobilisée.

La ville de Fournès, située entre Nîmes et Arles, a récemment suscité l'intérêt du géant Amazon qui y a vu l'emplacement idoine pour y installer l'un de ses entrepôts. Très rapidement, l'affaire est conclue entre le géant du commerce en ligne et la mairie de Fournès. Celle-ci cède le terrain à un promoteur immobilier, le permis de construire est délivré et, le 14 novembre dernier, le préfet signe l'autorisation définitive. A première vue, les habitants de la région, où le taux de chômage avoisine les 15%, semblent avoir accepté la nouvelle : 

Dans tous les pays, dans toutes les régions, il y a des choses pas belles. C'est le progrès. Le progrès n'est pas beau, Monsieur. 

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Pour certains élus, cette implantation permettra de générer des emplois et de faire face à la concurrence internationale. Le député LREM de Seine-Maritime, Damien Adam, ne dit pas autre chose : 

Si l'on devait dire qu'Amazon sont des méchants, ils s'implanteraient en Belgique, en Espagne, en Italie ou au Royaume-Uni. Il y a un sujet de concurrence entre les pays et on a tout intérêt à ce que les entrepôts qui livrent en France soient sur le territoire national et qu'ils emploient des emplois français.

Mais pendant le confinement, les choses prennent un tour inattendu : une poignée de riverains décide de s'opposer à l'ouverture de l'entrepôt, et multiplient les recours auprès du tribunal administratif. Ce qui a pour effet de suspendre le chantier. Vincent fait partie des habitants mobilisés : 

Amazon avance masqué et ne vient jamais en son nom propre. Ils ne sont jamais venus ici pour expliquer ce qu'ils voulaient faire sur ce territoire. C'est comme si c'était hors sol. (...) Amazon ne s'engage jamais à rien. 

Dans une région considérée comme assez pauvre, dans des villages touchés par la désindustrialisation, ces promesses dites "d'emploi" ont pu séduire. Et quelques commune ont décidé pour l'ensemble des territoires. C'est une aberration complète pour l'environnement, les paysages et l'économie locale. 

Tous les centres-villes sont en train de mourir face à l'explosion de centres commerciaux. Il y a toujours un prédateur plus gros, et Amazon est le plus gros de tous : il vise l'hégémonie du marché mondial. Dire non à Amazon, être David contre Goliath, c'est un enjeu important. 

Les habitants, eux, ont d'autres projets projets pour le territoire. 

L'idée serait de créer une ferme, en permaculture et en agro-foresterie. On pourrait y installer des agriculteurs et des maraichers, voire créer une pépinière de jeunes agriculteurs.

Les opposants à Amazon reprochent donc à leur maire une forme d'aveuglement face aux stratégies du géant. Mais les choses pourraient être plus graves encore.

  • Reportage : Rémi Dybowski-Douat 
  • Réalisation : Cécile Laffon 

Merci à Vincent Nouzille, Patrick Fertil, Patrick Genay, François Gaël Lataste, Damien Adam et Annie Chapelier

Musique de fin : "De bemols et de dièses" de Dick Annegarn.

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