La température de l'air dans l'Arctique a atteint un record cette année depuis le début des relevés en 1900, tandis que la fonte des glaces détruit l'habitat des morses et force certains poissons à migrer plus au nord

La température de l'air dans l'Arctique a atteint un record cette année depuis le début des relevés en 1900, tandis que la fonte des glaces détruit l'habitat des morses et force certains poissons à migrer plus au nord

afp.com/Clement Sabourin

Des scientifiques des universités de Leeds, Édimbourg, et de l'University College de Londres ont indiqué dans une étude, relayée par The Guardian, que la planète avait perdu 28 000 milliards (28 000 000 000 000) de tonnes de glace depuis 1994. "Pour qu'on se rende compte, c'est comme si on avait perdu l'équivalent de 28 000 milliards de tonnes de glace qui aurait recouvert l'ensemble de la surface du Royaume-Uni avec une nappe d'eau gelée de 100 mètres d'épaisseur", a décrit l'un des chercheurs, Tom Slater, de l'université de Leeds. Et le coupable est tout désigné par les scientifiques : le réchauffement climatique.

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Les chercheurs décrivent le niveau de perte de glace comme "époustouflant" et "stupéfiant", et préviennent, dans un article publié par la revue scientifique The Cryosphere, que l'élévation du niveau de la mer déclenchée par la fonte des glaciers pourrait atteindre un mètre d'ici la fin du siècle. "Chaque centimètre d'élévation du niveau de la mer signifie qu'environ un million de personnes devront quitter leurs terres d'origine", a illustré Andy Shepherd, directeur du Centre d'observation et de modélisation polaires de l'université de Leeds.

Le niveau de perte des glaces révélé par le groupe de chercheurs britanniques correspond aux prévisions des pires scénarios présentées par le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), a-t-il précisé. Ses collègues et lui ont étudié les relevés satellites de glaciers entre autres d'Amérique du Sud, d'Asie, du Canada, le niveau de glace de la mer dans l'Arctique et l'Antarctique, et les calottes glaciaires qui recouvrent le sol en Antarctique et au Groenland. L'étude couvre l'évolution de 1994 à 2017. "Dans le passé, les chercheurs ont étudié des zones spécifiques où la glace fondait - l'Antarctique ou le Groenland. Mais c'est la première fois que quelqu'un regarde l'ensemble de la glace disparaître à l'échelle de la planète", a déclaré Andy Shepherd.

"Il ne fait aucun doute que la grande majorité de la perte de la glace sur Terre est une conséquence directe du réchauffement climatique. En moyenne, la température de surface planétaire a augmenté de 0,85°C depuis 1880, et ce phénomène a été amplifié dans les régions polaires", écrit le groupe de scientifiques dans leur synthèse. Les températures de la mer et de l'atmosphère ont augmenté en conséquence et ce double coup dur a déclenché les pertes de glace constatées par l'équipe de chercheurs.

Phénomène en accélération

Les scientifiques préviennent aussi que l'ampleur de cette fonte de la glace réduit fortement la capacité de la planète à réfléchir les rayons du soleil. La glace, blanche, disparaît, remplacée par la mer ou le sol en dessous, plus sombres, qui absorbent plus de chaleur, augmentant encore le réchauffement de la planète. En outre, l'eau douce froide provenant de la fonte des glaciers et des calottes glaciaires provoque des perturbations majeures dans la biodiversité des eaux arctiques et antarctiques, tandis que la fonte des glaciers dans les montagnes menace de détruire les sources d'eau douce dont dépendent les communautés locales.

Le phénomène est un cercle vicieux qui va en s'accélérant. Andy Sheperd, de l'université de Leeds, avait également participé à une étude fin 2019 centrée sur le niveau de glace au Groenland. Le rapport indiquait que la calotte glaciaire y fondait sept fois plus vite que dans les années 1990. Depuis 1992, elle avait ainsi perdu 3800 milliards de tonnes de glace, passant d'une fonte de 33 milliards de tonnes par an dans les années 1990 à 254 milliards par an sur la dernière décennie.

Le GIEC avait estimé en 2013 que le niveau des mers monterait de 60 centimètres d'ici la fin du siècle, mettant 360 millions de personnes en danger dans les zones côtières. Puis, dans un nouveau rapport sur les océans publié en septembre 2019, le groupe d'experts intergouvernemental avait lui même avancé une nouvelle estimation d'un milliard de personnes exposées.

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