► Qu’écrit le cardinal Sarah dans sa lettre ?

Dans une lettre datée du 15 août mais envoyée le 12 septembre à toutes les Conférences épiscopales du monde, le cardinal Robert ­Sarah, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, encourage à un retour à la « normalité de la vie chrétienne », et en particulier à une reprise habituelle de la participation à la messe.

→ À LIRE. En Côte d’Ivoire, timide reprise des messes après la levée des restrictions liées au coronavirus

« Dès que les circonstances le permettent, il est nécessaire et urgent de revenir à la normalité de la vie chrétienne, qui a pour foyer l’édifice de l’église et la célébration de la liturgie, en particulier de l’Eucharistie », écrit le cardinal Sarah, dans cette lettre intitulée « Retournons avec joie à l’Eucharistie ! », et dont le contenu a été approuvé par le pape François le 3 septembre.

Sans remettre en cause l’interruption des célébrations publiques en raison de la pandémie et le service rendu par les retransmissions par Internet ou la télévision, le cardinal Sarah estime qu’« aucune transmission n’est équivalente à la participation personnelle (à la messe) ou ne peut la remplacer ». « En effet, développe-t-il, ces transmissions, à elles seules, risquent de nous éloigner d’une rencontre personnelle et intime avec le Dieu incarné qui s’est donné à nous non pas de manière virtuelle. »

► Qu’en est-il des mesures sanitaires ?

Dans sa lettre, le préfet de la Congrégation pour le culte divin estime qu’il est nécessaire que tous reviennent à la messe « une fois que les mesures concrètes qui peuvent être prises pour réduire au minimum l’infection du virus ont été identifiées et adoptées ».

Mais il aborde aussi, sans la nommer, la question délicate de la communion donnée directement dans la bouche, réclamée par certains, alors que la plupart des évêques ont recommandé qu’elle soit donnée dans la main.

Le cardinal Sarah reconnaît aux fidèles « le droit de recevoir le Corps du Christ et d’adorer le Seigneur présent dans l’Eucharistie de la manière prévue », mais à condition que cela soit autorisé par « les normes d’hygiène émanant des autorités publiques ou les évêques ».

Ces mesures données par les évêques « doivent être respectées », insiste le cardinal, mais doivent aussi expirer « lorsque la situation revient à la normale ».

« L’attention portée aux normes d’hygiène et de sécurité ne peut conduire à la stérilisation des gestes et des rites, à l’induction, même inconsciente, de la peur et de l’insécurité chez les fidèles », ajoute-t-il toutefois.

► Dans quel contexte cette lettre est-elle publiée ?

Dans plusieurs pays, les évêques constatent la baisse de la participation dominicale à la messe, dans un contexte où le nombre de contaminations remonte en Europe, et surtout où les pays d’Amérique latine affrontent quotidiennement plusieurs centaines de morts.

En France, une note de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques publiée début juillet après l’audition de plusieurs responsables catholiques – dont Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre – faisait également état d’une telle inquiétude.

« Certains fidèles pourraient ne pas ressentir le besoin de retrouver leurs habitudes d’avant la crise, ou pourraient craindre pour leur santé, relevait ainsi l’auteur de la note, le sénateur (PCF) Pierre Ouzoulias. Trois semaines après la levée du confinement, l’Église catholique estimait ainsi que deux tiers seulement des fidèles habituels étaient de retour à la messe. »