Près de 30 % des inventeurs qui travaillent et déposent des brevets en Suisse sont des ressortissants de pays de l’Union européenne titulaires de permis B (résidents de longue durée), L (résidents pour moins d’un an), C (autorisation d’établissement) ou G (réservé aux frontaliers).

Les recherches menées à l’École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL) par Gabriele Cristelli, un de ses doctorants, le démontrent : frontaliers, expatriés et immigrés jouent un rôle majeur dans l’innovation en Suisse “et donc dans la croissance du pays et l’augmentation de son niveau de vie”, ainsi que le souligne Dominique Foray, enseignant à l’EPFL, dans une tribune publiée par le quotidien Le Temps.

Ces précieux inventeurs étrangers

Le jeune chercheur a recensé les 50 000 brevets déposés par les entreprises suisses à l’Office européen des brevets entre 2022 et 2015, puis identifié les inventeurs titulaires d’un permis de travail grâce aux données recueillies par l’Office fédéral de la statistique. De l’analyse de ces données, il ressort que “la Suisse est l’un des quatre premiers pays au monde en termes de proportion d’inventeurs immigrés, aux côtés de l’Allemagne, du Royaume-Uni et des États-Unis”.

Les trois quarts de ces inventeurs étrangers viennent des pays voisins de la Suisse : Autriche, France, Allemagne ou Italie. Ils sont parfaitement intégrés dans l’“écosystème de l’innovation suisse” puisque bon nombre de ces brevets sont cosignés par un inventeur suisse.

Beaucoup de ces créatifs venus d’ailleurs travaillent dans des PME ou des start-up (28 % dans des entreprises moyennes, 25 % dans les petites entreprises) et “c’est donc l’ensemble de l’économie qui est irrigué par ce flot d’inventeurs étrangers.” De plus, leurs brevets concernent le plus souvent des secteurs d’activité essentiels pour l’économie suisse, tels que les secteurs chimique et pharmaceutique, les technologies médicales ou l’horlogerie.

“Ces évidences doivent nous faire réfléchir davantage sur les problèmes que pourrait engendrer le concept d’‘immigration modérée’”, conclut Dominique Foray, en référence à l’initiative populaire de l’Union démocratique du centre (UDC), le parti nationaliste suisse, qui vise à limiter l’immigration dans le pays – une proposition sur laquelle les Suisses sont appelés à se prononcer le 27 septembre prochain.