H&M rompt ses liens avec un fournisseur chinois accusé d’exploiter des travailleurs ouïghours
Un rapport australien avait révélé l’existence de 27 usines chinoises exploitant la main-d’œuvre ouïghoure au service de 82 marques mondiales comme H&M. L’étude détaille les persécutions subies par cette minorité.
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C’est la première marque à faire un pas. Le géant suédois du prêt-à-porter H&M a annoncé mardi 15 septembre qu’il cesserait « progressivement » toute relation avec un producteur de fil chinois en raison d’accusations de « travail forcé » de Ouïghours de la province du Xinjiang.
Un rapport du think tank Australian Strategic Police Institute (ASPI), publié en mars, désignait H&M comme l’un des bénéficiaires du programme de travail forcé à travers sa relation avec le fabricant de fil Huafu qui a une usine dans la province d’Anhui (est de la Chine). H&M a assuré dans un communiqué qu’il n’avait aucune relation avec cette usine à Anhui, ni avec les opérations de Huafu au Xinjiang.
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Mais le groupe suédois a toutefois concédé qu’il avait une « relation commerciale indirecte avec un moulin » situé à Shangyu dans la province du Zhejiang (sud de la Chine), appartenant à Huafu Fashion.
« Même s’il n’y a aucun signe de travail forcé dans ce moulin de Shangyu, nous avons décidé, en attendant d’avoir plus d’informations sur ces allégations de travail forcé, d’éliminer progressivement cette relation commerciale avec Huafu Fashion Co, indépendamment de la situation et de la spécialité, pour les prochains douze mois », a ajouté le groupe en assurant qu’il allait mener « une enquête dans toutes les fabriques de vêtements avec laquelle [il] travaille en Chine ».
Indignation collective
Des membres de la classe politique ont rapidement félicité la marque pour son geste, notamment l’eurodéputé Raphaël Glucksmann qui s’est exprimé sur Twitter.
Certains pays occidentaux et de nombreuses organisations internationales accusent Pékin de mener des persécutions à grande échelle contre les Ouïghours, et d’avoir arbitrairement interné plus d’un million de musulmans du Xinjiang dans des camps.
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Le gouvernement américain a annoncé lundi qu’il allait bloquer l’importation d’une série de biens originaires de la région chinoise du Xinjiang. A Genève, la haut-commissaire de l’ONU aux Droits humains, Michelle Bachelet, a réclamé plusieurs fois à Pékin un « accès total » au Xinjiang, et demandé aux autorités hongkongaises une « enquête impartiale » sur le comportement des forces de l’ordre.
Les défenseurs des droits humains demandent à l’ONU de durcir le ton.
« Une éducation idéologique approfondie »
Le rapport australien à l’origine des révélations identifie 27 usines dans neuf provinces chinoises qui utilisent de la main-d’œuvre ouïghoure transférée du Xinjiang depuis 2017. Ces usines prétendent faire partie de la chaîne d’approvisionnement de 82 marques mondiales connues comme Zara, Nike, Amazon, Apple, Lacoste, Sony…
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Ils estiment que 80 000 Ouïghours sont en « rééducation », un programme que le gouvernement chinois appelle « formation professionnelle ». Au nom de l’« extrémisme religieux », les personnes employées doivent recevoir « une éducation idéologique approfondie » et leur liberté de mouvement est « limitée ». Une autre étude pointe également une politique de contrôle des naissances extrêmement coercitive avec des stérilisations forcées.
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Les révélations du rapport se basent sur des documents officiels et « open source » en langue chinoise, des analyses d’images satellite, des recherches universitaires et des reportages médiatiques sur le terrain.
V. R.