Rencontre avec Catherine Grenier, commissaire de l'exposition "L'Homme qui marche, une icône de l'art du XXe siècle", d' Alberto Giacometti", à l'Institut Giacometti, à Paris
- Catherine Grenier Directrice, conservatrice générale de la Fondation Giacometti
Mardi-Expo
Tewfik Hakem s'entretient avec Catherine Grenier, commissaire de l'exposition L'Homme qui marche, une icône de l'art du XXe siècle, d'Alberto Giacometti (1901-1966), à voir à l'Institut Giacometti, à Paris (14e), jusqu'au 29 novembre 2020. Pour la première fois, voilà réunies toutes les sculptures grandeur nature de L'Homme qui marche - du premier modèle, en 1932, aux figures célèbres réalisées au terme de la carrière de Giacometti, dans les années 1960.
C'est la première et sans doute la dernière fois que toutes les sculptures de l'Homme qui marche sont réunies dans une même exposition, car ce sont des modèles très rares et qui, parce que très fragiles, ne peuvent voyager.
Publicité
" Le premier Homme qui marche que Giacometti conçoit en 1932 est en réalité une "Femme qui marche", une figure d’inspiration égyptienne, qu'il laissera tomber pour la retrouver après-guerre "
Giacometti adorait se promener au Louvre, se passionnait pour l'art égyptien. Dès les années 30, cette pièce est connue puis oubliée, parce qu'aussitôt, il abandonne cette forme esthétique, rompt avec le mouvement surréaliste avec lequel il s'était lié à cette époque et part dans une autre direction.
Il n'est pas totalement content de sa figure, il a l'impression qu'il s'est éloigné de son objet principal : l'humanité du corps, l’essentiel de l’être humain. C'est un artiste profondément moderne, qui veut accompagner le mouvement de l'art : entre tradition - il va chercher du côté de l'art égyptien - et la réalité ; le modèle en face de lui.
L’artiste ne reprend le motif qu’en 1959, à l’occasion d’une nouvelle commande pour l’espace public. C’est dans ces circonstances qu’il crée les sculptures aujourd’hui considérées comme des icônes de l’art du XXe siècle. Il aura réalisé, en tout, quatre "Homme qui marche" grandeur nature, dont trois fondus en bronze.
Il y a aussi des variations entre L'Homme qui marche et de La Femme qui marche, plus petits. Giacometti a besoins d'humaniser le monde après cette grande guerre mondiale. Il cherche le plus grand dépouillement possible pour aller à l'essentiel. Au fond, L'Homme qui marche est une figure universelle.
"L'Homme qui marche, c'est l'homme seul, debout, en mouvement, malgré tout, et qu'on peut voir dans la rue"
Il y a vraiment quelque chose qui relie l'homme au sol et à la matière ; l'idée d'hommes réels qui peuvent circuler autour et, en même temps sont attachés à leur socle. D'ailleurs, le mouvement même de la marche n'est pas réaliste, on ne peut pas marcher ainsi, mais c'est une synthèse des différentes marches qu'il a pu observer - privilégiant la perception sur la réalité.
Il s'agit de créer sa propre saisie d'un moment. Il le dit lui-même : "Je suis assis à un café et je vois des hommes qui marchent".
Archive
1ere chaîne TV ORTF, extrait "L'art et les hommes" de Jean-Marie Drot - INA 12 nov 1963
Extrait du film Un homme, une femme, de Claude Lelouch (1966) qui rend hommage à Alberto Giacometti, mort cette même année (par la voix de Jean-Louis Trintignant).
L'équipe
- Production
- Réalisation
- Collaboration