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Interdiction du sapin de Noël: «Le maire de Bordeaux traite de “facho” quiconque s’oppose à lui»

Pierre Hurmic. MEHDI FEDOUACH/AFP

FIGAROVOX/ENTRETIEN - Alors qu’une pétition avait recueilli 12.000 signatures pour réclamer le maintien du sapin de Noël place Pey-Berland pour les fêtes de fin d’année, le maire de Bordeaux refuse la consultation citoyenne. Plutôt que de se confronter au débat d’idées, il préfère coller l’étiquette de «facho» à ses adversaires, analyse David Desgouilles.

David Desgouilles est chroniqueur à Marianne. Il a publié Dérapage (éd. du Rocher, 2017) et Leurs guerres perdues, (éd. du Rocher, 2019).


FIGAROVOX.- Le maire de Bordeaux Pierre Hurmic a annoncé qu’il ne souhaitait pas demander l’avis des Bordelais, refusant de lancer une consultation sur la question de l’installation d’un sapin de Noël sur la place Pey Berlan au moment des fêtes de fin d’année. Et l’élu écologiste d’ajouter «l’opinion des fachos je m’assieds dessus». Quel est le sens de ce mot utilisé aujourd’hui à tort ou à travers? Doit-on comprendre qu’être attaché aux traditions c’est être «facho»?

Pierre Hurmic relevait que la pétition de 12.000 personnes pour l’installation d’un sapin de Noël sur ladite place bordelaise rassemblait des signatures venant de toute la France. Et il fustigeait en effet «la fachosphère» qui s’était mobilisée à l’occasion, citant cette phrase: «Autant l’opinion des Bordelais m’intéresse beaucoup, autant l’opinion des fachos de Lille, de Strasbourg et de Marseille, je m’assieds dessus».

Deux problèmes se posent donc ici.

Celui que vous relevez à juste titre: refuser son discours sur «l’installation d’un arbre mort» sur la place Pey Berland ne serait l’apanage que de «fachos», alors qu’il a choqué, surpris, consterné y compris jusque parmi les écologistes et des personnalités de gauche. Il lance cette accusation parce que ses adversaires invoquent des «traditions». À ce compte-là, il y a en effet beaucoup de «fachos» en France, dans le présent comme dans le passé. Souvenons-nous du mot de Charles Péguy: «Seule la tradition est révolutionnaire».

Le second problème, c’est la contradiction qui suit. M. Hurmic dit que seule l’opinion des Bordelais l’intéresse beaucoup mais il refuse la consultation citoyenne. S’il pense être soutenu par ses administrés dont il exhibe l’intérêt pour leur opinion, pourquoi s’y refuse-t-il? «La trouille, peut-être», lui répondrait un personnage d’un célèbre film tourné à Val d’Isère.

Est-ce que l’élu d’une ville aussi prestigieuse que Bordeaux peut se permettre de communiquer ainsi?

Aucun édile ne devrait parler de ses concitoyens ainsi, qu’il dirige Bordeaux ou Mérona, commune d’une dizaine d’âmes dans le Jura. Ce mot traduit certes une mauvaise humeur causée par le sentiment du maire de Bordeaux d’être dans la lessiveuse depuis qu’il a lui-même lancé la polémique sur «l’arbre mort». Mais il traduit aussi un certain état d’esprit ancré dans ce qu’on appelle «la gauche culturelle»: la certitude d’être doté, grâce à ses opinions qu’on juge soi-même «progressistes», d’une certaine supériorité morale.

Le « facho », c’est non seulement le RN, Fdesouche, ou Valeurs actuelles, mais c’est aussi Gérald Darmanin ou Manuel Valls. Même au sein d’EELV !

Pourquoi utiliser ce terme très connoté de «facho»? Est-ce une manière d’échapper au débat?

Pour les tenants de cette gauche culturelle dont les nouveaux maires écologistes font désormais figure d’avant-garde, la supériorité morale à laquelle je faisais allusion se trouve automatiquement couplée avec un immense sectarisme. À partir de là, le «facho», c’est non seulement le RN, Fdesouche, ou Valeurs actuelles, mais c’est aussi Gérald Darmanin ou Manuel Valls. Même au sein d’EELV! Observons la manière dont José Bové a été traité lorsqu’il a simplement expliqué pourquoi son écologisme le poussait à s’opposer à la procréation médicale assistée. Traiter de «facho» celui qui s’oppose à vous, ce n’est pas nouveau. M. Hurmic est moins moderne que son collègue lyonnais qui a collé au Tour de France deux étiquettes tout aussi infamantes mais davantage dans l’air du temps: «machiste et polluant».

Coller de telles étiquettes au nom d’une supériorité morale s’avère, en effet, bien commode pour échapper aux débats sur le fond. Pour autant, s’agit-il d’une tactique consistant à rallier son bloc d’électeurs «progressistes» qui lui a permis d’accéder à la mairie de Bordeaux dans un contexte d’abstention massive? Franchement, je ne le pense pas. Ce serait sombrer dans la théorie du complot. Et comme le disait Michel Rocard, un socialiste qui ne pratiquait pas le sectarisme: «Toujours privilégier l’hypothèse de la connerie à celle du complot. Le complot exige un esprit rare».


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421 commentaires
  • FRANCOISE GIOANNI

    le

    Laid bête et méchant

  • colargol95

    le

    Celui là il en tient une sacré couche et il décrédibilise complètement les écolos en plus d'être sectaire envers ceux qui ne pensent pas comme lui... Il va interdire les couverts fabriqués avec du bois mort et demander de revenir aux couverts en plastique ? Comment les Bordelais ont-ils pu élire ce type ?

  • Macheprot

    le

    Qui est contre moi est un "facho"..... c'est bien là.... un discours d'extêmiste de gauche repeint en vert.

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