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Angola : Isabel dos Santos dans le viseur des autorités judiciaires néerlandaises

La fille aînée de l’ancien président angolais est soupçonnée d’avoir détourné, avec son mari Sindika Dokolo, des dizaines de millions d’euros d’argent public.

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Publié le 17 septembre 2020 à 18h30

Temps de Lecture 3 min.

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Isabel dos Santos, fille aînée de l’ancien président angolais et considérée comme la femme la plus riche d’Afrique, à Londres, le 9 janvier 2020.

C’est un nouveau revers judiciaire pour la milliardaire angolaise Isabel dos Santos. La Chambre des entreprises de la cour d’appel d’Amsterdam a décidé, jeudi 17 septembre, de geler les actifs d’une société établie aux Pays-Bas contrôlée par son époux et partenaire d’affaires, Sindika Dokolo. Exem Energy BV avait été utilisée par le couple pour acquérir des parts significatives du capital du groupe d’hydrocarbures portugais Galp à travers des montages financiers tortueux.

A 47 ans, la fille aînée de l’ancien président angolais, José Eduardo dos Santos, est aujourd’hui soupçonnée d’avoir, avec M. Dokolo, détourné des dizaines de millions d’euros d’argent public. Des enquêtes ont été ouvertes en Angola – où elle ne s’est pas rendue depuis bientôt trois ans, refusant de coopérer avec la justice – et au Portugal où ses avoirs ont également été bloqués. Avec son mari, elle se retrouve désormais aussi dans le viseur des autorités judiciaires néerlandaises qui ont ouvert une enquête pénale pour de présumés détournements de fonds publics.

Face à elle, il y a l’Etat angolais et plus précisément la société pétrolière nationale, Sonangol, poumon de l’économie du pays, deuxième producteur d’or noir d’Afrique subsaharienne, et caisse noire du régime dos Santos (1979-2017). Avant de diriger ce mastodonte public (de juin 2016 à novembre 2017), Isabel dos Santos s’en est servie pour constituer des joint-ventures et ainsi bénéficier d’argent public, comme l’ont révélé en janvier des documents contenus dans les « Luanda Leaks », du nom de l’enquête coordonnée par le Consortium international de journalistes d’investigation (ICIJ) à laquelle Le Monde a participé.

Un accaparement de dividendes

Sonangol est devenue en 2006 l’un des partenaires du couple dans une société, Esperaza Holding BV, créée à Amsterdam un an plus tôt pour opérer une prise de participation dans le géant pétrolier portugais Galp. En décembre de cette même année, Sonangol vend étonnamment 40 % des parts d’Esperaza à Exem pour un montant fixé à 75 millions d’euros, dont 11 payables à la signature. Le reste étant converti en un prêt financé par la société publique angolaise.

Une belle affaire pour Sindika Dokolo et Exem dont la participation dans Esperaza et Galp est aujourd’hui estimée à 465 millions d’euros. De son côté, Sonangol dit n’avoir toujours pas perçu l’argent que lui doit Exem et reproche un accaparement de dividendes générés par la participation dans Galp.

Avant la parution des « Luanda Leaks », Sindika Dokolo assurait, par le biais de ses avocats, avoir « intégralement » remboursé le prêt, « intérêts compris », en octobre 2017, non pas en euros mais en kwanza, la monnaie angolaise. L’homme d’affaires argue d’un « accord écrit et validé par le PDG de Sonangol » qui n’était autre que son épouse, Isabel dos Santos. Elle sera limogée le mois suivant pour sa gestion douteuse et très contestée.

Pour son successeur, l’accord en question n’a pas de valeur juridique d’autant qu’il fut signé dans le contexte très fin de règne du clan dos Santos particulièrement ciblé par la lutte anticorruption entamée par le président Joao Lourenço dès son arrivée au pouvoir en septembre 2017.

Placement sous séquestre d’actions

Sonangol exige aujourd’hui encore le paiement en euros. Sindika Dokolo et Isabel dos Santos ont entamé plusieurs procédures arbitrales à Amsterdam contre Sonangol, dont certaines sont toujours en cours. Une occasion pour Sonangol de tourner à son avantage ces mécanismes d’arbitrage et de démontrer « l’illégalité de la transaction en kwanza ».

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Pour l’un des avocats de la société pétrolière nationale angolaise, MEmmanuel Gaillard, « il s’agit de réclamer la restitution des 40 % des parts d’Exem dans Esperaza et de faire valoir que c’est bel et bien un détournement de fonds publics », explique-t-il au Monde. « Il s’agit d’un vrai test de la capacité de la justice arbitrale à faire respecter l’ordre public international », ajoute-t-il.

Dans le cadre de la procédure pénale visant Isabel dos Santos et Sindika Dokolo, les parts d’Esperaza détenues par Exem ont d’abord été saisies le 26 août. La cour d’appel d’Amsterdam vient de décider le placement sous séquestre de ces actions transférées à « un directeur qu’elle désignera ». La justice néerlandaise a également décidé de nommer un administrateur pour remplacer le Portugais Mario da Silva, conseiller financier et prête-nom du couple, qui représentait Exem au conseil d’administration d’Esperaza.

« Dans la décision de la Chambre des entreprises [de la cour d’appel d’Amsterdam], aucun acte repréhensible commis par Exem, Mario da Silva ou Sindika Dokolo n’a été constaté, indique au Monde un porte-parole d’Exem. Cette décision nous donne la possibilité de présenter les faits, tout en permettant à l’entreprise de continuer à fonctionner normalement. » Contactés, Isabel dos Santos et Sindika Dokolo n’ont pas souhaité réagir.

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