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Thomas Chatterton Williams, Glenn Loury, Coleman Hughes… Les anticonformistes de l’antiracisme

Dans une lettre ouverte publiée cet été, des personnalités dénonçaient la « cancel culture » à l’œuvre aux Etats-Unis dans le sillage du mouvement Black Lives Matter.

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Publié le 18 septembre 2020 à 01h57, modifié le 20 septembre 2020 à 08h39

Temps de Lecture 12 min.

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L’écrivain Thomas Chatterton Williams, à Paris, le 4 septembre.

Un chemin côtier, des criques sauvages, les volets bleu-gris d’Ars-en-Ré (Charente-Maritime) : sa page Instagram pourrait laisser croire que Thomas Chatterton Williams a passé un été de rêve. Ses abonnés sur Twitter – 71 000, deux fois plus qu’en juin – savent pourtant que les vacances de l’écrivain et journaliste américain ont été mouvementées. Tandis que la France, son pays de résidence, reprenait le pli de la vie normale, les Etats-Unis vivaient le grand retour de la question raciale, embrasés par la mort d’un homme noir sous le genou d’un policier blanc.

Porte-parole de la « lettre sur la justice et le débat public » publiée dans Harper’s Magazine (traduite et publiée par Le Monde le 9 juillet), signée par 150 penseurs et artistes de renom dont Margaret Atwood, Noam Chomsky, J.K. Rowling, Salman Rushdie ou Kamel Daoud, l’écrivain s’est jeté dans la bataille corps et âme, avec le renfort occasionnel d’une intelligentsia noire iconoclaste qui monte en puissance, unie dans le rejet d’un certain antiracisme qu’elle tient pour une religion.

Ils s’appellent Glenn Loury, 72 ans, professeur d’économie à l’université Brown ; John McWhorter, 54 ans, professeur de linguistique à l’université Columbia ; Coleman Hughes, 24 ans, essayiste et animateur de podcast ; et donc Thomas Chatterton Williams, 39 ans, auteur notamment d’un essai autobiographique sur l’identité à paraître en France sous le titre Autoportrait en noir et blanc (Grasset). « Quatre intellectuels noirs sans maison », écrit-il début juillet quand on évoque l’idée d’un portrait de groupe.

Une forme de punition

Par chance, on le coince le 19 août, entre deux trains, l’un en provenance de Bretagne et l’autre à destination de la Provence, pour faire le point sur cet été « vraiment fou » à la terrasse d’un café parisien. Chic en veste bleue d’ouvrier et lunettes de myope à montures dorées, il a déjà pris deux expressos, commande un verre de chablis puis un autre. Il se trouvait avec sa famille dans un manoir des Côtes-d’Armor au Wi-Fi défaillant au moment de la parution de la lettre dans Harper’s Magazine, le 7 juillet. Soudain, la BBC appelle. L’Allemagne, l’Espagne, le Chili appellent.

« On espérait faire un peu de buzz pendant quarante-huit heures, et cela a duré un bon mois, quatre ou cinq interviews par jour, ce qui montre que nous avons mis le doigt sur une chose qui n’est pas un épouvantail ni un faux débat, mais un vrai problème qui concerne plein de gens. » Cette chose, ce problème, c’est la cancel culture, une « intolérance pour les opinions contraires » – dixit la lettre – qui se manifeste le plus souvent par un opprobre assorti d’une forme de punition. « La nouveauté consiste à se servir des réseaux sociaux pour attiser une foule indignée qui cible l’employeur de la personne et la stigmatise afin qu’elle ne puisse pas être employée ailleurs, la privant fondamentalement de sa capacité de travailler », explique-t-il.

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